Comprendre le phénomène « Agent de Blogueuse »

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Pauline Savary a publié un article en Juillet que nous souhaitons mettre en avant sur le blog Culture RP: Comprendre le phénomène « Agent de Blogueuse ».

Pauline Savary pour Culture RP

Je me souviens encore du jour où l’univers des Relations Presse a accueilli la Blogosphère avec un mélange de crainte et d’enthousiasme. D’un côté, nous craignions que les blogueurs ne soient pas assez « pro » ou « experts » pour pouvoir réellement impacter positivement la communication des marques. De l’autre, nous reconnaissions le fort potentiel de ce nouveau vecteur de communication.

Tout reposait sur la manière dont nous communiquerions avec ces blogueurs et de leur capacité à rebondir avec efficacité et talent. Depuis, les blogueurs ne sont plus ces êtres associés au commun des mortels devant qui les marques et les RP pouvaient agiter une carotte. Aujourd’hui, le blogging est plus qu’une passion; c’est un second métier! Pour certains priviligiés, c’est même leur seul métier.

Les blogueurs ont compris très vite qu’en devenant un vecteur de communication efficace, réactif et flexible, ils seraient en mesure de proposer aux marques un service premium que les médias, soumis à la pression des annonceurs et à une ligne éditoriale, ne peuvent pas offrir à n’importe qui n’importe quand. En effet, rien de mieux pour les marques que de la visibilité online, là où la majorité des consommateurs vont chercher leurs informations et dont plus de 30% achètent, et un feedback marketing gratuit. Là, sous vos yeux, vous avez votre cible qui non seulement ne jure que par votre dernière robe en cuir pour cet hiver mais incite ses lectrices à suivre la tendance.

Quelle incentive! Une communication simplifiée, originale et « honnête » directement auprès des consommatrices.

Il n’est pas surprenant que les influents aient décidé de monétiser leur visibilité et d’intégrer de la publicité et des billets sponsorisés sur leur blog. Les encarts publicitaires habillent le blog et se fondent dans le template avec harmonie si celui-ci est de qualité. Les billets sponsorisés n’ont pas besoin de compromettre l’intégrité du blogueur si ce dernier met en avant des produits dans lesquels il croit réellement. Bien entendu, il est difficile de contrôler cela mais à notre niveau, nous – les RP – avons la même problématique lorsque nous prenons en charge un nouveau client. La première question que chacun de nous doit se poser est : est-ce que je crois en cette marque et son produit? Dès lors, notre enthousiasme transpira dans notre discours et cette collaboration se ressentira comme une évidence. Autrement, personne ne sera dupe.

Une fois qu’un blog influent a réussi cette transition et remporte du succès… qu’advient-il? C’est ici que la blogosphère subit une troisième évolution. Les blogs sont devenus des sites professionnels d’information. Pour gérer une telle entreprise, une personne n’est plus assez. Il faudrait presque une équipe! C’est ainsi qu’une vague de blogueuses Mode & Beauté ont décidé de faire appel à des « agents ».

Qu’il s’agisse de régie publicitaire ayant développé son activité pour intégrer ce nouveau métier ou d’agent indépendant, ils représentent les blogueur-ses auprès des marques et des RP pour démarcher ou traiter les demandes de partenariats. Leur rôle: décharger les blogueurs de cette responsabilité (pour laquelle les blogueurs ne sont pas forcément qualifiés) afin que ces derniers se concentrent sur leur contenu et défendre les intérêts de leurs clients afin de leur décrocher les meilleurs deals.

Pour mieux comprendre ce phénomène, j’ai fait appel à trois blogueuses qui se sont entretenues avec moi sur les raisons qui les ont motivés à faire confiance à un agent, les avantages et les inconvénients et l’impact que ce changement a eu sur leurs relations avec les marques. Merci à Kenza, Capucine et Slanelle pour leur participation.

A la question « Quelles raisons t’ont motivé à engager un agent?« , Kenza répond: « Le manque de temps à traiter toutes les demandes et mon manque de connaissance lié au droit à l’image dans le digital. Surtout, je préfère me consacrer à la création de mon contenu.« 

De son côté, Capucine précise: « Je n’ai pas engagé d’agent. J’ai signé un contrat avec une régie publicitaire qui a des velléités à me représenter vis-à-vis des marques qui souhaitent collaborer avec Babillages. L’agence qui me représente est une agence spécialisée dans le digital, le luxe et la commercialisation d’espaces Web. Car mon blog est un support média. Je ne suis pas artiste donc je n’ai pas d’agent au sens propre du terme. En 7 ans de blogging, j’ai collaboré avec différentes régies publicitaires. Le marché évolue et j’ai du m’adapter. C’est dans ce sens que l’agence avec laquelle je travaille représente désormais mes intérêts; chose qui n’existait pas avant.« 

Quant à Slanelle: « J’ai changé de régie parce qu’elle ne me proposait que des encarts publicitaires tandis que la dernière avec laquelle je travaillais m’a proposé des opérations très sympas où il existait une véritable intéraction entre la marque et les blogueurs. Cela m’a plu car je n’aurais probablement pas eu l’opportunité d’y participer sans son intermédiaire.« 

Toutes ont ressenti le besoin de déléguer l’aspect commercial à leur agent afin de pouvoir se dédier à leur blog. De même, être en mesure de compter sur un professionnel pour les partenariats leur assure une bonne représentation, leur garantit que leurs intérêts sont une priorité et leur offre une chance de participer à des opérations exclusives dans les meilleurs conditions.

Les avantages sont donc nombreux. Kenza confie: « Tout d’abord, on gagne en crédibilité auprès des annonceurs. De même, il est plus agréable d’avoir quelqu’un pour gérer l’aspect financier; chose qui n’est facile à négocier soi-même. Mes lecteurs sont ma priorité. Ainsi, j’ai le temps de me consacrer à mes photos et mes articles.« 

Capucine élabore sur le sujet en ajoutant: « J’économise effectivement beaucoup de temps en ayant une agence qui me représente. Je n’ai plus à négocier! Je me vois mal essayer de vendre mon blog à grand renfort d’arguments et de superlatifs élogieux. Ce ne serait pas objectif! Je préfère me consacrer à ce que j’aime: la création de contenu et les RP. Mon agent sait défendre mes intérêts et s’occupe de toute la partie juridique des contrats de droit à l’image. C’est très confortable comme relation. Un autre avantage et pas des moindres… Cela m’a appris à mesurer la valeur de mon blog. On demande aujourd’hui de plus en plus aux blogueuses. On est à la fois mannequin, rédactrice, photographe, community manager de notre propre marque. Forcément, il faut accepter de ne pas tout pouvoir faire! Cela me convient parfaitement de déléguer l’aspect commercial. Ainsi, j’ai moins l’impression de travailler.« 

En revanche, il existe également des inconvénients. Slanelle a décidé de quitter son agent pour ne pas perdre de vue les raisons qui la poussent à bloguer. Son ambition n’est pas de commercialiser son blog ni de subir la pression qu’un engagement de ce type peut lui imposer. « Je veux que mon blog soit un espace sans aucune contrainte! ».

En ce qui concerne Kenza, elle ne voit pas d’inconvénient à posséder un agent. « Les tâches sont bien réparties et quand bien même, l’agent prend une commission, nous n’aurions pas forcément perçu la même rémunération  pour la rédaction d’un billet sponsorisé si nous avions eu à le négocier nous-même. C’est un vrai métier! ».

Capucine dit: « Dès qu’on a fait le choix de collaborer avec un agent, on accepte de le rémunérer via une commission sur les contrats qu’il nous apporte. Ca fait partie du jeu et je l’accepte. C’est un deal gagnant-gagnant. Le seul véritable inconvénient survient lorsqu’un agent travaille avec beaucoup de blogueurs. Indirectement, ils se retrouvent en compétition. Il faut donc veiller à ce que l’agent consacre du temps à tout le monde. Personnellement, j’ai la chance de travailler beaucoup grâce à mon agent. Cependant, je crains que les agents de blogueurs rendent le travail des RP difficile dans le sens où ils dealent principalement avec les services Marketing et/ou Digital des marques. Selon moi, il est vital de continuer à faire mon job de blogueuse en échangeant avec les Attaché(e)s de Presse pour être bien informée et en achetant mes produits. Ma hantise serait que l’on me pousse à créer un blog 100% sponsorisé! Je veille constamment à ne pas accepter tout et n’importe quoi. 90% de mes posts viennent de moi. Il faut trouver un équilibre en pensant constamment au lecteur qui nous fait confiance. »

Quand je leur demande comment les marques ont réagi, Kenza est directe: « Elles n’ont pas eu le choix. Même s’il faut parfois les éduquer sur le sujet, les marques reconnaissent qu’il s’agit d’un vrai travail et non pas d’un service gratuit.« 

Capucine modère: « Tout dépend où en est la marque dans sa réfléxion digitale et dans sa manière de travailler (ou pas) avec les influenceurs. Il y en a qui sont déjà habitués à collaborer avec des blogueurs connus à l’international. Pour eux, c’est normal de passer par un agent. D’autres débutent et peuvent facilement prendre cela pour un excès de snobisme tant elles ne s’attendent pas à cela. Globalement, je dirais que ce principe est très bien accepté car, de manière générale, les marques ont toujours travaillé avec des agences média pour acheter de l’espace. Ce qui change aujourd’hui, c’est au niveau des RP: cela pousse les RP à se ré-inventer dans ce nouvel éco-système et à prendre en compte de nouveaux paramètres.« 

Mon interview s’est ponctuée sur la question suivante: Y-a-t-il des arnaques?

Kenza: « Je ne pense pas. Je pense juste qu’il est essentiel de toujours avoir le dernier mot et de bien garder la main sur son blog.« 

Capucine: « Bien sûr! Il y a des gens qui s’auto-proclament agent alors qu’ils n’ont aucun cadre juridique ou aucune connaissance de notre milieu. Ils pensent qu’il suffit de se présenter à des événements, d’annoncer qu’ils nous représentent et d’encaisser l’argent. En réalité, ça ne fonctionne pas du tout comme cela. Avant de signer un contrat avec un agent, il faut analyser ce qu’il nous propose. Un agent qui demande au blogueur de lui verser de l’argent chaque mois pour faire de lui une star est une insulte à la profession. Les fausses promesses font légion dans le milieu. Le meilleur moyen de décrocher un bon agent est d’écouter le bouche-à-oreilles. Si on dit du bien de lui, c’est souvent parce qu’il est discret et efficace, bon commercial, créatif et sait s’effacer derrière la personne qu’il représente. »

En conclusion, bien que la tendance de l’agent de blogueur ait surpris le milieu des RP et les marques – ces derniers ayant eu du mal à accepter la rapidité avec laquelle les blogs sont passés du statut de demandeur à celui de démarché – elles reconnaissent qu’il y a du mérite à une professionnalisation des échanges. La marque peut être plus ouverte avec ses exigences et le blogueur garde du recul sur les propositions qui lui sont faites. Il est à l’aise et soutenu, protégé et bien aiguillé.

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Propos recueillis par Alexia Guelte Morot, Responsable Communication Externe de l’Argus de la presse.

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