Christian Veyre – Rédacteur en chef de Regards sur l’intelligence Economique, Vertitude Magazine, Pro-environnement.com et Informations Rapides de la copropriété.
Médias : une crise peut en cacher une autre !
Le 23 janvier dernier, Nicolas Sarkozy a annoncé un plan ambitieux de relance pour aider la presse écrite à sortir de la crise qu’elle traverse.
Ce n’est une surprise pour personne, l’économie des médias bat de l’aile. Contraction des ventes et des recettes publicitaires, augmentation des coûts du papier, concurrence du gratuit, absence d’un modèle économique établi sur Internet, handicaps structurels, retards dans l’évolution de son offre de contenus, interrogations quant à son métier et sa relation avec ses lecteurs .
Le modèle de « la double recette » – particularité unique en son genre et qui avait le mérite de garantir la relative indépendance des médias et qui a fait croire à certains que la presse était une « industrie culturelle » – s’effondre.
La presse, ce secteur économique
Dans son discours, le président de la République a rappelé: « la presse est un secteur économique », comme les autres, « où travaillent 100 000 personnes ».
Seulement voilà, la presse écrite pour être indépendante n’en est pas moins privée. Et envisager une nationalisation – même partielle et temporelle -, semble être tout, sauf une bonne idée.
Une solution : les aides de l’Etat
Réunis en conciliabule le 20 janvier à Paris, les professionnels du secteur ont formulé 14 propositions dans un « livre vert ». Trois ont été retenues : 1) le report d’un an de la hausse des tarifs postaux ; 2) le doublement des dépenses de l’Etat en achat d’espaces publicitaires (presse écrite et numérique), et enfin l’exonération de 30 % des charges sociales des kiosquiers. Le tout assorti d’aides directes et indirectes d’un montant de 600 M € sur trois anset de la reconnaissance d’un statut d’éditeur en ligne. D’un nouveau contrat social entre imprimeur et syndicat du Livre, il n’est pour l’instant pas question… Le tout : sans contrepartie. N’est-ce pas là déjà un gage d’indépendance ? La question reste ouverte.
Un modèle à inventer
Pourquoi la presse n’est-elle pas capable de mettre sur le marché une « voiture propre » ? Parce qu’elle a fait ce qu’elle sait le mieux faire : elle a été suffisante, s’est complu dans le discours, n’a pas anticipé… Bref, elle s’est coupée de ses lecteurs et de leurs besoins. Sa seule innovation en la matière étant d’offrir une breloque en toc à ses abonnés fidèles !
Avec Internet, tout le monde peut se prétendre journaliste. Notre plus-value, notre seule raison d’exister : revenir à l’essence de notre métier et proposer un cheminement, des pistes de réflexion. Le journaliste n’est ni un juge, ni un expert, ni un historien… Il raconte des histoires, fait témoigner, met en perspective, se contente des faits (vérifiés et recoupés)… et écrit pour un public donné dans un langage compréhensible. Ni plus, ni moins.
La véritable crise des médias est une crise de confiance. Sans restauration de cette confiance, il n’y aura pas d’avenir pour la presse payante. Avis aux lecteurs et aux annonceurs : toute société a la presse qu’elle mérite. CQFD !