Culture RP a rencontré Yuki Martin, community manager du Groupe IGS Paris.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes devenu community manager ?
Quand j’ai fait mes études, le community management n’en était qu’à ses balbutiements. De ce fait, j’ai d’abord exploré différents métiers de l’information/communication : journalisme, relations presse, événementiel… Au fur et à mesure de leur apparition, j’ai testé et utilisé les réseaux sociaux de façon personnelle puis bien sûr, dans le cadre professionnel.
Il y a une certaine perméabilité entre les différentes professions de la communication, j’ai « glissé » de l’une à l’autre jusqu’à ce que le métier de community manager s’impose à moi.
Curieuse de nature et à l’affût de nouveautés, il s’est révélé le meilleur moyen de lier mes passions et mes compétences : le journalisme, et de façon plus générale, la production de contenus, l’événementiel et le marketing.
De quelle manière avez-vous décidé de promouvoir, de partager vos centres d’intérêts (#communication, #socialmedia, #cinéma, #écologie, #gastronomie)?
J’ai une prédilection pour Twitter car ce réseau social me permet d’échanger avec des milliers d’internautes qui ont des centres d’intérêts semblables aux miens.
J’y recherche et partage des informations sur mon secteur d’activité : communication, marketing… et sur des sujets qui me tiennent à cœur comme l’écologie, mais également des sujets plus légers comme mes découvertes cinématographiques (utilisatrice de la carte UGC, je suis une boulimique de films ! rires). J’utilise aussi beaucoup Pinterest qui se prête parfaitement à une autre de mes passions : la gastronomie ! J’y fais découvrir des recettes, des idées de sorties culinaires etc. Quand je souhaite tester un service, je vais systématiquement lire les avis des consommateurs qui me sont la plupart du temps très utiles, c’est pourquoi je rédige des avis sur les restaurants que je teste sur des sites tels que La Fourchette ou trip advisor.
Par quels moyens, outils recueillez-vous les contenus qui vous intéressent et comment voyez-vous la curation de contenu ?
Nous sommes en permanence menacés par l’infobésité. La curation de contenus s’avère donc essentielle. Non seulement le curateur sélectionne les contenus intéressants et pertinents, mais il les analyse et les contextualise avant de les partager. C’est vraiment là sa valeur ajoutée. Personnellement, j’utilise Feedly et des googles alertes pour identifier des thèmes et regrouper les contenus. Scoopit me permet quant à lui de structurer et d’organiser ces contenus puis de les partager sur différents réseaux sociaux, essentiellement Twitter. Pinterest est également un formidable outil de curation visuel et qui plus est, très pratique.
Les utilisateurs de médias sociaux comme Facebook ou Twitter seraient peu susceptibles d’exprimer des opinions positives sur les produits ou les services qu’ils ont l’habitude d’utiliser. Pourquoi selon-vous, les utilisateurs des médias sociaux sont-ils si réticents à «liker» une marque de commerce?
On peut tout trouver sur le web : des avis de consommateurs, des tests produit etc. Aussi, les « consommacteurs » sont plus informés, et donc à la fois plus méfiants et exigeants. Néanmoins, je n’irais pas jusqu’à dire que les internautes sont réticents à liker une marque de commerce : pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, 29 millions de personnes ont liké la page Nutella. Ce que l’on remarque en revanche, c’est que « les médias sociaux, comme Twitter et Facebook […] rendent les gens moins enclins à exprimer leurs opinions, en particulier quand ils pensent que leurs points de vue seront différents de ceux de leurs amis », comme nous le prouve l’étude du Pew Research Internet Project* (*cette étude analyse le fonctionnement de l’opinion publique lorsqu’il s’agit d’exprimer son point de vue sur un fait d’actualité ou de société.)
Vous ne semblez pas avoir de blog, est-ce un choix, si non est que vous comptez en créer un, ou bien avez-vous une préférence pour un média social ?
Je suis une grande lectrice de blogs mais n’en ai pas créé pour le moment. Les sujets qui me tiennent à cœur sont tellement variés que j’ai du mal à trouver une ligne éditoriale sous laquelle les regrouper (rires). Néanmoins je rédige des articles pour différents webzines, je suis notamment rédactrice écologie pour le magazine féminin Sowhat.
Marie-Hélène Di Benedetto dans son article « L’engagement, on s’en fiche ! » publié sur le blog du Journal du Community manager nous explique que « l’engagement n’est qu’un outil qui doit supporter votre stratégie marketing globale. La clé de votre succès réside dans les liens que vous ferez entre l’engagement et les objectifs de votre business« . Qu’en pensez-vous ?
Le titre de son article est délibérément provocateur. Cela dit, elle met en évidence une tendance lourde : la course à l’engagement. Certes, ce dernier nous permet de mieux connaître notre communauté et nous indique si le contenu proposé correspond à son attente. Mais nous aurions tort de nous focaliser sur ce seul indicateur. Premièrement parce qu’il nous faut prendre en compte des indicateurs différents en fonction de notre produit et de notre objectif final. Et par ailleurs, de même que les réseaux sociaux ne peuvent être dissociés d’une stratégie marketing globale dont ils ne sont qu’un levier, l’engagement n’est qu’une des façons de parvenir à notre objectif final (conversion, réassurance etc.) mais n’est pas une fin en soi.