Culture RP a rencontré Julien Chabbert, Responsable d’édition aux Editions Mélibée.
Pouvez-vous nous présenter votre maison d’édition ?
Les Éditions Mélibée ont été créées en 2010 à Toulouse, avec l’ambition de publier de nouveaux auteurs, anonymes pour la plupart et qui ont souvent été confrontés à la fermeture du système éditorial traditionnel. En quatre ans, notre rythme de publication s’est progressivement accru, jusqu’à éditer actuellement entre dix et quinze ouvrages par mois, au sein d’un catalogue généraliste. Romans et nouvelles, recueils de poèmes, essais universitaires, pamphlets politiques, témoignages, autobiographies : nous ne fixons pas de limites a priori concernant les genres des manuscrits que nous prenons en compte.
Quelles sont les particularités des Éditions Mélibée ?
Volontairement situés à la marge du monde parisien de l’édition, dans notre situation géographique et dans nos pratiques éditoriales, nous nous donnons malgré tout les moyens de nos ambitions, puisque nous sommes distribués à l’échelle nationale, ainsi qu’en Suisse, en Belgique et au Québec. Nous sommes indépendants et travaillons la plupart du temps avec des écrivains dont la notoriété reste à créer entièrement. C’est le défi qui nous anime tous les jours. Il n’y a pas (encore !) de Marc Lévy et autres Guillaume Musso dans notre catalogue, mais certains de nos auteurs ont déjà réussi à se faire un nom dans les médias et c’est toujours une grande satisfaction pour nous quand nous obtenons une recension intéressante.
Nous sommes par ailleurs une équipe jeune et faisons en sorte d’insuffler notre dynamisme à nos auteurs. Quand le temps est gris, que la nuit a été trop courte et que le Stade toulousain a perdu son match du week-end, on trouve toujours quelqu’un (qui n’aime pas le rugby et s’est couché tôt) à la machine à café pour nous remettre d’aplomb !
Quel est votre rôle en tant que responsable d’édition ?
En coordonnant les différentes personnes qui œuvrent à l’édition d’un livre, j’ai un point de vue global sur notre activité. J’interviens dans la prise de contact avec des auteurs potentiels, la réalisation des maquettes, l’impression des livres, la promotion auprès des médias, les relations avec les libraires, et je suis le référent privilégié de nos auteurs. Bien sûr, une part non négligeable de mon emploi du temps est consacrée à des tâches administratives, mais mon travail relève essentiellement du domaine relationnel et c’est ce qui le rend chaque jour différent.
Quelle est la place des RP dans vos stratégies de communication et marketing ?
Dans la mesure où nous ne pouvons pas toujours mettre en œuvre les mêmes moyens de promotion que les grands groupes éditoriaux, la presse représente le vecteur principal de nos démarches de communication. Pas question pour nous de placarder le portrait de nos auteurs sur les bus de ville ou d’inonder les rayons des grandes surfaces avec nos nouvelles parutions ! Un bon accueil de nos livres par les médias est donc le meilleur levier que nous puissions espérer pour accroître notre visibilité auprès des lecteurs et des libraires. Nous apportons ainsi un soin tout particulier à l’élaboration de nos supports de relations presse (dossiers de presse, communiqués, etc.) et à un ciblage adéquat des médias que nous contactons pour chaque nouveauté.
La spécificité du domaine de l’édition en ce qui concerne les RP est que nous communiquons moins sur une marque durable que sur des produits ponctuels. Bien sûr, lorsqu’un article paraît sur un de nos livres dans un média influent, nous gagnons en crédibilité et en audience en tant qu’éditeur, mais l’impact est beaucoup plus important sur le livre lui-même. De sorte que pour chaque ouvrage il nous faut presque repartir de zéro : travailler pour obtenir les premières recensions, puis espérer qu’un effet « boule de neige » se mette en place et entraîne d’autres recensions dans des médias de plus en plus influents. De ce point de vue, le maillage de la presse régionale est pour nous une base fondamentale, que nous concevons comme un tremplin vers une promotion de plus grande envergure.
Les médias sociaux sont-ils un enjeu pour la communication de votre entreprise ?
À l’évidence, les médias sociaux sont un enjeu, bien que nous y accordions pour l’instant moins de temps que ce que nous accordons aux médias traditionnels. Aujourd’hui, nous utilisons presque exclusivement Facebook, mais nous planchons sur une stratégie plus diversifiée.
À notre échelle, les réseaux sociaux ont deux fonctions principales : relayer des contenus créés sur d’autres supports, la plupart du temps des articles de presse, et créer un contenu spécifique, complémentaire des contenus existants. Dans les deux cas, ils nous servent à développer une relation de proximité avec nos lecteurs, que nous avons finalement assez peu par ailleurs, puisqu’elle est traditionnellement l’apanage des libraires. Au-delà des seuls contenus, le message que nous diffusons via les médias sociaux se veut également différent, souvent plus décontracté et forcément plus interactif.
En définitive, les médias sociaux nous permettent de développer notre image de marque, d’instaurer des repères durables sur l’identité de notre maison d’édition, en fidélisant des lecteurs plus sur notre manière de pratiquer notre activité que sur des ouvrages isolés ; ce que nous permettent beaucoup moins les médias traditionnels. Les deux sont donc complémentaires.
Que pensez-vous des bandes-annonces pour promouvoir un livre ?
Cela peut être un support intéressant, à condition qu’elles procurent un supplément d’information par rapport aux autres supports. S’il s’agit simplement de dupliquer les textes du dossier de presse ou de la quatrième de couverture sur fond d’images anodines, cela n’apporte pas grand-chose. En revanche, s’il s’agit d’utiliser des procédés propres à la création cinématographique, cela enrichit réellement la promotion d’un ouvrage et participe à une diversification des modes de communication qui est toujours appréciable. Les formats cinématographiques courts se prêtent par exemple très bien à certaines formes de lancements anticipés, de type « teaser », qui reposent sur l’instauration d’un climat d’attente.
Quoi qu’il en soit, de manière plus prosaïque, la vidéo est avant tout un mode de communication très adapté aux usages contemporains, qui est de toute façon destiné à occuper de plus en plus de place, indépendamment de la spécificité des contenus à diffuser.
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Entretien mené par Charlotte Robert