#JaimeLaCom
Les médias font leur part du job et la plupart ont depuis longtemps créé des prix célébrant la réussite des femmes, mais de nombreuses femmes d’entreprise, universitaires, restent encore sous les radars. La crise sanitaire nous le montre, combien de femmes scientifiques sur les plateaux depuis un an ?
Marie-Céline Terré, membre active d’Information Presse & Communication, Dirigeante fondatrice de l’agence Ozinfos
Alors que les associations féministes sont nombreuses à militer pour une plus juste représentation des femmes dans les médias, que les autorités agissent sur les diffuseurs, que les entreprises sont incitées à nommer davantage de femmes en position de pouvoir, le rapport du Conseil Supérieur de l’audiovisuel sur la représentation des femmes à la télévision et à la radio l’a encore souligné, la place des femmes interviewées comme expertes dans les médias demeure encore trop faible. En 2020, la part des femmes présentes à l’antenne – télévision et radio confondues – s’établissait à 41 % (contre 59 % pour les hommes). Le chemin risque d’être encore long pour parvenir à la totale parité !
Si faire changer le système de l’intérieur est essentiel mais prendra encore du temps, ne peut-on pas en plus de dénoncer, agir positivement en nous appuyant davantage sur les femmes en situation d’expertise qui existent dans les entreprises, les institutions.
On s’aperçoit que les médias sont sous pression du CSA.
Les pouvoirs publics ont pesé sur le système en place pour donner plus de place aux femmes. Peser sur les entreprises qui depuis la loi Copé-Zimmerman (janvier 2011) sont incitées à la parité dans les instances de direction.
Peser sur les médias, via le CSA qui depuis quelques années, contrôle notamment l’audiovisuel sur ce point et a créé un indice mesurant la féminisation des antennes. Il y a les associations et collectifs féministes qui à l’instar de « Voxfemina » militent pour une représentation juste des femmes, c’est-à-dire moins sexiste et plus représentative de leur poids dans les sphères économiques ou académiques.
Il y a les collectifs de journalistes femmes comme « Prenons la Une » qui se battent pour faire changer de l’intérieur les médias en demandant que les nombreuses femmes journalistes soient elles aussi dans les instances de direction des rédactions…
Mais aucun engagement chez les communicants, dont on dénonce pourtant régulièrement le rôle dans la « fabrique de l’information » ? N’ont-ils pas un rôle à jouer eux aussi pour accélérer le mouvement ?
On ne parle pas, ici, du volet publicitaire, encadré et contrôlé par l’AARP, même s’il n’est pas rare de voir encore fleurir dans les campagnes, des tournures douteuses, des métaphores sexistes que les associations signalent avec constance.
État de la relation journalistes/attachés de presse en 2021
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Pourquoi, si peu d’entrain à relever ce défi ?
Est-ce le système des agences, dirigées majoritairement par des hommes, système parfois dénoncé comme sexiste, qui n’incite pas au changement ? Est-ce l’entre soi, trop souvent masculin des réunions clients/agences ?
Quoi qu’il en soit, le secteur de la communication doit aussi se réformer. Ce système doit évoluer pour reprendre sa capacité à impulser, entrainer, conduire un changement auprès de ses clients.
C’est bien là que nous, professionnels des relations presse, avons un rôle à jouer et ce serait notre honneur que de prendre part à ce mouvement de façon résolue, déterminée.
Communicant.e.s, nous avons aussi notre part dans ce défi.
L’adoption de l’écriture inclusive se suffit pas. Nous devons aller plus loin et nous engager à résister à la force de l’habitude : les hommes porte-parole de nos clients, des panels à peine mixtes lors de débats ou conférences, comment encore accepter cet état de fait.
Notre rôle d’agence est aussi là : accompagner nos clients à choisir des femmes comme porte-parole et non comme joker porte-parole habituel ! Elles sont désormais présentes aux postes à responsabilité, et pas seulement dans les Comex. En proposant plus systématiquement à nos clients de préférer mettre en avant des femmes pour incarner la parole de l’entreprise ; ces dernières répondraient à une attente sociétale.
N’est-ce pas de notre responsabilité de conseil, d’accompagner nos donneurs d’ordre à mieux identifier les femmes porte-parole possible dans les directions opérationnelles ou centrales ? et si nécessaire de mieux les armer pour prendre la parole au nom de l’entreprise qu’il s’agisse d’interview ou de tribune d’opinion.
N’est-ce pas aussi notre rôle de proposer des parcours média à ces femmes ?
État de la relation journalistes/attachés de presse en 2021
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Comment le mesurer ?
En faisant de la diversité des prises de parole, un nouvel outil de performance des actions presse, ce qui inciterait les entreprises à s’engager davantage dans cette diversité puisqu’elle serait désormais mesurée.
Les médias font leur part du job et la plupart ont depuis longtemps créé des prix célébrant la réussite des femmes, des verticales « femme en vue », mais de nombreuses femmes d’entreprise, universitaires, restent encore sous les radars. La crise sanitaire nous le montre, combien de femmes scientifiques sur les plateaux depuis un an ?
Ce combat nous devons le porter sans relâche ; Il faut donc penser, préparer et orchestrer une plus grande visibilité des femmes comme expertes, comme « sachantes », comme puissance dans les médias. Et nous professionnels des RP avons notre rôle à jouer.