Un concentré de nouvelles narrations raconté par Gilles Donada

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En décembre dernier, s’est tenue à Paris la rencontre trimestrielle du collectif diapéro, un regroupement de journalistes et de photojournalistes dont le but est de mettre en avant les formats multimédias courts dont notamment le diaporama sonore. Un format de récit journalistique et artistique qui mêle son radiophonique et reportage photos, le tout en un peu plus de 3 minutes. Co-fondateur de ce collectif avec Marianne Rigaux et Paul-Alexis Bernard, Gilles Donada nous en dit ici un peu plus sur ce format innovant de narration.

Gilles Donada

Quel type de public se rend à vos rencontres ?

On a un public plutôt orienté photo journaliste car c’est une des pistes de développement pour eux et une grande question pour leur avenir. Il y a également des reporters, des journalistes qui viennent de sites web et bien sûr d’autres issus d’autres formats de presse et des membres des départements nouveaux médias d’organismes comme Radio France, France Tv ou bien des centre de formation.

En quoi consiste le format diaporama sonore ?

Pour faire simple, c’est une sorte de galerie photo sonorisée. Mais cela va beaucoup plus loin que cela. Le diaporama sonore mêle d’abord deux ingrédients qui sont propres aux reportages radiophoniques. Ce sont, à la fois, la voix des personnes interviewées et le son d’ambiance. Ce qui permet de donner du relief. Ensuite, le diaporama sonore crée un dialogue entre l’image – le regard d’un photographe- et le son enrichi- la voix et l’ambiance- pour être ensuite magnifié par un montage.

La grande particularité de ce format – c’est ce qui le différencie de la vidéo- c’est que le son et l’image sont désynchronisés. On peut donc rester plusieurs minutes sur une belle image de photographe tout en donnant un rythme particulier grâce aux sons et aux voix qui sont en arrière plan. Tout est dans le montage et dans le rythme qui est donné. C’est un format de suggestion, d’immersion et cela fait une dizaine d’années que ce format existe.

Est-ce une pratique encore minoritaire aujourd’hui ?

C’est encore assez minoritaire et c’est ce qui explique notre vocation et notre envie de faire connaître ce format. Les sites de presse ont des difficultés de moyens et souvent ne connaissent pas ce format. Néanmoins, Rue 89, Le Monde et Libération en ont déjà utilisé et puis les télés et radios commencent à s’y mettre. On trouve des diaporamas sonores sur Radio France, France Info mais aussi sur France TV.D’ailleurs, parmi les 10 projets vidéo de 3 minutes 15 sélectionnés dans le dernier concours Infracourts de France télévision, il y avait deux diaporamas sonores.

Qu’est-ce qu’apporte le diaporama sonore par rapport à d’autres formats ?

C’est un moyen expressif qui permet une forte immersion. Souvent après avoir visionné un diaporama sonore, on a presque l’impression d’avoir passé un moment avec la personne et de l’avoir vraiment rencontrée. Les photos sont souvent très parlantes. Et puis, bien sûr, il y a une deuxième chose, le reportage radiophonique qui donne du relief. En fermant les yeux, on se retrouve presque sur place ! Cet agencement fait que ce que l’on voit n’est pas ce que l’on entend et que ce que l’on entend, n’est pas ce que l’on voit. On est vraiment immergé dans l’histoire grâce à l’effet conjugué de ces deux modes d’expression rassemblés. C’est un concentré de nouvelles narrations qui ne prend pas trop sur le temps de visionnage des gens mais qui les fait passer dans une autre dimension.

Ce format est donc très utile pour faire des portraits et mettre en avant des personnes dans diverses situations mais, selon vous, est-ce que l’on peut faire du news avec ?

Il y a eu des news. Je me rappelle notamment de la BBC. C’était un reportage au moment du printemps arabe en Egypte. Il y a eu une galerie photo qui était celle d’une agence et en voix off on entendait le récit par téléphone du correspondant de la BBC. C’est quelque chose qui n’a pas été explorée concrètement mais cela peut tout à fait être un mode de traitement de l’actualité.

Avec le diaporama sonore, on mêle un son radio à des photos avec un montage. Aujourd’hui, il faut savoir tout faire ?

C’est le propre de la fusion qui s’opère avec tous les médias numériques. Les journaux se mettent à faire de la télé, les télés font du texte…etc. On vit un chambardement dans la création où chacun essaye d’explorer de nouveaux territoires. Aujourd’hui, ce qui compte, c’est le résultat que l’internaute, les utilisateurs mobiles ou ceux des tablettes ont sous les yeux.

Le diaporama sonore fait donc partie intégrante de ce chambardement de la presse ?

Tout à fait, on a beaucoup été dans le flux et on commence à en revenir. On le voit bien aujourd’hui. On parle de lenteur, de slow journalisme, de prendre le temps. Il y a par exemple le 1 qui est sorti cette année et qui n’aborde qu’une thématique sur une grande page qu’il faut déplier. Il y a bien sûr le succès de XXI. Tout ça, c’est cette lecture au long cours qui revient. Cette inspiration existe à cause notamment de l’infobésité et de ces notifications qui nous fatiguent et qui nous assomment. Le diaporama fait donc parti du courant de ceux qui veulent se poser pour prendre le temps de comprendre non seulement une information mais aussi d’en faire le tour, d’expérimenter quelque chose d’autre en termes de traitement.

Et le modèle économique dans tout ça. Existe-t-il ?

Le modèle économique, c’est un des éléments que l’on aborde dans les diapéros. Oui, il existe pour les sites de presse du moins. C’était 450 euros brut pour le salarié en pige sachant que ce format là mériterait au moins 1200-1300 euros car le temps de reportage, de montage et de prise de contact varie entre une semaine et parfois 3 semaines de travail.

Peut-on envisager l’émergence d’un média qui ne ferait que ça ?

Oui. Je pense que c’est imaginable. Encore une fois, cela ne concernerait pas tous les sujets. Mais travailler à partir du son radiophonique un peu enrichi et de l’image photographique, je pense qu’il y a de quoi faire. On pourrait très bien imaginer par exemple-avec toutes les chaînes qui arrivent- une chaîne Youtube qui diffuserait des diaporamas sonores en accès payant.

Visionnez « Entre nulle part et n’importe où« , le diaporama sonore de Marina Bellot, un des 10 programmes courts lauréats de la 3ème édition d’Infracourts.

La prochaine réunion Diapéro aura lieu le 4 mars prochain à Paris : Les Voûtes 19 rue des Frigos 75013 Paris

Propos recueillis par Alexander Paull

Un petit rayon de Com'

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