Culture RP a rencontré Karine Baudoin, rédactrice et attachée de presse indépendante
Karine Baudoin, quelles valeurs mettez-vous en avant ? Diffèrent-elles selon les clients ?
Je suis consultante indépendante. J’arrive devant un client avec mes références professionnelles, mon histoire personnelle etles valeurs qui guident mes actes. Je mets en avant telle expérience ou telle compétence en fonction du domaine d’activité du client et de la nature de sa demande. Mes valeurs, elles, ne sont pas négociables. Je me suis longtemps investie au sein de la Jeune Chambre Internationale : je crois en la capacité qu’a chacun(e) de progresser et d’œuvrer pour le bien commun, à la solidarité et à la force de l’engagement. Et je m’engage au mieux pour le respect des droits humains. Un industriel appréciera ma connaissance de la presse économique et ma capacité à appréhender son métier ; une association comme Le Refuge, dont je suis partenaire, sera sensible aux valeurs que je porte.
Quelles sont selon vous les bonnes pratiques d’une attachée de presse pour avoir bonne réputation ?
Nous parlions de valeurs : la réputation se construit sur le duo compétences/valeurs humaines. Se comporter dans l’exercice de sa profession comme en dehors, être cohérent avec ses valeurs personnelles est donc essentiel pour poser les bases d’une réputation. La réputation d’un(e) «relationniste médias» (terme parlant de mes amis québécois) se bâtit auprès de ses clients, de ses interlocuteurs journalistes, de ses consœurs et confrères… L’attitude personnelle, les compétences professionnelles et le respect de la loi et des codes déontologiques qui régissent la profession suffisent à faire d’un attaché de presse un professionnel respectable.
Quelles méthodes et outils permettent de garantir une relation durable avec les médias ?
Nous disposons de nombreux outils pour gérer les relations médias ; ils évoluent avec la technologie et les usages. Choisir le plus approprié pour amorcer puis entretenir la relation suppose avant tout de bien connaître le média et notre interlocuteur quel qu’il soit : ses productions, ses méthodes de travail. Pour reprendre les termes d’une amie dont je défends les essais, les relations médias sont un «travail de fourmi et de papillon» tant la démarche exige de minutie, de labeur et d’envie de découvrir l’autre. Dans cet esprit, nous avons créé à Montpellier une association d’attachés de presse indépendants dont l’un des objectifs est de rencontrer des journalistes pour échanger sur nos pratiques et besoins respectifs.
De quelle façon intégrez-vous la communication digitale, les médias sociaux, dans votre démarche ?
Le numérique révolutionne nos métiers, attachés de presse et journalistes. Nous pouvons être frileux devant une mutation aussi importante, ou nous réjouir de la vivre au jour le jour et d’y prendre part, chacun à son niveau. J’ai mis en ligne une salle de presse. Je suis présente sur les médias sociaux pour y faire de la veille, donner un écho supplémentaire à mes communiqués, échanger avec des journalistes et des confrères, coopérer. Mes fichiers se sont enrichis de contacts blogueurs. J’intègre les médias sociaux à mes recommandations stratégiques… Je trouve passionnant de participer à la naissance d’une nouvelle forme d’information et de communication qui précède, je l’espère, une société réinventée, plus solidaire et favorisant la coproduction.
Vous intervenez au sein de l’ISCOM Montpellier. Que représente la formation pour vous ?
Une rupture dans mon quotidien d’attachée de presse et un défi, celui de faire comprendre les grands principes et les ficelles d’un métier en mutation. Enseigner les relations médias aux étudiants de 3e année, c’est leur transmettre un savoir-être et un savoir-faire, témoigner de l’évolution du métier, leur livrer mes propres interrogations et ouvrir le débat. L’Ecole ma donné carte blanche pour inviter Jean-Jacques Cros cet automne et discuter avec lui de l’avenir des médias. Les échanges entre un journaliste expérimenté et de futurs communicants s’annoncent riches et animés!
Comment voyez-vous l’évolution des relations médias ?
Quels seront les médias demain ? Comment pèseront-ils sur la réputation d’une entreprise ou d’une institution ? Difficile de répondre et donc d’imaginer l’avenir des relations médias. Le terme « attaché de presse » est désuet, nos missions s’élargissent. Les prises de parole se multiplient, les citoyens échangent en direct avec les marques, les pôles d’influence se diversifient : les relations avec tous les publics s’imposent dans une société où la confiance se mérite. Charge à nous de respecter l’esprit du visionnaire Lucien Matrat !