Le blues des attachés de presse

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Culture RP a  sélectionné un article pour vous : Le blues des attachés de presse par Florent BONNEFOI.

Trop d’évènements culturels, plus assez de place dans les médias…

Les services de presse font grise mine.
Avec plus de 1200 spectacles au programme du Off, difficile, pour les attachés de presse, de capter l’attention des rédactions.

À Avignon, l’inflation du Off a fait une victime collatérale : l’attaché de presse. À l’instar du festival, les événements culturels se multiplient. Mais l’espace alloué à la culture dans les médias nationaux tendrait, lui, à se réduire. Un déséquilibre entre offre et demande que dénoncent, plus que jamais, les spécialistes des relations presse, ces professionnels de l’entremise chargés de faire la traque des médias pour qu’ils écoutent leur argumentaire sur les spectacles à voir.

Trouver le « truc » pour séduire les journalistes

Pour se distinguer de l’actualité ambiante et pléthorique et ainsi capter l’attention de rédactions sur-sollicitées, l’attaché de presse déploie un art subtil. « Un bon attaché de presse, c’est quelqu’un qui est chaleureux, qui s’adresse aux bonnes personnes, n’appelle pas à l’heure du bouclage et envoie un dossier de presse avec les infos essentielles, et pas un pavé de 60 pages constellé d’enluminures », résume Dominique Poncet, journaliste à France 3, laissant entendre que l’oiseau est plutôt rare.

« On cherche la faille. Il y en a toujours une… », sourit Pierrette Chastel, qui assure les relations presse de l’Opéra de Paris depuis plus de 20 ans. Il faut connaître son interlocuteur, savoir ce qui est susceptible de le toucher. Par exemple, avec France 3, en région, j’ai des sujets parce que je sais que le rédacteur en chef de l’Ouest aime l’opéra. Il y a des circuits d’affinités. »

Et d’énumérer quelques « trucs » pour séduire les journalistes. « Par exemple, il faut toujours qu’il y ait un chiffre dans le dossier de presse. La 50e de quelque chose, la grande première d’une autre… », confie la communicante. « Si on n’a pas de comédien connu pour une pièce mais que l’affiche est réalisée par un illustrateur de renom, comme Boulet, ça peut suffire », poursuit François Vila, ancien journaliste devenu attaché de presse indépendant.

« Les médias préfèrent les valeurs sûres »

À Paris, tous reconnaissent qu’il y a « un embouteillage, avec des sujets qui sortent un mois plus tard. Quand ils sortent ». Mais à Avignon, le Festival ne fait pas exception. « Prenez un journal national, ce matin . On ne parle pas tant que ça d’Avignon, constate François Vila. Avant, pour le Festival, chaque titre envoyait plusieurs journalistes. Aujourd’hui, ils en envoient un seul. Et encore, il n’a pas assez de place. »

« Il y a 35 ans, je pouvais faire la une d’un journal avec un illustre inconnu, poursuit Arlette Lang, fondatrice du Syndicat professionnel des attachés de presse du spectacle vivant. Aujourd’hui, il y a plein de barrages formels. Si ce n’est pas une star, si la salle n’est pas assez grande, si le metteur en scène n’est pas assez connu, on n’obtient rien. Les médias ne prennent pas de risque, ils se tournent systématiquement vers les valeurs sûres. »

Mais les attachés de presse qui vident leur sac ne sont guère plus tendres avec leur paroisse. Tandis qu’un jeune homme lui demande conseil, en marge d’une table ronde sur l’avenir de la profession, Arlette Lang martèle : « Ce métier s’apprend sur le tas ! ». Elle-même fut kiné, avant de tomber « par hasard » dans les relations presse. « Dans le métier, c’est un monument », glisse l’un de ses confrères. « Mais j’ai beau recevoir des demandes de stage à la pelle, je ne trouve personne. Ils sortent de la fac et ne connaissent même pas Armelle Héliot ! », s’étrangle Arlette Lang, « Les écoles, ça ne sert à rien,à la rigueur, il faudrait faire une école de commerce ! », conclut Pierrette Chastel, avant de nous tendre un dossier de presse, « Puisque vous êtes là… ».

Florent BONNEFOI
[email protected]
Image: ©Florent BONNEFOI
Source:
http://www.laprovence.com/article/edition-avignon-grand-avignon/2447170/le-blues-des-attaches-de-presse.html
Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

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