Culture RP a rencontré Rémy Hoche, Responsable communication, relation médias et coordination éditoriale du Cube
En un peu plus de 10 ans, Le Cube s’est imposé en France et à l’étranger comme un lieu précurseur et emblématique de la “révolution numérique” dans le domaine de la création. Pouvez-vous nous le présenter en quelques chiffres ?
C’est vrai que depuis plus de 10 ans, Le Cube accompagne cette « révolution numérique » non seulement sur le champ artistique, mais également en s’intéressant à ses impacts sur la société. C’est un lieu ouvert à tous, quels que soient son âge et son approche du numérique, pour découvrir, pratiquer, créer et échanger. Ses actions se développent autour de 3 axes fondateurs : l’accès aux pratiques créatives du numérique pour tous les publics, le soutien à la production artistique, et la diffusion des arts numériques.
Le Cube propose :
– 600 événements et 1000 artistes programmés depuis son ouverture
– une vingtaine d’artiste en résidence de création chaque année
– un festival d’art numérique en plein air organisé en biennale.
– une série d’émission de télévision interactive « Les Rendez-vous du Futur »
– environ 5000 heures de pratiques numériques tout public par an
Durant ces 10 années, quelle a été la place de la communication et des RP dans votre stratégie de développement ?
Dès l’origine, la communication et les RP ont été au cœur de notre stratégie de développement. En effet, quand Le Cube a ouvert ses portes il y a 11 ans, c’était une sorte d’ovni culturel, une institution artistique d’un nouveau genre. Parler de « centre de création numérique » en 2001, cela avait presque valeur de manifeste, car ce terme était peu répandu auprès du grand public et ne faisait pas l’unanimité chez les professionnels de la culture. Nous savions qu’il nous faudrait du temps pour installer durablement Le Cube dans le paysage culturel français. La communication a alors joué tout son rôle.
Conscient de la nature « avant-gardiste » du projet, nous avons fait le choix d’une communication quasi « pédagogique », tant auprès du grand public qu’en direction des médias. Au fil du temps, nous avons tissé des liens privilégiés avec des relais d’opinion ciblés qui nous ont aidés à faire connaitre Le Cube et à le faire reconnaître comme étant une structure pilote et pionnière en matière d’innovations artistiques. Aujourd’hui encore, l’enjeu de communication participe à ce développement, tant au niveau national qu’international.
Adaptez-vous votre communication en fonction des événements, expositions, rencontres ?
L’une des grandes richesses du Cube, c’est qu’il propose des événements très variés pour un public tout aussi divers. De l’atelier sur tablette tactile pour tout-petits à une performance audiovisuelle expérimentale ou un programme d’émissions interactives, nos événements concernent une multitude de publics. Et notre communication doit s’adresser à tous ces publics ! Le discours et la forme s’adaptent donc bien entendu. Cependant, quels que soient les publics auxquels nous nous adressons, il est important de conserver sa cohérence. Nous maintenons une vraie exigence sur la qualité de notre communication, tant sur la forme (le graphisme notamment) que sur le fond (notre niveau de discours).Les différents canaux de diffusion Web permettent aussi d’adapter plus facilement la communication en fonction de l’événement et des communautés que l’on souhaite toucher. Et nous ne négligeons pas non plus la communication locale, essentielle pour toucher un public de proximité.
En tant que Responsable de la communication, faites-vous une distinction entre RP classique et 2.0 ?
Même si c’est une évidence de le dire, l’arrivée du numérique, et plus spécialement des réseaux sociaux, ont considérablement changé notre manière de communiquer. En quelques années, les métiers de la communication se sont transformés et les filières professionnelles spécialisées dans la communication 2.0 sont aujourd’hui quasiment la norme. Donc oui, le 2.0 a tout changé et implique de nouvelles pratiques. Mais il ne faut pas l’opposer avec les RP classiques. Cela doit se travailler de concert, en cherchant à mutualiser au maximum ces deux types d’approche.
Si oui les médias sociaux ont-ils une place prépondérante ?
Bien sûr ! Nous sommes à l’ère de la communication relationnelle, quasi personnalisée. De la bonne vieille newsletter aux applications de géolocalisation les plus en pointe, nous pouvons aujourd’hui nous adresser directement à un individu ou à un groupe partageant les mêmes intérêts, et entrer en relation avec eux. Au Cube par exemple, nous avons très tôt cherché à constituer des communautés qui nous suivent et interagissent avec nous. Nous sommes très heureux de les voir actives, attentives et réceptives aux contenus que nous leur proposons.
Car l’enjeu est là : il ne suffit pas d’être sur (tous) les réseaux sociaux et se contenter de donner une information en espérant qu’elle soit vue par le plus grand nombre. Il faut offrir du contenu intéressant, pertinent et en adéquation avec le public auquel on s’adresse. Ce qui implique de devenir non seulement producteur de contenus, mais ce qui nécessite aussi une éditorialisation de ces contenus. La communication doit s’éditorialiser pour que ces contenus deviennent de véritables vecteurs de communication. C’est ce choix que nous avons fait au Cube depuis 2011, en me confiant notamment la coordination éditoriale des contenus.
J’ai la chance au Cube d’évoluer dans un environnement artistique foisonnant, en contact direct avec la création la plus actuelle. Les sujets ne manquent donc pas, et nous réalisons 2 à 3 productions audiovisuelles par mois, des interviews d’artiste aux reportages sur l’éducation numérique, en passant par notre émission de télévision interactive « Les rendez-vous du Futur »ou encore la Revue online du Cube*. Cette orientation témoigne selon nous de l’importance du 2.0 dans les stratégies de communication où le public visé n’est plus seulement considéré comme une « cible », mais bien comme un visiteur distant auquel il faut offrir un contenu spécifique, au même titre qu’un spectateur « physique » venant assister à un événement culturel. En se sens, Le Cube tend aussi à devenir un média.
* Le 3e numéro de La Revue du Cube consacré à « La confiance à l’ère du numérique » est consultable en ligne gratuitement sur www.cuberevue.com