Culture RP a rencontré Julien Fuentes, fondateur de Troc de presse
Pouvez-vous nous expliquer le principe de Troc de presse ?
Troc de Presse est né d’un constat très simple. Comme environ 35 millions de français, vous lisez chaque jour au moins un journal ou un magazine (source : Audipresse/OJD 2013)… et une fois lus, vous les jetez !
Il vous arrive parfois de donner une seconde vie à vos magazines en les donnant ou en les échangeant avec vos proches… mais pourquoi ne pas le faire avec votre réseau de proximité, c’est-à-dire vos voisins (ou vos collègues de bureau) ?
C’est désormais possible grâce à www.trocdepresse.com, le 1er site entièrement gratuit qui propose le recyclage intelligent de vos lectures presse, en les échangeant avec votre entourage immédiat, via les boîtes aux lettres de votre lieu d’habitation (ou le CE de votre entreprise).
En s’inscrivant à Troc de Presse, les internautes participent au mouvement grandissant de l’économie collaborative, privilégient l’usage plutôt que la possession, et prônent ainsi une consommation de bon sens.
Troc de Presse est une initiative qui se préoccupe des quelques 4 milliards d’exemplaires de titres de presse imprimés et vendus chaque année, et dont la destinée était jusqu’à présent l’inéluctable destruction.
Au delà l’aspect écologique de la démarche, Troc de Presse esquisse un kiosque de partage dans votre immeuble ou votre entreprise, et permet de (re)tisser du lien avec ses voisins (entraide, rencontres…) et d’optimiser son budget « journaux ».
Au final, on échange plus, on créé du lien, on recy¬cle davantage et de fait, on consomme différemment.
Comment vous est venu cette idée?
Comme beaucoup de français, je lis beaucoup la presse papier, et j’ai tendance à accumuler les magazines chez moi, en me disant que je les relirai plus tard.
Tôt ou tard, je finis tout de même par les jeter, par manque de place. J’ai constaté à maintes reprises que mes voisins en faisaient autant, et pour être honnête, tout ce gâchis de papier et d’argent me donnait mal au cœur. L’idée toute simple d’échanger avec ses voisins est née comme cela.
Quel est votre parcours?
J’ai étudié l’architecture et le design à Paris, puis j’ai travaillé pendant près de 8 ans dans des agences d’architectures parisiennes.
Au moment ou j’ai décidé de me lancer en indépendant, il y a quelques mois, m’est venue l’idée de Troc de Presse, que j’ai tout de suite décidé de développer, car il s’agit d’un concept auquel je crois beaucoup !
Quel est votre business model ? Quels sont vos bénéfices?
Le site est lancé depuis le 4 juin 2013, la priorité est donc pour moi de faire connaître le site au plus grand nombre dans les semaines /mois à venir.
Troc de Presse propose une pratique nouvelle sur le web, mais qui existe déjà dans la vie de tous les jours, de façon informelle (beaucoup de gens s’échangent déjà des journaux avec des proches).
Il faut donc présenter le site www.trocdepresse.com comme l’outil qui va vite faire partie du paysage français, et que les internautes comprennent le potentiel de Troc de Presse.
Si le site rencontre le succès espéré, il faudra commencer par de la publicité sur notre site.
Mais ce qui nous intéresserait surtout, c’est de rentrer en contact avec des groupes de presse qui deviendraient partie prenante de notre démarche. Les constructeurs automobiles travaillent main dans la main avec les startups de covoiturage, alors pourquoi ne pas envisager la même chose avec la presse ?
Ne craignez-vous pas que les Groupes de presse se retournent contre vous?
Comme je l’explique souvent, notre idée n’est en aucun cas de nuire aux groupes de presse, mais bien au contraire de favoriser une seconde vie de la presse papier, et par extension de maximiser intelligemment le lectorat de la presse papier.
Très simplement, par le biais d’un banal échange gratuit de journaux entre voisins (troc), Troc de Presse souhaite :
– susciter l’envie de lire d’autres journaux et de décou¬vrir de nouvelles lectures
– donner l’envie d’acheter la presse papier pour ensuite pouvoir l’échanger avec ses voisins
– moins gaspiller et de participer au développement du¬rable (pour le même bilan carbone, le journal qui passe de main en main sera lu non plus une fois, mais plusieurs fois),
Plus les gens on la possibilité de lire la presse papier (celle qu’ils achètent ou celles de leurs voisins), plus ils auront envie de continuer, au lieu de délaisser cette lecture au profit de le presse numérique par exemple.
Pour illustrer mon propos, mes grands-parents me donnaient régulièrement leurs magazines de décoration quand j’étais plus jeune. Cela a éveillé mon goût pour l’architecture et le design, et depuis j’achète moi-même de nombreux magazines.
Prêter et donner ses journaux à autrui, ce n’est pas faire de l’ombre à la presse papier, mais bien offrir un 2eme (voir même un 3eme) lectorat à cette presse papier, qui jusqu’à présent avait une durée de vie très limitée.
A l’heure du 2.0, qu’est ce qui vous fait penser que vous avez eu la bonne idée ?
Depuis quelques années, le marché de la seconde main (troc, échange, don, revente…) connaît un engouement sans précédent (en témoigne le succès du Bon Coin, de Air BnB, du Covoiturage…).
La Consommation Collaborative est en train de gagner du terrain sur tous les secteurs et c’est tant mieux, car le fait de consommer avec bon sens parait plus que jamais d’actualité.
De nombreux sites internet se sont engouffrés dans ce marché de la seconde main (CD, DVD, Livres, Vêtements, Maison..), seul le créneau de la presse papier n’a jamais été « abordé »…c’est chose fait avec Troc de Presse !
Propos recueillis par Alexia Guelte Morot, Responsable Communication Externe de l’Argus de la presse.