Souvenez-vous et comptez avec moi : nos méthodes, supports et habitudes en termes de relations avec la presse ont déjà connu au moins 4 grandes mutations. Et une 5ème est en marche peut-être …
1 – D’abord, nous avons connu la fin de la mise sous enveloppe de nos invitations ou autres communiqués et dossiers de presse. Malgré le parfum de Taylorisme, cette ambiance si conviviale, à mi-chemin entre le déménagement entre potes et l’usine asiatique textile, nous laisse un rien de nostalgie. Et puis, il bien a fallu trouver autre chose pour occuper nos stagiaires, si agiles qu’ils étaient pourtant dans le collage d’étiquettes à la chaîne !
2 – Ensuite, nous avons assisté à la mort de l’usage de la télécopieuse, au profit du courriel. Là encore, un peu de regret, surtout quand il fallait changer les rouleaux de papiers thermiques et tenter de programmer un envoi en nombre en écoutant le doux bruit de la connexion téléphonique.
3 – Puis, 3ème mutation, la disparition de l’envoi de nos dossiers en pièces jointes aux courriels, lorsque l’on a enfin compris que, non, décidément, on ne spamme pas la boîte aux lettres électronique des journalistes avec des pièces jointes de 20 M° ou plus. Oui, on venait de se rendre compte de l’invention des liens hypertextes et on s’est dit que c’était drôlement pratique de proposer à nos destinataires de cliquer pour télécharger, depuis notre site, toutes les informations et toutes les illustrations. Et nos collègues des systèmes d’informations ont également apprécié cette libération de la bande passante, car, effectivement, 20 M° envoyés à une base de 150 contacts, ça peut mettre du mou dans la corde à nœud.
4 – Mais après le courriel, arriva le tweet ! L’obsolescence est vraiment le mal du siècle : nous avions mis des mois pour construire une basse presse relativement à jour avec toutes les bonnes adresses de courriels ? On a tout jeté pour renseigner, désormais, la colonne « Comptes Twitter » ! Confidence : en réalité, on n’a rien jeté, on a ajouté une colonne surtout, conservateur que l’on est (d’ailleurs a-t-on supprimé la colonne « N° Fax» ?). Aujourd’hui, c’est par les réseaux sociaux que l’on interpelle la presse, à grands renforts de MP (ou « DM », c’est pareil), tags et autres identifications de personnes dans les photos publiées.
5 – Donc, 4 grandes mutations déjà. On pouvait alors s’estimer aptes à souffler un peu et à, enfin, compter sur des usages pérennes, n’est-ce-pas ? Que nenni ! Une toute récente mutation arrive déjà sur la base de ce constat : non, il n’y a pas que la presse traditionnelle et officielle qu’il convient de toucher, il y a désormais les « influenceurs » ! Et si les premières transformations n’étaient, somme toute, qu’anecdotiques et ne changeaient fondamentalement que peu de choses dans nos pratiques, cette dernière en date risque d’être plus lourde.
Ainsi, depuis peu, notre fichier presse vient-il de s’élargir à ces relais d’informations auto-proclamés : les blogueurs et blogueuses ! Nous l’avions déjà complété par les medias exclusivement en ligne (les « pure player »), puis par tous ces sites d’informations qui prolifèrent sur nos territoires, les pires ne faisant que de vagues et maladroites compilations d’infos officielles, les meilleurs étant volontiers centrés sur un intérêt particulier en proposant des informations pointues, très ciblées, bien renseignées et diffusées au fil de l’eau sans délai d’impression ou d’impératifs de conférence de rédaction.
Et aux côtés de ces sites, les blogs territoriocentrés débarquent à grand pas ! En mettant de côté les blogs militants, au seul service de figures de la majorité ou de l’opposition locales et en écartant, évidemment, les corbeaux 2.0 et autres délateurs anonymes, comment ne pas prendre en compte ces nouveaux réseaux de diffusion, à l’influence plus que certaine et sur un public captif et passionné ? Principalement ceux qui se positionnent clairement comme des vitrines positives de leur territoire.
Ce qui est compliqué maintenant, vous vous en doutez, c’est de devoir faire le tri entre bon grain et ivraie, et je ne parle même pas d’un minimum de vérification pour savoir si, pour des raisons x, l’auteur(e) du blog ne serait pas, par hasard, un tant soit peu blacklisté dans nos collectivités : on ne connait pas toujours toutes les méandres des arcanes des pouvoirs locaux et de leurs réseaux, c’est mieux de se renseigner avant.
Alors, cette 5ème mutation sonne-t-elle le glas des relations presse ? Evidemment non. Nos PQN, PQR, PHN, PHR et autres ont encore une place incontournable et, c’est heureux, pour longtemps. En réalité, ce qui change surtout, c’est élargissement indispensable de nos actions et de nos cibles pour rester en phase avec l’évolution de notre monde. Beaucoup de marques du secteur privé l’ont compris en traitant sur un pied d’égalité (et parfois nettement mieux) blogueurs et blogueuses tendance et journalistes. Idem pour les professionnels du tourisme qui ménagent, avec ou à côté des « voyages presse » à l’ancienne, des invitations « spéciales blogs ». Et que dire des événements culturels qui habilitent sans rechigner ces mêmes auteurs comme s’ils avaient une carte de presse. Et puis, ces nouveaux canaux d’informations sont également de précieux outils d’écoute du terrain. On peut donc causer et échanger aussi avec eux. On peut compter sur eux pour qu’ils propagent nos infos et on peut écouter ce qu’ils entendent. De quoi sérieusement compléter, hors de sentiers battus et rebattus, notre capacité à être en lien avec notre terrain.
Le billet complet sur le blog de Marc Thébault ici
Merci à Marc Thébault pour son aimable autorisation de publication