Culture RP a rencontré Nimith Chheng, consultant en communication de crise
La communication de crise, en quelques mots, qu’est-ce que c’est ?
La communication de crise, je dirais que c’est un volet de la communication globale qui répond à la nécessité de se préparer au pire, tant d’un point de vue opérationnel qu’organisationnel. C’est en quelque sorte un contexte particulier d’intervention qui vise à préserver la réputation et les intérêts d’une institution ou d’une personnalité lorsque celle-ci se retrouve projetée sur le devant de la scène médiatique. Ou lorsqu’elle risque simplement d’être livrée à l’opprobre public ou au feu des critiques, aussi bien internes qu’externes. La communication de crise, c’est aussi et surtout une approche singulière qui invite à être à l’écoute de son environnement, à appréhender au mieux ses valeurs, ses forces, ses faiblesses, ses opportunités d’avenir et de devenir, à mettre à plat l’existant pour définir de nouvelles formes d’équilibres.
Peut-on réellement tout prévoir, tout anticiper ?
Il existe un panel infini de risques potentiels auquel s’ajoute une infinie diversité de facteurs déclenchants, aussi bien externes qu’internes. La nature de la crise, le poids de la rumeur et des amalgames, le jeu des acteurs en présence, leur niveau de crispation ont également tendance à démultiplier les inflexions et les prises de parole inattendues, qui sont autant de facteurs potentiellement aggravants. En matière de risk-management et de communication de crise, on ne peut évidemment pas tout prévoir. L’idée, c’est de s’attacher à identifier les risques principaux et d’y opposer les mesures adéquates pour réduire le poids de l’inconnu et, surtout, le circonscrire dans une limite acceptable.
Une crise en période de crise, ça se gère comment ?
D’un point de vue opérationnel, le contexte actuel modifie assez peu la manière dont on s’organise pour anticiper et gérer au mieux une situation de crise médiatique. Les outils, les principes et les process de veille, d’anticipation et d’action restent les mêmes. La nécessité de rester en permanence à l’écoute de ce qui se dit, de se tenir prêts à réagir dans les meilleurs délais et de façon circonstanciée, reste de mise. La communication en période de crise, dans un climat empreint de défiance et de suspicion, reste un exercice toujours aussi périlleux qui invite à faire preuve de bon sens, d’humilité et d’empathie, quelles que soient les circonstances.
La journée-type d’un consultant en communication de crise ?
Aucune journée ne se ressemble… Certaines sont plutôt calmes, d’autres se révèlent extrêmement longues et intenses, rythmées par une explosion de sollicitations, de rebondissements, de surprises et d’événements inattendus. Lorsque la crise survient et que la cellule s’est réunie, vous n’avez alors plus qu’une seule certitude : celle d’en ressortir complètement lessivé et rincé.
Votre premier roman, « La tête de Bouddha » , vient de sortir en librairie. Il raconte l’histoire d’un consultant spécialisé en affaires publiques et communication de crise. S’agit-il d’un récit autobiographique ?
La tête de Bouddha, une autobiographie ? On m’a souvent posé la question. Et je dois avouer que j’ai souvent été tenté de répondre que je n’ai en commun avec Jean-Sorya -le personnage principal de ce roman- que mes origines cambodgiennes et le fait que nous exerçons le même métier. Pour ce qui est du reste, le bonhomme mesure cinq centimètres de plus que moi et se révèle être un fin connaisseur de l’architecture proto-baroque, ce qui n’est pas mon cas (rires).
Ancien chef de projet de l’agence conseil médias PAD Communication (Alain Denvers), Nimith Chheng est aujourd’hui consultant indépendant spécialisé en communication de crise. Il compte à son actif de nombreuses missions d’accompagnement auprès de grandes grandes institutions publiques et privées tels que les groupes Icade (Caisse des Dépôts), Renault, Nestlé, Lafarge ou encore l’Ensemble immobilier Tour Maine-Montparnasse.
Nimith Chheng – http://www.synergies-publiques.com/