Les communicants ne sont plus ce qu’ils étaient et se désespèrent en voyant que leurs efforts pour rendre intelligible un message sont le plus souvent mis en échec par ce démon numérique qui démultiplie les voies d’accès et les formes de critiques possibles à partir d’une même information.
Le discrédit frappe l’ensemble des dispositifs bien rodés et reconnus, jusqu’à ringardiser d’anciennes gloires encore étourdies par le clinquant d’une Rolex ou le prestige d’une agence à la dérive. Autant dire qu’au XXIe siècle, l’effort communicant se trouve quasi systématiquement tenu en échec par le criblage anarchique des nouvelles voies d’expressions et d’analyse des messages.
Dans cette impression de chaos permanent et de court-termisme forcené, d’autres concepts comme celui de « think tank » bénéficient de cette explosion des modes de communication et de la diversification des acteurs et autres activateurs de réseaux.
Nous devons nous rendre à l’évidence : nous « think communiquons » de plus en plus.
Et ce pour une raison évidente : le principe du think tank ne consiste pas seulement à communiquer sur un sujet donné, mais bien à le rendre intelligible aux personnes concernées, voire à un public étendu.
Dans la constellation des organisations, le think tank se positionne comme une sorte de « sas temporel » dans lequel se produit une mise en cohérence des arguments et des données relatives à une question d’importance, à une problématique dans l’air du temps.
Ramener l’effort de penser à sa dimension temporelle et ainsi tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de formuler ses idées, telle doit être l’esprit d’un think tank moderne pour accompagner une communauté d’individus à trouver ensemble une voie d’évolution pertinente.
C’est de ce retour au « temps communicant » non immédiat et pourtant dynamique qu’il convient de s’inspirer pour formuler ensemble une posture communicante nouvelle.
Devenir « think communicant », c’est modifier son rapport au temps pour être enfin en mesure de dire ce que l’on pense au terme d’une maturation des idées et non à l’issue d’une précipitation des éléments.
Car si le temps de la transmission et de la propagation du message est aujourd’hui rendu ultra-court sur le plan technique, le temps de la pensée et de la mise en forme requiert plus que jamais une attention forte et densifiée pour éviter ces pulvérisations intempestives et nauséabondes qui envahissent nos esprits et finissent par saturer l’ensemble des médias.
Et si le temps de la communication pensée commençait maintenant ?
Source : Les Echos