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Depuis quelques mois, les IA génératives sont dans toutes les discussions et certains ne jurent que par ChatGPT.
Dans le secteur des relations publics, certains annoncent la mort du métier : les attachés de presse bientôt remplacés par l’intelligence artificielle. Qu’en penser ?
Tribune Bruno Sanvoisin, consultant RP chez BS Conseil & Communication.
En février dernier, un sondage Odoxa dévoilait que 19% des Français avaient déjà utilisé ChatGPT. Intrigué par ces chiffres, le SYNAP, syndicat national des attachés de presse et chargés de relations publics, sondait à son tour ses membres : il en est ressorti que 35% d’entre eux avaient déjà produit du contenu RP grâce à l’IA ; seulement 2% des sondés déclaraient ne pas connaître l’outil.
Certes, ces sondages remontent déjà à plusieurs mois et l’on sait que dans ce domaine, les choses vont très vite. Alors, à mi-2023, ChatGPT peut-il vraiment aider, voire remplacer les attachés de presse ?
ChatGPT peut-il accomplir toutes les tâches d’un attaché de presse ?
Pour répondre à cette question, demandons tout simplement à l’IA !
« En tant qu’attaché de presse, je peux vous assister dans divers aspects de votre travail. Je peux rédiger des communiqués de presse, vous aider à trouver des contacts médiatiques pertinents, gérer les relations avec les médias, surveiller les retombées presse et vous fournir des conseils en communication. Cependant, il est important de noter que je suis une intelligence artificielle basée sur du texte et que je ne peux pas effectuer d’actions concrètes telles que l’envoi de communiqués de presse ou les interactions directes avec les médias. Je peux toutefois vous fournir des conseils et des ressources pour vous aider dans votre travail. »
Séduisant, non ?
Mais reprenons point par point.
La rédaction de documents presse : l’IA peut donc de rédiger pour nous des communiqués de presse percutants et informatifs, en mettant en valeur nos messages clés concernant une entreprise ou des produits et services. Pour ce faire, elle va s’appuyer sur le brief que nous lui donnerons et sur ce qu’elle trouvera sur internet – que ce soit sur la société ou sur la façon qu’ont les médias de traiter ce type d’information.
Trouver des contacts médiatiques pertinents : ChatGPT va étudier le secteur d’activité, afin de nous aider à identifier les médias pertinents pour un secteur d’activité donné puis à trouver les contacts appropriés au sein de ces médias.
Surveiller les retombées presse : l’IA peut nous aider à suivre l’actualité et les mentions de notre entreprise dans les médias. Ce qui permettra à l’attaché de presse de rester informé des retombées presse et d’évaluer l’impact de ses efforts de communication.
Nous conseiller en matière de communication : ChatGPT se targue de fournir des conseils et des stratégies en matière de communication pour renforcer une présence médiatique et améliorer une image de marque, en se basant sur ce qu’il va pouvoir trouver sur internet.
Gérer les relations avec les médias : ChatGPT prétend pouvoir nous aider en établissant des contacts réguliers, en répondant aux demandes d’information des journalistes et en facilitant les opportunités de couverture médiatique. Sur ce point, je suis un peu dubitatif…
Alors, ChatGPT, remplaçant ou complément ?
A regarder les différentes tâches que ChatGPT peut réaliser pour nous, on peut clairement se demander si l’attaché de presse ne risque pas d’être tout bonnement remplacé par une IA. Certains le pensent déjà… et soyons sûrs que de nombreuses entreprises se posent déjà la question de remplacer leur agence ou leur attaché de presse par un stagiaire qui irait nourrir ChatGPT.
Oui, mais voilà… Dans « relations publics », il y a le terme « relations ». Et cela implique un échange, une connaissance du journaliste, de ses envies, de ses besoins et même de ses croyances professionnelles. Tout cela ne peut se baser que sur des interactions « humaines » et sur une confiance mutuelle installée dans la durée. Dans l’état actuel des choses, une IA en est bien incapable…
En effet, comment une IA pourrait-elle savoir selon quel angle « personnel » axer l’information si la seule connaissance qu’il a du journaliste repose uniquement sur ce qu’il a écrit ? Savoir que tel journaliste est plus sensible à des arguments d’ordre écoresponsable ou plus émotionnel pour décider de traiter l’information qu’on lui a transmise, seuls des rapports humains réguliers peuvent permettre de l’appréhender.
En conclusion…
Alors oui, ChatGPT et l’ensemble des IA générationnelles peuvent aider l’attaché de presse dans ses tâches, lui faire gagner du temps, optimiser ses écrits, ses angles… mais ces technologies demeurent des outils ou des moyens. Au même titre qu’il y a 25 ans, l’arrivée de l’e-mail nous a permis de ne plus avoir à imprimer des centaines de communiqués de presse, à effectuer leur mise sous pli, à coller autant d’étiquettes d’adresse sur les enveloppes avant d’affranchir le tout et d’aller le déposer à la Poste la plus proche.
Gageons donc que l’attaché de presse augmenté – celui qui saura tirer parti des IA – gagnera en valeur et en efficacité en se concentrant sur des tâches que seul son caractère « humain » lui permettra d’accomplir.