À l’ère du développement des réseaux sociaux, du partage immédiat de l’information à grande échelle et de la communication virtuelle, l’image de marque d’une personnalité (qu’elle soit physique ou morale) dépend largement de la façon dont son positionnement stratégique est perçu par l’ensemble des internautes.
Qu’on soit un professionnel ou un particulier s’érigeant en tant qu’acteur du monde virtuel, l’impact des opinions extérieures à notre sujet est décisif en matière de légitimité. Tant et si bien que l’E-réputation est devenue un paramètre primordial dans la pérennisation d’une certaine crédibilité sur un marché (ou niche) défini.
La tendance des recruteurs à scruter les contenus en ligne pouvant concerner les candidats à l’obtention d’un poste dans leurs entreprises tend même à élargir ce phénomène aux particuliers, qui eux aussi risquent aujourd’hui d’écorner leur stature à travers un manque de contrôle de leur image publique.
L’E-réputation est un domaine complexe, composé de paramètres et d’informations maîtrisés d’une part, et non maîtrisés d’autre part. Le tout influençant grandement notre image et notre fenêtre d’opportunités, il convient de se pencher sur les moyens à notre disposition pour effectivement rester en contrôle d’un positionnement qui peut déraper à tout moment.
Conserver un certain degré de pertinence et se présenter sous son meilleur jour ne sont plus chose facile, et c’est justement ce que nous allons aborder dans cette réflexion, qui pourrait bien faire changer vos habitudes et vos comportements en ligne.
Comment construit-on son E-réputation de manière personnelle ?
Si nous partons de l’hypothèse que vous pouvez, de manière personnelle, améliorer votre E-réputation et vous forger une image positive capable de convaincre des recruteurs ou de potentiels clients de votre aptitude à remplir le rôle que vous vous attribuez, nous lançons bien évidemment notre raisonnement sur les éléments maîtrisables du phénomène.
En effet, toutes vos sorties virtuelles, des commentaires laissés sur différents forums à la rédaction de vos profils sur les réseaux sociaux (personnels ou professionnels) en passant par la création d’un blog, concourent à la formation d’une image de marque générale de votre personnalité.
Il découle alors du bon sens de dire que vos partages et autres interventions doivent être soignés pour éviter de vous retrouver au milieu d’une tempête médiatique (personne ne veut affronter un lynchage populaire comme celui subi récemment par Justine Sacco pour son intervention jugée raciste sur Twitter).
Et ce ne sont pas les chiffres de certaines enquêtes officielles, prônant que plus de 77% des recruteurs lancent des requêtes sur les moteurs de recherche à partir des noms et prénoms de leurs candidats qui minimiseront cette nécessité.
Ce qu’il vous faut savoir, c’est que dans n’importe quel cas pouvant vous amener à entrer dans la lumière (promotion, développement d’un encart commençant à prendre de l’importance en ligne, voire même mariage, divorce ou simple suspicion de comportement déviant…), vous pourriez être amené à être scruté par vos congénères à la recherche de la moindre faille pour vous discréditer (ou le cas échant, s’assurer de la blancheur de votre aura).
Renforcez l’impact des éléments maîtrisés sur votre employabilité !
Votre première nécessité en termes d’E-réputation, c’est donc de faire preuve de vigilance, de discrétion et de maîtrise. Profils professionnels, sites personnels, portfolios, CV en ligne, interviews en ligne (pour les blogueurs ou personnes cherchant à atteindre le statut d’expert), devront être le centre de toute votre attention et clairement séparés de votre vie privée.
N’oubliez jamais que vos interventions laissent des traces et qu’Internet finit par être une vitrine de votre personnalité, de vos tendances et par conséquent, de la confiance que l’on peut vous accorder.
Pour faire bonne impression aux recruteurs (ou clients potentiels), il existe de nombreux moyens concrets d’améliorer votre E-réputation. Soyez par exemple du genre à être actif sur les réseaux professionnels comme Viadeo ou Linked-in en multipliant les ajouts de contacts qualitatifs et en participant à des groupes de réflexion dans les secteurs relevant de votre domaine de compétence.
N’hésitez pas à donner votre avis sur des publications professionnelles, à condition que ce dernier soit pertinent, respectueux et apporte une valeur ajoutée au débat ainsi soulevé. En outre, vous pouvez aussi très bien demander directement un droit de tribune à des sites spécialisés, en vous proposant d’y rédiger un billet, afin de partager votre point de vue sur l’actualité.
Attention alors à ne pas faire dans le borderline. Sans parler de démagogie, je vous conseillerais malgré tout de ne pas prendre trop de risques en multipliant les dénonciations ou autres arguments pouvant s’apparenter à de la provocation ou des attaques, fussent-elles justifiées.
Les éléments maîtrisés de votre E-réputation sont en réalité un subtil mélange entre une mise en retrait permettant de limiter les avis négatifs, un cloisonnement de votre vie privée (en évitant les statuts « publics » et les partages pouvant écorner votre légitimité) et une prise de parole volontaire démontrant l’étendue de vos talents de communicant, le tout dépendant de votre degré d’expertise, de vos qualités « d’orateur » et de votre propre intérêt.
Un jeu à double tranchant, mais qui peut vous permettre un jour de décrocher l’emploi de vos rêves ou de voir vos ventes en ligne exploser.
Quand l’E-réputation devient une tare plus qu’un atout : attention aux éléments non maîtrisés.
Les internautes, de par leur tendance à donner leur avis sur des produits, des pratiques, des personnalités ou des faits de société peuvent influencer une image de marque, aussi bien personnelle que professionnelle.
Individus et entreprises peuvent être victimes de comportements externes (justifiés ou non, là n’est pas la question) visant à ébranler leur crédibilité voire, n’ayons pas peur des mots, à nuire de manière concrète.
Que vous ayez tenu des propos contestables, diffusé des images choquantes, proposé une production défaillante ou adopté un comportement jugé inopportun par la masse, le résultat est bien souvent violent : le monde entier peut sembler vous en vouloir et vous prendre pour cible.
Après tout, c’est bien connu, nous aimons les histoires croustillantes et la critique, nous permettant de cibler un ennemi « légitime », nous rassurant ainsi sur nos propres valeurs et nous autorisant à nous ranger du côté des défenseurs du bon droit (on regarde souvent la paille dans l’œil du voisin, c’est un réflexe quasi naturel).
Les proportions que peuvent prendre une erreur de communication sont inimaginables et comme précisé, incontrôlables.
Du licenciement (en cas de prises de position contraires à la politique de votre entreprise) aux plaintes pour diverses raisons (diffamation, incitation à la violence…) en passant par un lynchage médiatique, de simples diffusions de fausses rumeurs ou encore des menaces concrètes, personne n’est à l’abri de représailles émanant d’internautes en colère.
Un bad buzz comme on l’appelle vulgairement peut s’apaiser avec le temps, mais les traces resteront figées sur le Net, tant et si bien que les séquelles laissées par les médias ou les utilisateurs vous ayant traîné dans la boue seront difficilement effaçables.
Autant le tenir pour su : en France, plus de 70% des internautes donnent leur avis (surtout quand ce dernier est négatif), 35% des internautes consacrent entre 10 et 30 minutes à lire ces mêmes avis sur un sujet ou une personne en particulier et « l’effet domino » est exprimé par un ratio qui peut faire peur : un utilisateur mécontent en préviendra en moyenne 11 autres, quand une personne partageant une expérience positive n’en touchera que 3.
De quoi comprendre l’importance de soigner son E-réputation !
Comment faire pour limiter les effets d’une mauvaise E-réputation ?
Une phrase de trop, un statut Facebook ou Twitter malencontreux ou un article perçu comme insultant ou détourné de son fondement véritable et c’est la catastrophe. Votre entreprise est la cible d’une colère générale, votre nom est diffusé comme celui d’un pestiféré et votre réputation est quasiment détruite…
Existe-t-il des recours ? Peut-on inverser la tendance ? Oui, même si cela peut être long et compliqué. Petit tour d’horizon des méthodes à votre disposition pour vous sortir de cette mauvaise passe :
Le recours en justice : S’il n’existe pas encore de loi spécifique à l’E-réputation en elle-même, certains textes peuvent vous permettre de faire prévaloir vos intérêts et d’obtenir la suppression pure et simple des contenus diffamatoires à votre encontre.
La loi du 29 juillet 1881 relative à la diffamation et à l’injure, l’article 40 de la loi du 6 janvier 1978 posant le principe du droit à l’oubli font par exemple partie des documentations pouvant être mentionnées devant la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) chargée des procédures de ce type.
À titre plus large, on pourra aussi mentionner les articles du Code Pénal (226-1 et 223-13) relatifs à l’atteinte de la vie privée et la diffusion de photos ou de paroles privées sans consentement du tiers concerné. Une fois la procédure terminée, vous pourrez utiliser le formulaire mis à disposition par Google pour supprimer la page des résultats.
La négociation à l’amiable : la méthode dite du « curring » consiste à joindre directement la ou les personnes responsables du déversement des informations nuisibles à votre E-réputation afin de trouver un terrain d’entente.
Si un accord ne semble pas possible, il vous reste toujours la possibilité de remplir un formulaire mis à disposition par Google, spécifiquement à cet effet. Le moteur de recherche évaluera ensuite l’ampleur de la diffamation et pourra impacter de manière négative le référencement du site vous portant préjudice.
La multiplication des contenus sur le Net : sans doute l’un des moyens les plus simples et les plus accessibles pour faire « disparaître » les contenus néfastes vous concernant, la technique du « flooding » consiste en un effort personnel pour noyer les informations indésirables.
Pour cela, vous devrez vous-même produire massivement du contenu, afin que votre référencement prenne le pas sur celui de vos détracteurs. Bien évidemment, il vous faudra une plateforme telle qu’un blog pour vous exprimer et regrouper vos nouvelles productions.
Le recours à des nettoyeurs du Net : il n’est évidemment pas ici question de nuire à l’intégrité physique de qui que ce soit. Les « nettoyeurs » sont des professionnels chargés de redorer votre blason, que vous fassiez appel à eux en tant que particulier ou que professionnel.
À l’image des référenceurs, ils se chargeront de recrédibiliser vos interventions soit en négociant directement avec les administrateurs des sites diffusant le contenu vous étant préjudiciable (après avoir mené l’enquête pour les identifier), soit en travaillant à l’amélioration du référencement de contenus positifs. Le tout s’effectue en collaboration étroite avec des avocats et des huissiers de justice, ce qui permet de donner plus de poids à leurs démarches.
Dans les faits, les nettoyeurs du net utilisent toutes les méthodes précitées, usant de leur influence, de leur expertise et de leurs réseaux de connaissances pour obtenir des résultats rapides et sûrs, avec un objectif simple : vous assurer une première page de résultats uniquement positifs lorsque des requêtes comportant votre nom, prénom ou la dénomination de votre entreprise sont lancées sur les différents moteurs de recherche.
L’E-réputation est un sujet vaste et complexe. Impossible d’ailleurs de le traiter dans son entièreté dans ce seul article. Ce qu’il vous faut retenir, c’est que son importance croît à mesure que les contenus en ligne s’imposent comme des sources informationnelles. Autant le dire, elle s’érige donc comme un élément incontournable, décisif dans la mise en exergue d’un positionnement stratégique efficace.
Outil permettant de favoriser votre employabilité, votre légitimité et votre professionnalisme, l’E-réputation est aujourd’hui plus que jamais au cœur des problématiques communicationnelles.
Une preuve que le développement des réseaux sociaux, forums et autres médias virtuels présente aussi un revers à la médaille. Mais au moins maintenant, vous savez à quoi vous en tenir !
Alexandre Chombeau de l’Agence CSV