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Faute de connaître notre vie émotionnelle, la maîtrise de nos émotions, nos points forts et nos fragilités, nous pouvons nous retrouver dans des voies d’égarement qui peuvent nous amener à l’épuisement, au burnout et à la maladie.
Thomas d’Ansembourg, psychothérapeute et formateur en communication non violente.
Cette citation résonne particulièrement dans le contexte actuel de crise contre le Covid-19. Un sentiment de mal-être et de frustration se fait sentir chez un grand nombre d’entre nous, certains travaillant dans des secteurs essentiels au pays (et on les en remercie), et d’autres étant confinées depuis deux semaines.
Au travail, les Français demeurent parmi les salariés les plus stressés en Europe, selon une étude de 2019 provenant de ADP, solution de gestion du capital humain. 31% d’entre eux affirment même que leur employeur ne s’intéresse pas ou peu à leur bien-être psychologique.
Le stress survient lors d’un déséquilibre entre ce qui est demandé à l’employé d’une part, et les ressources dont il dispose pour y répondre. Ainsi, les soignants se sentent aujourd’hui stressés lorsqu’ils aident les malades sans avoir des moyens de protection suffisants contre le virus (masques, gants, etc.). Le stress peut être également la conséquence de sentiments de frustration enfouie. Lorsque nos besoins ne sont pas satisfaits, il est plus facile d’en attribuer la responsabilité aux autres et de nous exprimer par des reproches.
Comment lutter contre l’épuisement et le stress ?
Faire plus de sport ? Pratiquer le co-walking ? Mieux gérer son temps ? C’est un bon début, mais que faire quand le stress provient d’un désaccord explosif entre deux collègues ?
La communication non violente (CNV) fait alors son entrée ! La CNV n’est pas un gadget de la communication. C’est un processus basé sur l’écoute dans le but de créer une qualité de relations où les besoins de tous sont pris en compte et de façon égale. Oui, de façon égale.
Le concept de CNV a été inventé dans les années 1970 par le psychologue américain Marshall Rosenberg. D’après lui, la CNV est « la combinaison d’un langage, d’une façon de penser, d’un savoir-faire en communication » qui permet d’être à l’écoute de ce que chacun vit. Cette façon de communiquer découle du concept philosophique indien de « bienveillance ». Transmise en France depuis les années 90, cette approche montre son utilité dans les milieux diplomatique, scolaire, familial, et se diffuse lentement dans les entreprises.
La CNV est particulièrement utile aujourd’hui dans le contexte de crise sanitaire et économique.
Comment mettre en place cette pratique ?
1. Observer un comportement qui nous affecte négativement
C’est la première étape qui consiste à comprendre la situation sans évaluer ou juger. La violence est souvent le fruit d’une façon de penser qui attribue la cause du conflit à l’adversaire. Stop au jugement moralisant.
2. Exprimer son sentiment
Cette deuxième étape consiste à partager son sentiment, sans en attribuer la responsabilité à l’autre. Exprimer sa vulnérabilité n’est pas un mal.
3. Exprimer son besoin
Cette troisième étape consiste à lier le sentiment exprimé à un besoin inassouvi. Il peut s’agir des besoins physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement (Maslow).
4. Demander à l’autre une action positive sans rien exiger en retour
La dernière étape consiste à demander à l’autre ce que nous souhaitons de façon claire en laissant une marge à la négociation. Soyez ouverts !
Comment la CNV fonctionne en entreprise ?
Chaque critique ressentie est traduite par un fait, un sentiment et un besoin. Cette méthode permet de clarifier nos intentions, d’être entendu, et de trouver des solutions en exprimant des demandes claires. Attention, pratiquer la CNV présuppose d’identifier ses émotions et d’appréhender leurs utilités. Autrement dit, il s’agit de mieux nous comprendre pour mieux travailler avec l’autre. Avant de se tourner vers les autres, il faut se tourner vers soi même et assumer ses défauts.
Quels bénéfices ?
La CNV est un investissement humain. Pratiquée au travail, elle permet de transformer des relations conflictuelles en relations apaisées. Elle contribue à augmenter le bien-être et la performance car elle nous fait prendre conscience de ce que nous souhaitons en l’exprimant clairement. En étant plus en phase avec nos émotions et nos envies, nous devenons plus sereins et motivés. Enfin, en nous interrogeant sur nos besoins, la CNV encourage à une réflexion plus globale sur notre raison d’être en entreprise. Pourquoi sommes nous ici ? Quelle est notre mission ?
En menant à une résolution des divergences, la CNV a des effets positifs en entreprise : entre collègues, entre employés et employeurs, entre prestataires et clients mais également dans d’autres sphères de la vie : la famille, le couple, l’école, la justice, la santé, etc. En maîtrisant les techniques de la CNV, vous pourrez en tirer des bénéfices rapides aussi bien dans votre vie privée que votre vie publique.
L’expression des émotions est encore peu encouragée, or notre intériorité ne relève pas uniquement de la seule sphère privée, mais elle est utile à la vie collective. Explorons notre intériorité pour transformer nos relations au travail. Libérons nos émotions, libérons la parole pour avoir des relations plus saines. Dans la crise que nous traversons, acceptons sans crainte d’avoir un rapport plus bienveillant envers les autres et surtout envers nous même.
Tribune de Diane Gaillard, co-fondatrice de Consultancy32, réseau international d’experts en communication.
#Développementpersonnel #Management #communicationnonviolente
Ressources
* Marshall Rosenberg, Dénouer les conflits par la Communication Non Violente, Edition Jouvence, 2006.
* Thomas d’Ansembourg, Cessez d’être gentil, soyez vrai ! : Être avec les autres en restant soi-même, Les Editions de l’Homme, 2001.
* Françoise Keller, Pratiquer la CNV au travail – La communication non violente pour réconcilier bien être et performance, InterEditions, 2018.