Culture RP a rencontré Leïla Lévêque, Responsable Expertise Média de l’Argus de la presse.
Retour sur les résultats Audipresse One et One Global 2013
1/ Comment se porte la presse en 2013 ?
En 2013, la lecture de la presse stagne. En effet, on note un très léger de recul (-0,1%) de l’audience globale par rapport à 2012. Parallèlement, les chiffres de diffusion OJD 2013 montrent un recul important du nombre d’exemplaires vendus en France. Toutes les familles de presse sont en recul, la Presse Quotidienne Nationale étant la famille la plus impactée avec -6% d’exemplaires vendus par rapport à 2012. Les gratuits affichent quant à eux une baisse de 3% d’exemplaires vendus. On ne peut pas pour l’heure expliquer ce recul par une désaffection du lectorat, les points de distribution et donc les nombres d’éditions locales ne cessant de changer (ex : les éditions locales de 20 Minutes ou Direct Matin).
La presse reste malgré tout le média N°1 en France puisque 97% des Français âgés de 15 ans et plus ont lu un titre de presse au cours de l’année passée (source : Audipresse One). A titre de comparaison, 89% des Français âgés de 4 ans et plus regardent la télévision (source : Médiamétrie) et 81% de la population utilisent Internet (source : INSEE).
2/ Quelle est la nouveauté cette année dans la mesure de l’audience 2013 ?
Audipresse propose aujourd’hui une mesure print + numérique des marques de presse : l’audience n’est plus seulement évaluée en fonction du nombre de lecteurs presse, elle prend également en compte le nombre d’internautes consultant les sites médias ainsi que les mobinautes.
Source : Communiqué de presse Audipresse
3/ Qu’en pensez-vous ?
Au-delà du résultat, c’est la démarche qui est intéressante car la notion de marque média prend tout son sens. Les stratégies déployées par les grands groupes médias depuis 2007 sont enfin mesurées à quasi 360°. On peut ainsi étudier l’apport de chaque canal dans l’audience globale de la marque média. Par exemple, l’étude One Global montre que 16.5 millions d’individus ont été en contact avec la marque Figaro en 2013 ; lectorat composé de 8.5 millions de lecteurs presse, 9.5 millions d’internautes et 3 millions de mobinautes. La part de l’audience des internautes est donc conséquente pour le quotidien national.
Ce genre d’étude globale permet de réattribuer de la valeur à l’information véhiculée par les sites médias. En effet, l’information web a toujours été dévalorisée par rapport à l’information papier. Mais les habitudes de consommation ont changé et cela ne devrait pas avoir d’incidence sur la valeur de l’information ! Ainsi, on trouve désormais davantage de lecteurs web que de lecteurs papier pour des marques importantes et variées telles que Cosmopolitan, Les Echos, Challenges ou La Dépêche du Midi. C’est là tout l’apport de cette nouvelle mesure !
4/ Quelles tendances voyez-vous émerger pour 2014 ?
Les marques médias ont saisi le potentiel que pouvaient offrir les réseaux sociaux et ce phénomène va aller en s’amplifiant en 2014. Les marques médias vont investir de plus en plus ces nouveaux canaux de communication car elles ont compris qu’elles pouvaient gagner du lectorat par ce biais.
Il y a maintenant une vraie réflexion à mener sur le poids réel des marques médias car l’audience des comptes médias sur les réseaux sociaux n’est pour le moment pas prise en compte. Par exemple, le fil Twitter du Monde totalise 2.2 millions d’abonnés et il gagne environ 1 000 abonnés par jour… Ce n’est pas rien ! Ce d’autant que la notoriété des marques médias ne se construit plus seulement via leur compte officiel mais également avec l’ensemble des journalistes contributeurs. Par exemple : dans le Figaro papier, les articles sont désormais signés du nom du journaliste associé à son compte Twitter.
Avec les réseaux sociaux et en particulier Twitter, les marques médias apparaissent comme des fournisseurs d’information indispensables. Au milieu de la multitude de contenus qui peuvent être partagés, les comptes média sont indispensables car ils fournissent des informations majeures et validées, avec une caution journalistique. D’après l’étude « Usages et Pratiques de Twitter en France » (Aura Mundi / IPSOS), les utilisateurs de Twitter cherchent avant tout à s’informer sur l’actualité générale (avis partagé par 58% des twittos actifs). Les comptes médias s’affichent d’ailleurs en 3ème position des comptes les plus suivis, derrière les proches et les artistes. Enfin, 44% des twittos estiment que Twitter a changé la relation qu’ils entretiennent avec les médias. De là à dire que l’avenir des médias peut se jouer sur leur capacité à investir les réseaux sociaux et autres canaux alternatifs de communication, il n’y a qu’un pas !
Propos recueillis par Delphine Pachoud