Avec son chatbot culturel « Ask Mona », Marion Carré facilite l’accès aux musées, théâtres et autres scènes… Ce dernier fonctionne comme assistant personnel via Facebook Messenger, capable de répondre à ses utilisateurs, tout en prenant en compte vos préférences, en fournissant des renseignements complémentaires sur les œuvres. Mais ce service permet également de renforcer la proximité avec les utilisateurs en leur posant des questions à la fin de la visite pour savoir ce qu’ils ont pensé de leur expérience, le tout comme vous l’avez déjà compris grâce à une intelligence artificielle.
Culture RP a rencontré Marion Carré, co-fondatrice et présidente de la start-up Ask Mona, fondatrice du blog Il était Paris. Elle va revenir sur la création d’Ask Mona, comment tout cela est né et ce qu’elle souhaite développer à l’avenir.
Marion, vous êtes passionnée d’arts, d’images, d’entreprenariat et à 22 ans tout semble vous réussir. Comment est née cette aventure, cette idée géniale de faire découvrir de nouveaux lieux culturels, de pouvoir « communiquer » avec les œuvres, les artistes, voir les galeristes sous la forme en quelque sorte d’un Siri ?
Cette idée est née de mon blog Il était Paris sur lequel je publie des articles, vidéos, infographies… autour de l’histoire de Paris et de mes découvertes. Mes lecteurs me demandaient régulièrement des conseils de visite sur Facebook Messenger et c’est là qu’est venu l’idée de développer un robot pour donner des conseils personnalisés de sorties culturelles au plus de personnes possibles.
Les réponses proposées sont donc le fruit d’un algorithme et non d’une sélection subjective de l’équipe d’« Ask Mona ». Pour des novices comme nous pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que sont les algorithmes et spécifiquement le vôtre ?
Concrètement, nous avons une immense base de sorties culturelles que nous alimentons avec l’aide de nos partenaires et de beaucoup d’autres lieux culturels, un peu plus de 200 en Ile-de-France aujourd’hui. Nous organisons au mieux ce contenu et faisons en sorte qu’il soit le plus qualitatif possible afin d’être mobilisé à bon escient par l’algorithme lorsqu’un utilisateur demande un conseil de visite au chatbot.
« J’ai eu de nombreux conseils de chefs d’entreprise plus expérimentées,
et j’ai pu constater l’entraide féminine existant au sein des différents réseaux.
Toutes ont fait preuve de bienveillance à mon égard. »
En 2016 Ask Mona fait partie des lauréats et reçoit une subvention de 30 000 euros par le Ministère de la Culture et de la Communication. J’imagine que cette chance aurait pu aussi être un handicap pour la réussite de ce projet. Quels sont les réseaux qui vous ont aidés ? Quels sont les conseils que vous souhaiteriez donner à des jeunes femmes qui rêvent de se lancer dans des projets digitaux innovants ?
Nous avons eu la chance d’être bien entourés depuis le début de cette aventure. Dès le début par le Ministère de la Culture et nos deux partenaires culturels, le Centre des monuments nationaux et Paris Musées, puis par des incubateurs (Créatis et maintenant Station F), le Réseau Entreprendre et enfin par un certain nombre de personnes, entrepreneurs, mentors ou experts, que nous avons rencontrés tout au long de l’aventure. Bref, nous arrivons toujours à trouver quelqu’un de bon conseil !
Comment utiliser Ask Mona ?
Rien de plus simple ! Il suffit d’aller sur Facebook Messenger de chercher « Ask Mona » comme on cherche un ami avec qui on souhaite discuter puis de lancer la conversation. Libre à vous de lui faire ensuite une demande ou bien de répondre à ses questions. Elle vous enverra ensuite une sélection des sorties culturelles en Ile-de-France qui correspondant à vos critères (géolocalisation, budget, thématique…).
Entre le 29 octobre et 6 janvier 2018, vous collaborez à l’exposition « Agoramania, la ville dans tous ses états ! » (1) en rendant cette exposition en visite augmentée. Un événement qui interroge la place de(s) individu(s) dans la ville et à transformer le concept de « ville intelligente » en une réalité avant tout humaine. Quels étaient en quelque sorte le cahier des charges, l’exigence de la commissaire Florence Guionneau-Joie et du lieu le MAIF SOCIAL CLUB ?
Le MAIF Social Club avait envie de valoriser in situ des vidéos de témoignage des artistes sur leur démarche et les œuvres exposées. Nous leurs avons proposer de les partager directement sur le téléphone des visiteurs au fil d’une discussion avec le chatbot pendant l’exposition. Au moment où le visiteur est face à une œuvre, l’artiste peut ainsi apporter un éclairage intéressant sur son travail par le biais du chatbot. Nous avons cherché à rendre l’expérience ludique en permettant aux visiteurs d’envoyer des photos des œuvres ou des messages pour recevoir ces vidéos de témoignage. Pour rendre cette expérience possible, nous avons entraîné une intelligence artificielle sur de la reconnaissance visuelle et textuelle.
« Nous avons voulu donner la parole aux artistes au sein de l’exposition. »
explique Marion Carré.
Quels sont les prochains événement, développements prévus pour Ask Mona ? Une levée de fonds, une application en différentes langues pour les touristes visitant Paris, un partenariat avec des musées, des collectifs d’artistes, une généralisation de votre idée sur d’autres secteurs d’activité tel que les salons par exemple ?
Nous allons lancer beaucoup de choses dans les prochains moins ! A commencer par un chatbot de visite, dans le même esprit que celui du Maif Social Club mais cette fois à la Villa Savoye. Il guidera les visiteurs sur place en discutant avec eux pour leur faire découvrir l’histoire des lieux à travers des textes, images et vidéos d’archives. Ensuite, nous allons lancer d’ici la fin de l’année une version en anglais d’Ask Mona pour qu’elle puisse faire bénéficier de ses conseils les touristes anglophones. Pour finir, nous sommes en train de lancer les chatbots de lieux culturels comme celui de la Cité de la Céramique de Sèvres.
Marion, vous avez déjà un certain nombre de retombées dans les médias. Comment gérez-vous votre visibilité, votre présence sur les médias sociaux ?
Nous partageons au maximum les dispositifs innovants que nous lançons et nos convictions sur ce que l’IA et les chatbots peuvent apporter à la culture. J’ai l’impression que ce sont des sujets qui intriguent et intéressent. D’ailleurs, au-delà des retombées presse nous recevons de nombreux messages qui nous suggèrent de nous étendre à d’autres villes et beaucoup de candidatures pour nous rejoindre !
Dites-nous dans 5 ans vous vous voyez où ?
L’intelligence artificielle, les technologies de conversation et les plateformes de messagerie évoluent très vite. Nous souhaitons être agiles, s’adapter à ses évolutions, anticiper les innovations pour pouvoir rendre toujours plus accessible la culture au plus grand nombre.
(1) https://lieu.maifsocialclub.fr/programmation/agoramania/agoramania