Qu’importe, on n’a qu’une vie !

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn
Share on facebook
Facebook

« Des histoires de gens qui ont décidé de changer le cours de leur vie. »

Fondé par Laurence Vély, ex rédactrice chef de quelques magazines print et digitaux tels que Vanity Fair, Marie-France, Glamour… Les Déviations raconte l’histoire de gens qui ont changé de vie.

Laurence a choisi 3 formes de liens sociaux : la forme écrite, vidéos, et podcasts audio. Sur les réseaux sociaux :  InstagramFacebookiTunes, Youtube pour les vidéos, Soundcloud, Linkedin

Un exemple : «  … Au bar, il y avait ce jeune homme français, très élégant. Nous avons discuté avidement toute la soirée et échangé sur Facebook les jours suivants. Trois ans plus tard, nous décidions de nous installer à Paris et de nous marier. J’avais 27 ans. J’étais tétanisée à l’idée de quitter tout ce que je connaissais depuis mon enfance. Mais l’attrait de la nouveauté et la promesse d’aventure ont été plus forts. Et puis, je suivais l’homme que j’aimais dans la ville de mes rêves. Dans mon esprit, c’était une étape supplémentaire de la vie à deux que nous avions décidé d’écrire ensemble… ».

« Auparavant, mon travail consistait à faire rayonner la France à travers le monde en exportant des programmes télévisés. J’ai passé vingt ans dans des avions à voyager loin, longtemps, souvent – et à adorer ça – mais progressivement, cette appétence pour mon métier a diminué. Et plus je m’y désintéressais, plus ma passion pour le secteur de l’alimentation grandissait. A la fois par son côté nécessaire, son impact sur notre santé et le plaisir de la gourmandise.
C’est il y a cinq ans que j’ai commencé à profiler dans ma tête le projet de changer de vie mais difficile de négocier un départ quand on nous propose la co-direction générale de Newen, le premier groupe de production française. A la suite de cela, Delphine Ernotte, dirigeante de France Télévisions m’a fait une offre magnifique et impossible à refuser. J’ai accepté mais à l’approche de mes cinquante ans, après un an et demi de collaboration à ses côtés, j’ai réalisé que si je ne coupais pas les ponts maintenant, je ne le ferais jamais… ».

Ces témoignages sont authentiques parce qu’il parlent de nous, ce que nous pensons tout les jours sans véritablement l’oser, sans vraiment savoir à qui en parler. Parce que nous savons au fond de nous où se trouve la vérité, la notre, complexe, mouvante, naturelle et inspirante ; vitale en un mot. Sans doute, sommes-nous plus attachés à la peur de ne pas réussir, siprésente dans notre culture occidentale que de se sentir libre d’aimer, libre de s’aimer. Mais en fait, ça veut dire quoi réussir dans une vie ? Sans doute, est-ce considéré comme une marginalité, un parcours de vie hors des sentiers battu, ou pire socialement irresponsable…

Qu’importe, on n’a qu’une vie !

Qu’elle serait votre définition et enjeux du média Les Déviations ?

Le projet Les déviations répond à une problématique de l’époque. D’abord, il y a la grande vague du développement personnel. On le voit avec les maisons d’éditions qui n’arrêtent pas de sortir des ouvrages autour de la bienveillance, du bien-être, de la slow life, de la reconnexion à la nature, de la digital detox, du devenir soi…. Ensuite, notre rapport à l’entreprise a changé. On a vu nos grands-parents, nos parents donner leurs vies à des entreprises qui ne leur ont pas forcément rendu. Les générations Y et encore plus les Z ne veulent plus de ça. On les appelle slasheurs, ça recouvre la plupart du temps une certaine précarité, mais les jeunes préfèrent maintenant faire ce qu’ils aiment – et surtout trouver ce qu’ils aiment – plutôt qu’avoir un emploi stable. Enfin, on a dans les pays occidentaux la chance d’être sortis de l’ultra-consommation. Ça n’a rien à voir avec le capitalisme. Mais globalement, l’accumulation des richesses n’est plus quelque chose qui fait rêver les nouvelles générations. On partage nos voitures (blablacar), nos appartements (airbn’b), nos vêtements (regardez le succès de Vestiaire Collective) on n’a plus d’argenterie, de meubles de famille, de salle à manger. On voyage léger, et c’est un vrai luxe pour pouvoir se réinventer, changer de vie. Nous sommes moins entravés que les générations précédentes – ou que d’autres civilisations économiquement prospères où la consommation est une valeur refuge (les Chinois par exemple).

À l’heure où l’engagement, l’influence, le super micro micro influence est à toute les sauces, pourquoi avoir fondé cet ovni digital essentiel et simplement génial ?

C’est gentil. Parce que je me suis prise au jeu tout simplement. Les histoires que les gens me racontent touchent à un point essentiel. On ne parle pas seulement de reconversion, on parle de quête existentielle. Qui suis-je, qu’est-ce-que je veux faire de ma vie ? C’est universel je pense.

Si vous deviez citer LA grande évolution du métier de journaliste ces 10 dernières années, ce serait laquelle ?

Le digital ça me semble évident. Et la prise de pouvoir des annonceurs.

Comment cela a-t-il changé votre métier au quotidien et votre vision du journalisme ?

J’ai commencé dans le digital donc pour moi, ça a été un énorme terrain de jeu. J’ai vu en revanche beaucoup de journalistes papier avoir du mal à accrocher le wagon. Ils n’ont pas pris le digital au sérieux et s’en sont mordu les doigts. Sinon, d’un point de vue moral, je pense effectivement que le Grand Digital n’a pas tenu ses promesses. Les sujets intéressants ont du mal à émerger face au prêt à consommer. Mais je e suis pas spécialement inquiète, je pense qu’on va arriver à un point de saturation de la vidéo de trois minutes. Il ne faut pas sous-estimer les lecteurs intelligents.

L’ADN du média les déviations est 100% social, pourquoi ? Comment voyez-vous la maturité des journalistes aujourd’hui concernant les réseaux sociaux ? Comment pensez-vous que les journalistes les ont adoptés ? Pensez-vous que ce phénomène bénéficie plutôt aux médias traditionnels ?

Alors que je suis journaliste et sensée lire la presse, je vois bien que je n’ai plus assez de temps de cerveaux disponible (comme dirait Patrick Le Lay) pour absorber tout ce que je voudrais. Les réseaux sociaux sont ce qui reste de plus immédiat et plus accessible. Mais je réfléchis aussi à d’autres formats.

À votre avis, quel est le plus gros challenge du métier aujourd’hui  en France ?

Je pense que les journalistes ont pris de mauvaises habitudes. Les modes d’écriture ont changé, et les blogueurs et influenceurs se sont emparés de sujets que les journalistes gardaient précieusement (le lifestyle, la beauté, la culture). Il faut maintenant rétablir de l’intérêt, armé des valeurs suivantes : intelligence – émotion – humour.

1) Garder la confiance des lecteurs malgré les fakes news ?

Quand des journalistes doivent produire sept papiers par jour enchaînés à un bureau on ne peut pas les blâmer, même si c’est condamnable. Mais les lecteurs, encore une fois, ne sont pas dupes. Ils savent aussi que comme tout le monde, les journalistes se sont pris les GAFA en pleine poire. Et croyez-moi, il y en a encore un paquet sur les startings-blocks qui veulent raconter et décrypter l’époque avec sérieux.

2) La distinction floue entre éditoriaux et publicités ?

C’est regrettable mais c’est l’histoire du serpent qui se mord la queue. La liberté de la presse est indissociable de l’indépendance financière de la publication. Or les finances viennent des annonceurs. Et plus les ventes diminuent, plus les annonceurs sont en demande. Donc soit il faut de nouveau pousser les consommateurs à payer pour du contenu de qualité (ce dont je doute, car nous avons pris de mauvaises habitudes de presse gratuite), soit il faut inventer un nouveau modèle. Je crois à un modèle où les annonceurs auront compris qu’il faut foutre la paix aux médias qu’ils supportent. Les médias le demandent, les consommateurs aussi. Nous sommes en train de rentrer de plein pied dans l’ère de la transparence, donc ça pourrait arriver plus vite qu’on ne le pense.

Comment s’organise vos choix éditoriaux si on peut parler ainsi car j’ai plutôt l’impression que vous laissez guidé par les rencontres. Est-ce que je me trompe ?

Bien sûr, je fais un tri. Mais j’ai plutôt eu d’agréables surprises. Les gens que j’interview sont en général dans une démarche positive et profonde qui m’interpelle.

Comment faites-vous face à ce défi au quotidien ?

Je travaille, et j’ai une stagiaire formidable.

Pensez-vous Business model d’une façon général ou s’agissant de votre média, vous semblez plutôt vouloir le réinventer, le réinsuffler ?

Je pense en terme de diversification des revenus, des conférences sur le changement de vie par exemple. La pub c’est bien mais ça ne suffit pas.

Pensez-vous que les nouvelles technologies vont nous aider à mieux vivre, à mieux assumer notre vie singulière et singulièrement avec les enjeux de l’Intelligence artificiel ?

Je l’espère. Mais il va falloir faire le tri, comme pour toutes les formes de progrès qui arrivent.

Selon vous où est la limite de l’information, de ce que l’on doit révéler de sa personne des lors que de façon « naturelle » et obligatoire nous laissons nos traces dans les méandres de cette grande bibliothèque numérique ?

Hum, c’est le problème de chacun, je ne veux pas me positionner là-dessus. Mais pour être honnête, je serais déprimée si mon mec ou mes enfants étalaient toutes leur vie sur les réseaux. Le marketing de soi a ses limites, notamment de savoir régulièrement laisser son portable pour laisser du temps au « rien ».

Quels ont été vos deux plus beaux souvenirs et expériences d’interviews ?

J’ai adoré enregistrer le podcast « Sophie ou les malheurs de la bourgeoisie », le témoignage d’une femme qui après un beau mariage à Reims s’est retrouvée enfermée dans une cage dorée qu’elle haïssait et était selon ses termes devenue « sa camisole ». J’ai senti mes poils se hérisser pendant qu’elle me racontait son histoire, entre humour noir et émotion pure.

Comment voyez-vous le devenir du monde aujourd’hui ? Est-ce que la création de votre média a changé la perception du monde extérieur ainsi que celui de votre monde intérieur ?

Oui, ça me donne une énergie incroyable de rencontrer ces gens qui ont refusé de subir. La lutte contre le destin est d’une extrême noblesse.

Un coup de gueule, un coup de cœur ?

Non

Et si, il était venu le temps pour nous, que vous nous disiez, sans fard, ce qui vous a permis d’être vous même, qu’est-ce qui, ou qui vous a permis d’être vous même et de tous oser ?

Suis-je devenue moi-même ? Je ne sais pas, et je ne suis même pas sûre d’avoir envie de me poser la question. Je pense qu’on sent à l’instinct ce qui est bon pour nous ou pas. Mais comme on passe notre vie à se planter et rectifier le tir, moi compris, je suis incapable de dire à l’instant T où j’en suis. Je fais comme tout le monde, je tombe, je pleure, je rebondis, je kiffe et ça recommence.

Liens en relation : Rapport Cision 2018, Etat des medias dans le monde – étude menée par Cision auprès de 1 355 journalistes.

Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

Vous aimerez aussi

S’inscrire aux alertes de Culture RP, c’est s’assurer de ne rien perdre de l’information mise à disposition sur notre blog.