Culture RP a rencontré Bloomr, nous avons demandé aux responsables du site en quoi ce projet collectif peut changer les relations entre les jeunes et le monde professionnel, grâce au digital.
A partir de quels constats vous vous êtes dit qu’il fallait proposer une interface de témoignage et d’échange entre jeunes et professionnels heureux ?
Nous pensons que la jeunesse et le monde professionnel sont anormalement éloignés et que beaucoup de jeunes font des choix d’orientation sans prendre en compte ce que peut leur dire ce monde professionnel, qui est pourtant celui dans lequel ils vont atterrir…il ne faut pas s’étonner ensuite que la transition vers l’emploi soit douloureuse. Il est par ailleurs flagrant que la période actuelle est difficile pour beaucoup de ces jeunes, qu’ils manquent de repères et de confiance en l’avenir, et qu’il n’y pas assez de transmission intergénérationnelle dans notre société. Notre initiative de va pas tout résoudre, mais nous essayons d’apporter notre pierre à l’édifice.
Quelles sont vos motivations ?
Nous pensons que le digital est un formidable moyen pour fédérer des communautés de personnes qui partagent des valeurs communes, au service d’autres communautés qui ont besoin d’aide. Nous pensons aussi que la technique devrait être mise avant tout au service de l’humain et de la société, et que les critères humains et sociaux devraient plus souvent primer sur les critères économiques, l’argent n’étant qu’un moyen et non une fin.
Comment ça marche ?
Ce qu’il faut bien comprendre dans notre démarche, c’est que nous construisons Bloomr de manière très incrémentale, et que la mise en place de chaque brique amène son lot d’informations qui influence le choix de la brique suivante. La première étape est en cours et consiste à faire témoigner des professionnels de tous horizons sur leur métier, leur parcours, sur les raisons pour lesquelles ils aiment ce qu’ils font, sur les conseils qu’ils aimeraient donner aux jeunes. Nous pensons que bâtir un univers avec ce contenu, dans lequel un jeune peut se promener avec plaisir, peut déjà apporter beaucoup. Pour la suite, nous avons un principe fort qui est la maîtrise par le professionnel de son niveau d’implication : cela ne doit en aucun cas devenir une contrainte pour lui et il est évidemment libre d’interrompre sa participation quand il le souhaite.
Vous avez la volonté de bâtir un réseau de 100 000 volontaires, au service de l’orientation des jeunes. Comment comptez-vous y arriver et à partir de quelle communication ?
Le chiffre de 100 000 est le marqueur de notre ambition, il est là pour dire que nous croyons à cette capacité formidable qu’a le digital à s’adresser au monde entier très facilement et presque gratuitement. Nous avons d’ailleurs déjà observé cet effet en voyant arriver sur Bloomr des personnes du Québec, de Suisse, de Belgique ou du Sénégal. Plus concrètement, nous pensons qu’internet et les réseaux sociaux sont de formidables caisses de résonance pour les projets positifs et nous allons essayer d’exploiter au maximum ces leviers : nous faisons le pari que le positif est contagieux. Nous n’avons d’ailleurs pas beaucoup d’autre choix puisque nous sommes bénévoles et que le temps n’est pas extensible…
Est-ce que vos « membres » participent à cette communication digitale, du réseau, ou faites-vous appel aux relations publics, aux journalistes ?
Oui bien sûr, beaucoup de professionnels présents sur Bloomr relaient notre existence sur les réseaux sociaux qu’ils fréquentent et dans leur entourage. Nous ne faisons pas appel aux relations publiques ou aux journalistes, essentiellement par manque de temps et de connaissance de ce « monde », mais nous avons la chance d’être contactés ou repris par des journalistes qui aiment notre projet et ont envie de le faire connaître.
Comment utilisez-vous Twitter pour votre communication ?
Nous avons au départ utilisé Twitter pour parler de notre projet et entrer en contact avec des professionnels au sens large afin de tester l’idée que nous avions. Dans un second temps, nous avons ciblé grâce à Twitter des professionnels exerçant des métiers précis afin d’avoir assez vite une diversité de métiers intéressante pour les jeunes. Et enfin en ce moment, nous diffusons les témoignages de nos volontaires, à destination de qui veut bien les lire, jeunes ou moins jeunes ! Twitter est franchement un outil incroyable, gratuit, avec lequel il est très facile de cibler, et où « tout le monde est en jean » : on s’adresse à tout le monde de la même façon, il n’y a pas de barrière, et cela génère ensuite un nombre de rencontres physiques dans le monde réel extrêmement enrichissantes. C’est aussi bien sûr pour les autres un moyen de venir vers nous, et de relayer notre message s’ils le souhaitent.
Voici quelques témoignages de professionnels inscrits sur Bloomr, nous leurs avons demandé de nous dire pourquoi ils se sont engagés dans cette aventure humaine et digitale :
Audrey, Consultante en stratégie digitale: « La question est un peu tricky de prime abord, ne serait-ce que parce que je n’ai pas vraiment réfléchi et que Bloomr s’est présenté comme une évidence. C’est effectivement une aventure humaine, et c’est ce qui prime. Le digital, c’est secondaire. Mais l’association des deux est évidente : on partage son expérience, ses connaissances, avec le plus grand nombre, mais surtout avec des personnes qui n’auraient peut-être jamais eu l’occasion de nous rencontrer, d’avoir ce retour d’expérience. »
Guillaume, Chargée de communication: « Ce qui m’a séduit dans la proposition de Bloomr, c’est justement son côté très humain. Mon expérience de l’orientation professionnelle est encore marquée des fameuses « fiches métiers » où étaient froidement alignés des compétences, des qualités, des études-types, …Tout le contraire de la « vraie » vie professionnelle en soi. Qui peut aujourd’hui se vanter d’avoir eu un parcours aussi rectiligne qu’il est dessiné sur ces fiches ? Je reste persuadé que la question du choix d’une profession doit avant tout être une question de passion et d’inspiration. Quoi de mieux que de l’humain pour atteindre ce but ? »
Richard, Community manager: « A 40 ans, je fais partie d’une génération qui n’a pas grandi avec internet, mais qui a appris à s’en servir. J’ai des souvenirs très précis d’une époque où les opportunités pour rencontrer des professionnel(le)s en exercice étaient fort rares, ce qui était très handicapant pour tout ce qui a trait à l’insertion dans le monde du travail. Les réseaux sociaux ont changé la donne et je pense que c’est de la responsabilité individuelle des acteurs d’une filière que d’accueillir celles et ceux qui en sont l’avenir : Bloomr fait donc des initiatives à laquelle j’adhère sans hésiter et avec un grand enthousiasme. »
Anaïs, Chargée de communication: « J’ai aimé la dimension optimiste et collaborative du projet Bloomr, le site est agréable, simple et lisible. Quand on lit les interviews, on voit bien que ça attire beaucoup de passionnés désireux de partager. Dans un contexte où on nous angoisse avec la crise qui dure, il est bon de rappeler que nous sommes maîtres de nos choix, que des gens travaillent et pas forcément par défaut ! A partir du moment où on a les bonnes cartes, qu’on nous apprend à nous en servir et qu’on est persévérant, volontaire, je pense que beaucoup de choses sont encore possibles. Des gens continuent de se faire embaucher chaque jour ! »