Les crises économiques se sont succédées dans notre histoire et l’analyse du passé montrent que ces phénomènes sont cycliques. Le développement du numérique dans la société ne peut être accusé d’avoir créé la crise économique actuelle mais il l’a accentué.
La raison principale de cette accentuation n’est pas liée directement à la digitalisation de la société, qui est plutôt un changement structurel de notre société, mais plutôt à l’angle d’attaque d’internet qui est la gratuité ou les prix bas.
Cela a conduit le consommateur à penser qu’il pouvait tout obtenir pour presque rien.
Des secteurs entiers de l’économie basés sur des prix de vente permettant d’assurer la production et de dégager des marges permettant de payer des salariés et donc de donner du pouvoir d’achat à des consommateurs se sont effondrés.
Bien sur de nouveaux acteurs ont pris la place mais sans produire de la valeur permettant au cercle marge / paiement des salariés /consommation de survivre.
En 1998 un étudiant américain crée Napster et c est le début du Peer to Peer. Aujourd’hui 450000 films sont téléchargés sans payer par jour et 11, 1 milliards de fichiers sont acquis par an sans licence en France. C est gratuit et bien pour l’internaute mais pour la société c’est une faillite. Qui paie la création et que vont devenir les distributeurs tel Virgin.
En 2011 Paru vendu a déposé le bilan avec 1650 emplois directs supprimés et un grand nombre de sous-traitant impactés. Le CA publicitaire des journaux d’annonces gratuits était d’environ 400 ME. Le bon coin est passé par là et on doit être aujourd’hui à quelques dizaines de millions d euros seulement avec beaucoup moins de salariés.
Le prochain secteur qui sera touché est celui de l’optique qui est aujourd’hui rémunérateur pour les sociétés y exerçant mais qui fait vivre un grand nombre de prestataires et de sous-traitants. La vente des lentilles à -50% va entraîner un phénomène de baisse des marges et donc de perte d’emploi dans la chaîne de production globale.
Les mécanismes de financement des entreprises du web participent également à cette perte de valeur. Quand par exemple Groupon perd chaque année énormément d’argent financé par des investisseurs en s’attaquant à des marchés publicitaires locaux qui faisaient vivre beaucoup d’acteurs locaux jusque là .
En résumé la transformation numérique de la société est inéluctable et se poursuivra mais cela ne nous permettra pas de sortir de la crise car la création de valeur du numérique est bien inférieur à la valeur antérieure surtout en terme de création d’emplois
Il nous faudra être plus intelligent qu’une tablette pour trouver un nouveau modèle de société
Roland ANDRE
Directeur MEDIAPOST LOCAL
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Propos recueillis par Alexia Guelte Morot, Responsable Communication Externe de l’Argus de la presse.