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Plus tôt un décideur est informé, plut tôt il peut décider ;
et mieux il est informé, mieux il peut décider. Fabrice Piofret PDG – Veilleur des Médias
En Afrique comme ailleurs, les mêmes mécanismes d’influence, de mesure, de réputation sont à l’œuvre et étroitement corrélées entre trois entités complémentaires : la confiance, la croissance et l’influence.
Fabrice Piofret est PDG du Groupe Veilleur des Médias qu’il a fondé en décembre 2013. Son agence est aujourd’hui présente en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Sénégal et au Gabon.
En 2016, il contribue activement à la création de la French Tech Abidjan, pour laquelle il est aujourd’hui Community Lead. Il crée Sinilab début 2018 avec Ange Frédérick Balma (CEO Lifi Led), un laboratoire d’objets connectés, favorisant l’accompagnement de startup. Il est également administrateur de la Fondation Kaydan Project qui oeuvre pour la promotion de l’entrepreneuriat en Côte d’Ivoire.
Comment définissez-vous votre activité, et quelles sont généralement les attentes de vos clients ?
Veilleur des Médias est, comme son nom l’indique, un expert de la veille médiatique. Nous permettons aux professionnels de la communication d’avoir rapidement accès à l’information stratégique et d’assurer ainsi une meilleure gestion de leur exposition médiatique. Nos clients en Afrique de l’Ouest commencent aujourd’hui leur processus de transformation digitale et se rendent compte que l’externalisation de ce type de prestations leur apporte plus d’avantages et de confort dans leur travail. Avoir un veilleur avec soi, cela rassure. Les décideurs y trouvent des outils clés en main qui leur permettent de décider mieux et plus vite.
Quand je me suis installé en Côte d’Ivoire, aucun budget n’était alloué à la veille média. Il a fallu faire un travail de pédagogie très important pour expliquer les bienfaits de nos solutions. Encore aujourd’hui, de nombreux services de communication conservent en interne le suivi médiatique de leurs activités. Ils perdent beaucoup de temps et d’énergie… mais parfois il faut bien justifier quelques salaires.
Diriez-vous qu’il existe une différence dans les relations aux médias en Afrique et en Europe, et si oui laquelle ?
Oui, il y existe quelques différences. Il faut comprendre le contexte : la presse en Afrique de l’Ouest (c’est la région dans laquelle je vis et pour laquelle je peux émettre un avis) est dépendante des pouvoirs publics et politiques. Sans aide… pas de tirage. Les ventes de journaux sont encore insuffisantes et les journalistes n’ont pas suffisamment de moyens pour élaborer des papiers de fond. La presse reste partisane ; les journalistes touchent des per diem ; la distribution des journaux, en dehors des capitales, est problématique… Mais la presse est loin d’être morte. Le rôle de ce média reste primordial dans la transmission et la véracité de l’information. Donc il faut composer avec tous ces éléments quand on cherche à élaborer des relations presse.
Quel(s) conseil(s) en communication donneriez-vous à un nouvel acteur désireux de s’implanter en Afrique ?
Je conseillerai de respecter les canaux traditionnels d’information. Quand on débute en Afrique, soyons humbles, respectons les traditions. Rien ne vaut un papier dans la presse locale pour se présenter. C’est la presse qui légitime. Les journalistes participent aux conférences de presse et sont de plus en plus professionnels. L’affichage urbain est une excellente pratique pour se faire rapidement connaître. Pour toucher l’intérieur du pays, il faudra utiliser les canaux de la télévision nationale et des radios de proximité. Enfin la communication digitale prend son envol. Le taux de pénétration du mobile est de 133% en Côte d’Ivoire où plus de 20 millions d’utilisateurs consomment de la data mobile et 11 millions sont clients de solutions de mobile money.
En Afrique francophone, d’où vient l’influence désormais ?
Rien ne vaut un édito de Venance Konan dans Fraternité Matin en Côte d’Ivoire ou la lecture de Wambi dans l’Observateur Paalga au Burkina Faso… Mais ça… c’est pour les plus de 40 ans… L’influence se trouve désormais sur les réseaux sociaux.
Le digital se développe mondialement, et pour la troisième fois cette année, la communication digitale africaine sera au cœur des débats lors des prochains Adicomdays auxquels vous participez. Quels sont les apports de ces journées, et les attentes des acteurs de la communication en Afrique ?
Depuis 3 ans, Veilleur des Médias est partenaire de l’événement Adicomdays qui évoque la nouvelle vision de la communication digitale sur le continent africain. Cette année, le thème portait sur le pouvoir des communautés en ligne. Les contenus créatifs et originaux des influenceurs sont de plus en plus réfléchis et impactants pour les populations. Ces deux journées permettent de rassembler les professionnels de la communication en trois temps. Tout d’abord celui de l’expertise métier à travers un forum composé de keynote et de panels ; puis vient le temps de la découverte et de la récompense des talents créatifs à travers une soirée festive et enfin le temps « académique » avec différents ateliers de travail, de partage et de réflexion. Cela nous permet de renforcer nos capacités tout en créant du lien à l’ère de l’hyperconnexion.
L’enquête Africaleads réalisée par IMMAR MEDIA révèle l’appréciation des leaders d’opinion en Afrique sur différents sujets. Ils considèrent notamment le numérique comme le secteur ayant le plus progressé ces 5 dernières années. Parallèlement à cela, la sécurité et la politique sont perçues comme des domaines qui se détériorent. Les médias, notamment numériques, ont-ils un rôle à jouer dans ce contexte en grande mutation ?
Les médias représentent encore et toujours le 4ème pouvoir. Qu’ils soient au format papier ou au format numérique, ils vont jouer un rôle très important dans cette mutation. Cependant il est important d’éduquer et de former aussi bien la jeunesse que les professionnels par rapport aux rôles et à l’importance des médias. Nous constatons que la désinformation se développe car les réseaux sociaux sont utilisés comme seule source d’information.
La presse en ligne a un nouveau rôle à jouer dans la transmission de l’information et a certainement plus de capacité à être indépendante. La presse traditionnelle doit aussi prendre le virage du numérique. Trop peu de journaux ont leur propre rédaction en ligne et proposent des contenus digitaux et variés. Même les kiosques numériques ne sont pas correctement alimentés par les éditeurs. Le manque de ressources financières et de formation au marketing digital expliquent en grande partie ce retard.
Merci à Barbara Letscher, responsable des relations internationales.