Et pourquoi pas nous ? C’est ce que se sont dit en décembre 2013 ces 4 jeunes journalistes lorsqu’ils ont commencé à réfléchir à la création de leur propre site d’actualité. Un média qu’ils veulent d’un genre nouveau et qui fait la part belle au reportage, à la rencontre et au récit. Aujourd’hui, tout est en place. Le projet Zephyr commence à prendre forme sur le net. Mais pour aller encore plus vite, nos 4 journalistes entrepreneurs ont décidé de lancer, auprès des internautes une campagne de Crowdfunding qui est actuellement en cours. Philippe Lesaffre, un des 4 fondateurs, a bien voulu nous parler de leur projet.
Parlez-nous en quelques mots du futur site le Zéphyr Mag ?
Ce sera un site web culturel et de société fait de reportages, de récits et de rencontres. Ce ne sera pas de l’information en continu car d’autres le font très bien. On veut expliquer le monde en mouvement et comprendre ce qui se passe autour de nous et pas seulement en France mais ailleurs dans le monde. C’est pourquoi l’idée est d’aller plus loin, de dépasser les frontières et de s’ouvrir à d’autres perspectives. On veut également innover dans le style d’écriture pour que l’on puisse lire des choses tournées de manière un peu plus littéraires.
Un peu plus littéraire mais aussi un peu plus long ?
Ce sera quelque chose de long, il y aura des papiers plus longs mais aérés. Ce que l’on veut faire c’est du slow média en prenant le temps de comprendre ce qui se passe. Mais tout ne sera pas long. Pour nous, le plus important est de raconter des histoires et de témoigner du monde en mouvement et d’aller à la rencontre des personnes car on veut donner de l’importance aux témoignages que cela soit des personnes anonymes ou pas. On défend le fait que tout le monde a une histoire à raconter.
Prendre le temps de raconter une histoire et faire du slow média, c’est quelque chose que l’on voit de plus en plus aujourd’hui. Dans quelle mesure vous vous inscrivez dans cette tendance ?
On s’inscrit totalement dans cette tendance. Il y a de nombreux sites qui existent comme Ulyces, l‘Ijsberg ou le Quatre Heures par exemple. On veut en faire partie parce qu’actuellement le web est dominé uniquement par des médias qui font de l’actualité chaude. On est beaucoup à vouloir se lancer dans le slow média. C’est à nous de nous démarquer en faisant quelque chose qui nous ressemble.
Y-a-t-il un public prêt à vous suivre ?
Officiellement, tant que l’on ne s’est pas lancé, on ne le sait pas. On est justement entrain de tester. On a fait nos enquêtes pour déterminer comment on pourrait faire, quel public pourrait nous lire. Néanmoins, pour tester le marché il faut tout simplement se lancer et voir quelles sont les réactions. Pour l’instant, on a eu des retours positifs et on nous encourage. Maintenant, la suite, c’est que l’on nous encourage aussi financièrement pour que l’on puisse écrire toutes ses histoires que l’on veut raconter.
C’est pourquoi vous êtes sur le point de lancer une campagne de crowdfunding. Quel est l’objectif ?
Cette campagne de crowdfunding va nous aider à financer le développement du site web parce qu’on est journaliste et non développeur. On a envie de faire quelque chose qui tient la route et pour cela, on a besoin de rémunérer un développeur. En plus, demander de l’argent à un public, c’est une superbe occasion pour créer une communauté, voir si le projet fonctionne et s’il rencontre des lecteurs. C’est le meilleur moyen pour avancer.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le… #zephyrmag (sans jamais oser le demander) >> http://t.co/xnh0ci0dlr #WoodyAllen
— Le Zéphyr (@zephyrmag) 5 Février 2015
Ensuite, quel modèle économique voulez-vous mettre en place ?
A terme, on veut mettre en place un site avec une version payante et une version en libre accès. Au départ, on aimerait que cela soit ouvert à tous avec un tarif libre et au bout de quelques mois, mettre en place une version payante et une version gratuite.
Comment vont s’organiser les rubriques du Zéphyr Mag ?
On a envie de ne pas faire des rubriques traditionnelles comme les médias classiques. On veut faire quelque chose de différent. Du coup, pour la version payante, on aura 3 rubriques.
D’abord, le Feuilleton qui donnera la parole à de jeunes auteurs pour revenir à la tradition littéraire de la presse du 20ème siècle.
Ensuite, le Dossier traitera d’une actualité en particulier déclinée sous différents formats et points de vue. La Rencontre, c’est l’idée d’aller voir quelqu’un et de se nourrir de ce qu’il a à raconter tout en recueillant un témoignage par rapport à une actualité. C’est une grande interview, c’est l’invité du Zéphyr en quelque sorte, qu’il soit connu ou pas.
En ce qu’il concerne la partie gratuite, on aura Cold Case où il s’agira de raconter le passé pour mieux expliquer et mettre en contexte le présent. Il y aura également la rubrique Paroles où l’idée est de rencontrer des gens un peu partout en France parce que l’actualité est aussi en face de chez nous.
Et pour finir, la rubrique La Graine fera place nette à des personnes qui ont des projets. C’est un peu du journalisme positif et on a envie de raconter des nouvelles plus joyeuses et plus agréables à lire. Il y aura encore d’autres rubriques mais on veut garder une partie de mystère sur leurs appellations… Elles viendront par la suite.
Votre site vitrine met en avant des termes comme journalisme citoyen, plateforme collaborative, laboratoire éditorial, espace de co construction. En quoi ces termes reflètent ce que sera le Zéphyr ?
On a envie de donner la parole aux lecteurs et de ne pas faire un journal de journalistes sans que le public ne puisse avoir son mot à dire. On se dit que l’on n’est pas forcément calé dans tous les domaines. Du coup, on peut imaginer que les lecteurs aient des connaissances que l’on n’a pas et que l’on leur laisse la possibilité de nous faire part de leur expertise. La co construction, c’est vraiment donner la possibilité au lecteur de donner son avis – de commenter évidemment – et même de choisir des sujets d’articles grâce à un vote par exemple
Quels conseils donneriez-vous à d’autres qui comme vous voudraient monter leur site ?
Tout simplement de se lancer et d’essayer d’aller voir ce qui se fait ailleurs. Ce n’est pas évident. Tout projet mérite d’exister parce que c’est le marché qui détermine si cela marche ou pas et donc c’est pour cela qu’il faut se lancer. Je pense que si je rencontre des jeunes qui veulent aussi fonder leur média comme nous, je leur dirai Allez-y !
N’hésitez pas !
par Alexander Paull