Culture RP a rencontré Marie-Laure Hubert-Nasser, Directrice de la Communication de la Mairie de Bordeaux.
Quel a été votre parcours ?
Des études littéraires et le CELSA. D’abord quelques années à Air France pour apprendre le monde et les autres cultures quand d’autres faisaient des masters aux USA. Puis un retour à la communication. J’ai commencé par la communication publique où je suis devenue Directrice adjointe de la SEM Issy Media, première SEM de communication de France. Une sorte d’agence intégrée. Sous la tutelle d’un excellent Dircom et d’un Maire aux idées créatives et muni d’un véritable talent pour la communication. Une vraie école ! Une ouverture majeure sur la vie économique et l’entreprenariat et les nouvelles technologies. « Issy, la vallée de la communication » avait titré Libé à l’époque.
J’ai ensuite filé dans le privé. Je suis devenue Directrice de la communication de Congrès et Expositions de Bordeaux. Retour à la case province. Merveilleux. Une très belle entreprise qui gère le parc des expositions, le palais des congrès et un Hangar sur les quais. Le challenge de l’évènementiel sur tous les sujets. L’apprentissage du marketing, des marchés, des publics cibles… Moins d’intuition, plus de market. Une très belle expérience aussi et surtout une histoire d’amour avec Bordeaux…
La ville de Bordeaux a beaucoup évolué ces dernières années, autant en terme d’image qu’en terme de dynamisme. Pouvez-nous expliquer comment se sont réalisés ces changements, et quel a été le rôle de la communication ?
Le moteur s’appelle Alain Juppé ! En 1995, il a entamé une transformation exceptionnelle de cette ville avec une vision stratégique claire : une transformation urbaine accompagnée d’un projet social et d’un projet de développement durable. Traduction : préserver le patrimoine, transformer la cité en ville moderne et pratique, accompagner la transformation par une co-construction avec les habitants, anticiper sur la ville de demain en entamant une réflexion autour des déplacements doux, de la diminution des dépenses d’énergie etc… Ce sont des périodes de travaux géants, de ville bousculée.
La communication s’est alors concentrée autour de cette relation avec les habitants et de cette nécessité de faire comprendre cette immense mutation. Il était question de faire retourner la ville vers le fleuve, elle qui se cachait derrière ses façades 18è noircies par le temps et surtout d’installer la ville sur ses deux rives en réhabilitant la rive droite… Il a donc été question de TRAM, de ponts, de quais et façades à rénover… Bref. Au final, la ville a été classée en 2007 plus grand patrimoine mondial de l’UNESCO ! Côté communication, on écrit des livrets de quartier avec les bordelais, des projets urbains, on crée AGORA, une biennale d’architecture et de design qui transforme les habitants en amateurs d’architecture et pensent l’espace public . La communication modélise le projet de ville. Le Forum social partage son projet. La ville prête gratuitement 5000 vélos et tout le monde en parle !
Puis vient le temps de la fête. De la vie belle. Comme si le printemps était rentré d’un coup sur les quais. Alors, on skate, on court sur le miroir d’eau, on pédale, on fête le vin, les bateaux, le foot, le futur stade, on respire… La communication prend alors elle aussi des couleurs d’été. Elle regarde vers l’extérieur. Développe ses relations presse. Donne envie au monde de se rendre à Bordeaux. C’est le temps d’une communication plus colorée, joyeuse, qui met en scène ses habitants dans ses campagnes de com. Ils sont fiers de leur ville. Ils en deviennent les ambassadeurs. Ils respirent le bonheur (c’est le cœur de notre positionnement). Puis vient le temps des grands artistes qui prennent la ville à bras le corps, Venet, Pistoletto, Jaume Plensa cet été. Ou des grandes compétitions : le Tour de France, La Course du Figaro…
Vous avez lancé en février dernier votre marque territoriale « Osez Bordeaux », quels en sont les objectifs?
La marque Osez Bordeaux est née de la discussion avec les bordelais. Leur message est en quelque sorte, maintenant que nous avons tout transformé, nous sommes prêts à parcourir le monde… Un peu comme si Bordeaux s’était préparé à un grand voyage. Et ce voyage est économique. A partir du moment où la ville ambitionne de devenir une métropole européenne, il devient évident qu’elle doit développer son attractivité. Mobiliser des entreprises, attirer des experts dans les filières où elle est performante (santé, numérique, green Tech, tertiaire, aéronautique… et VIN, bien sûr !) développer des formations, créer de nouvelles formes de plateformes d’échanges et de business… L’enjeu est bien là.
De quelle façon utilisez-vous les médias sociaux pour communiquer sur la ville de Bordeaux?
Notre communication est à 360°. Les réseaux sociaux sont puissants. Nous sommes 2è après Paris sur FB. 3è sur twitter. Nous expérimentons beaucoup aussi : Foursquare, Instagram…etc. Chaque chef de projet est responsable de sa plate-forme réseaux sociaux, relations on line… Ainsi avons-nous un « Bordeaux culture » ou « Bordeaux séniors »…etc. Notre équipe de communication compte une équipe e.com. Les infos sont traitées avec des angles différents sur les réseaux sociaux « Bordeaux ma ville ». Et nous reprenons tous les infos sur nos propres segments. Le Maire est également « connecté » à un blog depuis plus de 10 ans et a des profils très actifs. Ses posts sont extrêmement repris. Il est notre premier ambassadeur. Même ministre d’état, il parlait de Bordeaux !
Quels sont, selon vous, les bénéfices des médias sociaux par rapport aux médias traditionnels ?
Le bénéfice majeur c’est le contact direct avec les personnes. La proximité qui se crée dans l’échange qui fait tomber les barrières et qui permet un dialogue simple. C’est aussi une source infinie d’infos. C’est d’une rapidité implacable. J’ai parfois l’impression d’être le FIL AFP de ma ville… C’est par contre un mangeur de vie… J’y passe facilement plusieurs heures par jour, mais le plus souvent quand le soleil se couche…
Propos recueillis par Alexia Guelte Morot, Responsable Communication Externe de l’Argus de la presse.