Culture RP a rencontré Alexia Guggémos, Digital Strategist, Content Manager, Journaliste et Critique d’art, Membre de l’Association Internationale des Critiques d’art, experte en art digital. Auteure d’un guide pratique « Les Médias sociaux à l’usage des artistes« . Fondatrice de l’agence de marketing d’influence Smiling People, Directrice de l’Observatoire du Web social dans l’art contemporain. En 1996, elle crée le Musée du sourire, premier musée d’art contemporain sur Internet. Elle anime cette chronique Art depuis 2012 sur le Huffington Post. A suivre sur Twitter @alexia_guggemos
Alexia Guggémos, comment définiriez-vous votre démarche actuelle au sein de votre parcours professionnel ?
Les études social media de Smiling People comprennent une cartographie d’influence, un bilan de e-réputation de la marque ou des dirigeants, et une proposition d’accompagnement. Le marketing d’influence arrive à maturité après sept ans d’un évangélisme que je porte haut et fort depuis 2011, notamment à travers l’Observatoire du Web social dans l’art contemporain.
Vous animez des formations pour développer un marketing de personne, optimiser sa présence en ligne, pour mieux saisir les opportunités de résidences, bourses…
L’activité de formation est importante au sein de l’agence. En effet, externaliser le community management dans le secteur culturel suppose de trouver un partenaire spécialisé. Après avoir formé les équipes, j’accompagne la direction dans sa stratégie digitale.
Le pilotage d’une stratégie digitale au quotidien est devenu pour les sites culturels, les institutions, les galeries, les artistes, aussi important que le contenu même de leur production, pourquoi ?
Mettre en place une stratégie digitale, c’est prendre en compte l’écosystème digital et s’y insérer efficacement. La visibilité est un levier, non pas une fin en soi. Pour se faire connaître et développer sa communauté, les influenceurs et leviers d’influence ont un rôle croissant. Les pratiques évoluent. De nouvelles relations se tissent. Sur Facebook et LinkedIn, le ciblage est précis. Dans ce domaine, la veille technologique est une clé. Ce sont ces stratégies que nous proposons à l’agence, associées à un contenu engagé et de qualité qui fera toujours la différence.
Quelles sont vos actualités du moment ?
La publication d’une étude sur la présence des maisons de ventes sur les réseaux sociaux pour le Conseil des ventes. Plusieurs cartographies d’influence, notamment dans le domaine de la gastronomie pour un grand chef étoilé ainsi que des formations social media pour la Fédération des Professionnels de l’Art Contemporain (CIPAC). L’organisation de la 3e édition de la Art Students Week, une opération que j’ai créée en 2015 et qui s’adresse aux étudiants en école d’art dans le monde. Un moyen novateur de faire émerger des talents exclusivement sur Instagram.
J’ai menée dans le cadre de l’Observatoire du Web social dans l’art contemporain une étude qui révèle la montée en puissance sur les réseaux sociaux des communautés « art collectors » et « art lovers ». Présentée au Centre Pompidou et orchestré par Talking Galleries, vous pouvez lire le compte-rendu du panorama de l’écosystème digital du marché de l’art en 2018 (« The digital world ecosystem of contemporary art in 2018 » sur le site The Art Newspaper France) où ici :
Study: The digital world ecosystem of contemporary art in 2018 from Alexia Guggémos
Quelles sont les mesures de performance qu’il faut impérativement prendre en compte ?
Etablir un retour immédiat s’avère difficile. Plutôt qu’une approche quantitative, je préconise une progression régulière. Il s’agit avant tout d’avoir une vision globale et de mener une veille concurrentielle active.
Quels sont les artistes, sites culturels, institutions où salons que vous aimez ? Et qui pour certains rentrent dans une visibilité, une influence hors norme du fait de leurs actions de communications singulière ?
Le Musée du Louvre est une vitrine extraordinaire pour la culture française. 2,4 millions de personnes suivent chaque jour le compte Facebook du musée le plus visité au monde contre 1,5 million le Bristish Museum. Parmi les événements culturels à la dimension internationale, notons la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) et les différentes fashion week à Paris. Depuis 2011, j’annonce chaque année les artistes, plasticiens, musiciens, comédiens français les plus populaires sur le web social. Les Daft Punk sont de véritables ambassadeurs du génie français. Notre meilleure ambassadrice étant la Joconde.
Fin 2017, les Éditions First ont édité « L’Histoire de l’art pour les nullissimes » que vous avez écrit, mais parlez-nous de votre ouvrage le Guide pratique : « Les Médias sociaux à l’usage des artistes » paru aux Editions Thémistocle !
Il n’existait aucun guide pratique dans ce domaine alors que l’utilisation des médias sociaux est devenu indispensable pour faire connaître son travail et dialoguer avec son public ou ses acheteurs. Je l’ai donc conçu pour qu’il soit très simple d’utilisation afin de s’adresser à tous ceux qui débutent dans ce domaine : un pas à pas simple ponctué de témoignages. Je le remets à jour régulièrement car tout évolue très vite ! J’annonçais ainsi dès 2014 la puissance de frappe d’Instagram. On peut toujours l’acquérir en ligne.
Quelle est l’importance et le rôle d’Instagram dans la médiatisation des artistes au plan International ?
Le réseau social de partage de photos et de vidéos acheté en 2012 par Facebook est en train de modifier les modes d’information dans les milieux de l’art, du luxe et de la mode. Il compte 800 millions d’utilisateurs en 2018, soit le double qu’en 2016. Les images postées deviennent le point d’entrée de fiches produit sur Internet. Les Instagrameurs sont des leaders d’opinion à part entière. J’ai notamment identifié la montée en puissance sur Instagram des communautés autour des hashtags #artlovers et #artcollectors
Que signifie pour vous la notion d’e-réputation dans le monde de l’Art ?
Le Grand Prix de l’e-réputation que j’ai créé en 2011 avait pour vocation de faire émerger les talents français les plus populaires dans le monde, comme Invader, JR, Pierre Soulages, Sophie Calle, ORLAN, ou bien Philippe Starck ou Jean Nouvel. Il a permis de montrer que les vraies frontières sont désormais celles de la langue. Sur le Huffington Post, j’ai publié une étude de la progression de la langue française sur les réseaux sociaux. Pour un même nombre d’utilisateurs du web, nous sommes 4 fois moins bavards que les hispanophones. J’ai aussi pointé le phénomène du m(art)keting et les dérives de ces artistes qui créent le scandale afin de gagner en visibilité. Gérer son e-réputation, c’est veiller à ce qu’Internet restitue une image cohérente de sa personnalité et de son travail.
Quelles sont les bonnes pratiques en matière d’expression sur Instagram pour les galeries et les artistes ?
Les photographies d’œuvres in situ mises en scène sont plus likées. Les légendes doivent se faire en anglais avec la mention des hashtags les plus pertinents. Plus de coulisses, moins de photos de type catalogue. Pour les artistes, il est important montrer un univers, et de soigner les visuels des œuvres. En outre, le cadre juridique évolue favorablement et peut rassurer ceux qui craignent d’exposer ainsi leurs œuvres à très grande échelle : désormais, la date de la publication est prise en compte dans le cadre d’un éventuel litige pour plagiat par exemple.