Suite à la publication de « Follow Me« , une étude de Prisma Media, sur le pouvoir de prescription des influenceurs digitaux auprès de leurs communautés. Culture RP a rencontré Sophie , qui anime le blog Venus is Naive, et journaliste-reporter en herbe.
Présentez-nous votre blog, le principe éditorial publié et votre rapport avec les marques?
Je m’appelle Sophie Farjon et je blogue depuis 2011 sur Venus is naive, un support que j’utilise comme un endroit où je peux réaliser mon rêve de journaliste-reporter. J’y apporte mes conseils beauté et healthy, j’y partage mes coups de cœur, mes voyages et mes looks. La création de ce blog m’a permis de me lancer dans l’aventure merveilleuse de l’entrepreneuriat et depuis, je fais de mon rêve mon métier.
De ce fait, beaucoup de marques entrent en contact avec moi, que ce soit pour m’envoyer des produits, m’inviter à des évènements ou me proposer des partenariats et de la création de contenus monétisée. Je m’efforce de préciser à chaque fois que je reçois un produit, je suis très transparente à ce niveau, il n’y a aucune honte à recevoir des produits et à en parler. Au contraire, les lecteurs peuvent découvrir de nouvelles choses et avoir notre avis.
Lorsqu’un article est sponsorisé, je le mentionne, je n’ai rien à cacher, être blogueur est un métier comme un autre mais où il faut respecter cette déontologie naturelle qui s’est mise en place au fil des ans. Néanmoins, il est vrai qu’avec ce blog, mon rapport à la consommation a changé. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je n’ai jamais autant acheté !
Quel est le vrai pouvoir de prescription des blogueuses et est-il le même sur l’ensemble des médias sociaux?
Le véritable pouvoir de prescription d’une blogueuse démarre lorsque ses lecteurs sentent de leur part une honnêteté et une transparence. Ensuite vient en ligne de mir l’univers de la blogueuse. Si le lecteur est charmé par l’univers et se reconnaît dans les goûts de la blogueuse, celle-ci aura une influence certaine sur ses prochains achats.
En réalité, même si le lecteur se sent dupé mais qu’il adhère quand même à l’univers, la blogueuse aura quand même une ascendance si celui-ci continue de lire son support : nous poussons, sans le vouloir, à la consommation. Il suffit par exemple qu’une de nos associations de vêtements plaisent pour qu’un lecteur veuille s’approprier le même vêtement. Il suffit de faire découvrir une nouveauté beauté susceptible de plaire à notre lectorat pour que celle-ci soit très vite sold-out. Que l’on poste via notre blog ou nos réseaux sociaux, le pouvoir reste le même, mais il en est décuplé lorsque l’article en question est relayé sur les réseaux sociaux, cela va sans dire ! Les gens ont confiance en nous plus facilement que ce qu’ils trouvent à la volée sur le web. En réalité, tenir un média de façon personnifiée laisse entendre qu’il s’agit d’une vraie personne derrière la machine, une personne comme vous et moi, qui montre simplement ses achats compulsifs et ses coups de coeur. Cela suffit à crédibiliser les produits et les marques. Et les marques sont intelligentes, elles se sont mises très rapidement à l’ère du digital afin de profiter de cette crédibilité qui renforcent leur e-reputation et la confiance des gens dans leurs produits.
Comment l’influence s’étend au-delà de votre blog et par quels signes se traduit cette notoriété?
L’influence s’étend au delà du blog, par les médias sociaux, mais également dans la rue. J’ai démarré mon blog en 2011 suite à des demandes récurrentes des passants et de mes amis : où as-tu trouvé ces baskets ? Et comment as-tu obtenu cette couleur de cheveux ?
En réalité, nous avons tous des caractères et des goûts divers et variés, nous avons tous quelque chose à apporter au monde qui nous entoure !
Aujourd’hui encore, on m’arrête souvent dans la rue pour me demander ce genre d’informations. Et désormais, on m’arrête également pour me dire que l’on apprécie mon blog. Cela fait chaud au coeur, car quand on se lance dans la grande aventure du blogging, on ne peut pas le faire à moitié, on donne tout et on veut offrir le meilleur de soi-même. Alors être félicité pour notre travail, c’est forcément très réconfortant et c’est un accomplissement énorme, je ne connais pas meilleure sensation.
Au niveau des marques, c’est pareil, elles nous font confiance et n’hésitent pas à nous demander de la création de contenus, de représenter leur marque sur le digital, de nous commander des articles, etc.
Egalement, j’ai décroché la plupart de mes stages et mes jobs grâce au blog, je reçois beaucoup de demande de missions grâce à mon support.
L’image des blogueuses auprès de leurs communautés correspond t-elle à ce qu’elles pensent renvoyer d’une façon générale et de façon particulière, pensez-vous renvoyer l’image que vous souhaitez donner ?
De mon côté, essayer d’être fidèle à moi-même, à tout moment, dans toutes situations, est fondamental. Sinon j’aurais l’impression de jouer un jeu et ce n’est pas ce que je veux. Même lorsque je vais mal, je le fais savoir à ma communauté, car au delà d’être perçu comme un travail à part entière, le blogging nous rapproche de gens qui nous apprécie à notre juste valeur et qui sont là au quotidien pour nous épauler, nous conseiller, nous remercier. Et nous consoler. On tisse de vrais liens avec notre communauté, on prend le temps de leur répondre et des noms deviennent très familiers au fil du temps ! J’essaye de donner de ma personne au maximum, de conseiller et aiguiller ma communauté au quotidien.
Le seul gap qui pourrait se créer est le fait que nos photos renvoient forcément une image très féerique voire aseptisée et proche de la perfection du monde qui nous entoure. C’est si facile de mettre en scène sa vie en photo. Mais au fond, notre communauté est assez intelligente pour comprendre que ce joli sac à côté de cette tasse de thé dans cet endroit merveilleux n’est qu’une mise en scène et que mes journées sont en règle générale plutôt normale, même si il est vrai que l’on vit des aventures hors du commun grâce à nos blogs et nos lecteurs.
Je suis très contente de l’image que je renvoie à mes lecteurs puisqu’elle est mienne, cela m’aide d’autant plus à m’accepter et m’aimer telle que je suis.
En 2016, pensez-vous que l’influence des blogueuses de mode aura toujours un impact aussi grand, quel changement voyez-vous?
C’est drôle, cette question se rapproche de mon mémoire de fin d’études ! J’ai vu le reportage « On n’est plus des pigeons » récemment à la TV, et je suis totalement d’accord avec ce qui s’est dit. En France, la population est plutôt terre à terre, on est loin d’être naïfs et crédules ! Et je pense que toutes les blogueuses doivent en être conscientes. Si les blogueuses continuent de partager leur vie tout en restant elle-même, transparentes, avec une éthique, elles pourront continuer de faire ce qu’elles aiment. Et puis, un blog a vocation d’aider, d’informer, d’inspirer mais aussi de faire un peu rêver ! Les gens aiment rêver et s’informer à la fois, on leur sert sur un plateau toutes les infos qui seraient susceptibles de les intéresser. Il y a quelques mois je me demandais si les réseaux sociaux allaient complètement prendre le pas sur les blogs, mais en réalité, ce phénomène de micro-blogging n’a fait que brasser les blogs « éphémères », les « dinosaures » restent car on apprécie écrire, prendre des photos et partager ! Sur les réseaux sociaux, l’info est réduite, sur le blog, elle est approfondie. Les réseaux sociaux sont là pour servir les blogs (relayer) et non le contraire. Néanmoins, les youtubers concernent une nouvelle problématique et ils semblent prendre le pas sur le blog.
Que pensez-vous des métiers des Relations Presse et celui des journalistes. Quelle place occupez-vous entre ces deux professions et auprès d’un public large et différencié ?
Il y a une grande controverse entre le fait d’assimiler le métier de journaliste à celui de blogueur. Contrairement au journaliste, le blogueur est « connu » de tous ses lecteurs. Il n’a pas forcément fait d’études de journalisme, et lorsqu’il écrit, il n’engage que lui et son média. Le journaliste lui, oeuvre en silence, et doit souvent adapter sa plume au média pour lequel il écrit.
Être blogueur, c’est être un couteau-suisse : il faut être un peu journaliste, photographe, community manager, webdesigner, expert SEO, reporter mais également un peu RP afin de consolider nos relations avec nos contacts. C’est une belle école, non ? Être blogueur, c’est être tout ça à la fois, tout en ne l’étant pas vraiment de profession. Nous distillons l’info et nous la partageons à notre manière, avec nos propres codes !
Quels conseils donneriez-vous à toute personne qui voudrait se lancer dans la création d’un blog sur l’univers de la mode, ou autre?
Soyez-vous même, nous avons tous en nous ce petit quelque chose d’unique, nous avons tous nos petits secrets, nos préférences et nos goûts propres ! C’est pour cela qu’à mes yeux, il n’y a pas de compétition dans cette sphère, la porte est grande ouverte et c’est cela qui fait la diversité de la blogosphère. Alors lancez-vous, tout en gardant en tête cette déontologie, ce respect des lecteurs, et en restant vous-même jusqu’au bout : vous n’en apprendrez que davantage sur vous, et entre nous, l’aventure en vaut la chandelle !
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