Dans cette jungle de l’influence où le marketing mélange joyeusement tous les acteurs, n’est-on pas en train de confondre la « mass influence » avec les relations d’influence ?
Culture RP a décidé d’accompagner cette réflexion en proposant une tribune à Catherine Cervoni, experte en Relations presse, RP 2.0, médias et relations influence.
Une table ronde animée par Cyndie Bettant – Cision, Olivier Cimelière, CEO & founder Heuristik Communications et le Youtubeur Lifestyle Décodeur Hyconiq. a eu lieu à l’Event Influence Day
Vous pouvez revoir le débat en cliquant ici
Influence, et si on se posait les bonnes questions ?
De la célébrité aux millions de followers on en est arrivé au nano-influenceur ….
Demain verrons-nous l’avènement de « l’infinitésimal influenceur » ?
Catherine Cervoni – Attachée médias & Influence – @CathCervoni
L’influence – ou plutôt l’e-influence- est devenue ces dernières années la quête, tant des individus que des entreprises. Il ne se passe pas une semaine sans un article sur « comment choisir son influenceur », une infographie sur « le pouvoir ou l’inutilité des influenceurs », une nouvelle « pyramide d’influence » … Ça buzz, ça fait du clic mais de quelle influence parle-t-on ? L’influence a-t-elle encore du sens à l’heure où l’on nous proclame « tous influenceurs » ? Ne confond-t-on pas influenceurs, prescripteurs, ambassadeurs et hommes-sandwichs ?
Tous influenceurs … vraiment ?
Dans les années 2005/2010 les professionnels de la communication se sont intéressés de plus en plus aux blogueurs. On ne les appelait pas encore influenceurs mais on savait très bien que leurs voix et leurs écrits faisaient référence. On constatait la puissance de leurs communautés.
On prenait le temps de nouer des relations avec eux, on lisait leurs articles, on les commentait via leur site ou les réseaux sociaux… On les invitait à des évènements… On découvrait leur façon de traiter les sujets qui les intéressaient. On se demandait si le CP était le format le plus approprié pour les informer, s’il fallait les inviter sur des conf de presse ou des voyages avec des journalistes…
On apprenait un nouveau métier : « les relations blogueurs », les RP 2.0…
A la même époque, Outre-Atlantique on parlait déjà de marketing d’influence : en 2011 Vocus et Brian Solis sortait la 1ère étude à ma connaissance sur le sujet « Influencer Grudge Match : Lady Gaga vs Bono. What makes an Influencer ? ».
https://fr.slideshare.net/Cision/influencer-grudge-match-lady-gaga-vs-bono
« Relations blogueurs » ou « marketing d’influence », dans ces deux cas il était facile d’identifier ces « influenceurs ». En dehors des célébrités, un « influenceur » était une personne qui créait du contenu pour un média, historiquement son blog. Et ce contre rémunération ou pas.
Après le nano influenceur… le femto-influenceur … ?
L’explosion des réseaux sociaux, le ras-le-bol de la pub avec leur corollaire des ad-blockers … n’ont fait qu’amplifier ce phénomène d’influence. Les agences spécialisées et les plates-formes dites de marketing d’influence se sont emparées d’un marché juteux.
Ceci a conduit à ajouter des strates à la fameuse pyramide d’influence…
De la célébrité aux millions de followers on en est arrivé au nano-influenceur parfois aussi appelé « amplificateur » et qui possède une communauté de moins de 10 000 abonnés.
Mercredi 14 novembre 2018 Influenceurs nous ne sommes pasdes hommes sandwichs |
Et demain ?
Demain verrons-nous l’avènement de « l’infinitésimal influenceur » ? Ou encore si on continue dans l’échelle du « nano » qui correspond à un rapport à l’unité de mesure de 10-9 parlera-t-on demain du piko-influenceur (10-12) ou encore du femto-influenceur (10-15)?
Les posts des micro, nano et autres « petits » engageraient plus les communautés que les célébrités. Et il y a effectivement sûrement beaucoup d’avantages à travailler avec eux.
Néanmoins, on constate que de plus en plus d’utilisateurs des réseaux sociaux manifestent leur mécontentement devant une avalanche de publications qui manquent parfois d’authenticité…
Quand l’influence flirte avec la pub…
Effectivement, quand on parcourt le fil de nos réseaux sociaux et que l’on est envahi de photos d’influenceurs en tout genre de la célébrité au nano… pour vanter les mérites d’une crème de soin, de plat surgelé, bain douche, poussette et couche culotte… une certaine lassitude peut survenir … Surtout si le post manque de créativité ou d’originalité… s’il n’est que la reprise des visuels et messages transmis par la marque à ses « influenceurs ».
L’installation massive des adblockers par les internautes traduit bien un rejet de la publicité traditionnelle qui ne fait plus recette. Or, avons-nous vraiment envie qu’elle inonde nos fils Instagram ou Facebook sous une autre forme ?
N’en arrive-t-on pas à se demander quelle est la différence entre une « campagne de marketing d’influence », de l’achat d’espace voire du « placement de produits » ou encore avec de la publicité ? Quid de leur efficacité ?
S’inscrire dans une agence ou sur une plateforme dite de marketing d’influence pour monnayer sa « bande-passante » autrement dit ses réseaux sociaux fait-il de nous un influenceur ?
Etre un expert qui partage ses avis, ses retours d’expérience sur un métier qu’il exerce ou un hobby qu’il pratique suffit-il à nous légitimer comme influenceur ?
Un influenceur est-il un créateur – les fameux DA des agences de pub – capables de « sublimer » un message ou faut-il préférer la récurrence par des publications de masse ?
De l’influence au bad buzz
Le cas évoqué par la blogueuse Carline Beauty est édifiant.
Elle avait repéré que des starlettes de télé-réalité postaient strictement le même message sur leur Instagram pour vanter un produit amincissant : elles avaient toutes perdu la même masse corporelle soit 6,8 cm. Elle a essayé ce produit et a publié un article sur son blog avec les résultats qu’elle avait obtenu… très différents de ceux des « starlettes» …
La marque l’a attaquée en justice pour diffamation et injures publiques provoquant un beau bad buzz très contreproductif *
L’influence devient-elle un métier ? En tous cas, elle suscite beaucoup de questions et si vous aussi vous vous interrogez, si vous avez des éléments de réponse à partager… je vous invite à nous rejoindre le 14 novembre à 11h30 à l’EGE à Paris pour Influence Day où une table ronde nous réunira pour en débattre « Influenceurs, nous ne sommes pas des hommes sandwichs » avec olivier Cimelière @olivcim, Anaîs @Parisianavores et Chris @HYCONIQ
*L’exemple d’Anaca 3
TerraFemina – une blogueuse beautée menacée de poursuites par une marque
Marc Michiels, Rédacteur en Chef.