Après une année à I-Télé, sur « La Grande Edition » aux côtés de Sonia Chironi, Victor Robert revient sur Canal + pour la saison 2012/2013. Au menu : la reprise de l’hebdomadaire « L’Effet Papillon », consacré à l’actualité internationale, ainsi que la présentation des journaux télévisés du Week-End. Un homme très occupé que Culture RP a pu rencontrer pour évoquer ses projets et la gestion de ses émissions à haute visibilité.
En 2010, vous avez déclaré que l’« Effet Papillon était votre plus grande fierté professionnelle à ce jour ». Finalement, il s’agit d’un retour aux sources à Canal +. Vous y attendiez-vous ?
En réalité, je ne l’ai jamais vraiment quitté. L’année où Daphné Roullier est arrivée, je m’occupais un peu de l’éditorial, puis plus tard, la chaîne m’a proposé pendant l’année électorale de faire une émission de deux heures en direct avec des débats.
Quand Daphné est partie sur D8, la chaîne m’a proposé de reprendre « L’Effet Papillon » et les JT du Week-End, puisque j’avais fait des news pendant un an. Cela aurait été dommage d’arrêter.
D’un point de vue éditorial, va-t-il y avoir de nouvelles choses mises en place sur « L’Effet Papillon » ?
C’est la saison 7, donc à chaque fois il faut remettre un peu de fraîcheur. L’équipe a grandi : quand je suis parti en 2009, il y avait deux journalistes qui étaient en formation, et qui aujourd’hui sont des rédacteurs en chef. Ils tiennent très bien la barre.
On a par exemple fait un sujet sur la pénurie d’eau aux Etats-Unis : il y a des Etats où on commence à vendre de l’eau aux enchères, et où il y a des stations d’eau comme il y a des stations d’essence.
Comment se fait le choix des sujets, et combien de temps cela prend de faire un reportage ?
Trois semaines en moyenne. Ce qui est amusant avec l’actualité, c’est que vous avez un sujet magazine qui est prévu depuis des semaines, et d’un moment à l’autre, il peut se retrouver mis en avant par l’actualité. L’opportunité transforme un sujet magazine en sujet d’actualités.
Peut-on considérer que c’est une émission engagée ? Il y a souvent de l’ironie, notamment dans la rubrique Planétarium …
Le ton y fait beaucoup. On raconte la grande histoire par la petite.
A l’agence CAPA, on a pas mal de gens à l’étranger qui nous alertent. L’autre jour, on a été informé qu’une tribu colombienne a décidé de ne pas choisir entre les FARC et le gouvernement : elle a attaqué les deux. Ils veulent que tout le monde foute le camp. D’autre part, cela peut aussi partir d’une brève de la presse. Après, il faut fouiller.
Il y aussi des grands phénomènes dans lesquels on essaie de trouver la petite histoire. Si tu fais un sujet d’analyse géopolitique, il y a toujours un personnage ou une situation intéressante d’où on peut partir.
Vous avez proposé beaucoup d’émissions de décryptages politiques et médias, on pense aussi à Pop Com (NDLR : une saison en 2009, le dimanche en fin d’après-midi sur Canal +), qui s’était arrêtée faute d’audience satisfaisante. Pensez-vous que la case horaire du samedi à 13h40 est davantage propice à ce type d’émissions ?
Sur Pop Com, c’était une belle ambition. Une ouverture de case, c’était très difficile. Il y avait des tas de gens qui ne savaient pas que Canal + était en clair sur cette tranche là. Je pense qu’il y a un temps magazine et un temps news. Par exemple, 13h40, je trouve que c’est parfait. J’ai milité pour cet horaire : on peut y toucher un public plus large, c’est une heure favorable pour regarder une bonne émission.
Vous avez très souvent travaillé sur des émissions diffusées le week-end : un choix délibéré ou le fruit du hasard ? Cela pose t-il des problèmes spécifiques ?
Un hasard des choses. Je travaille 7 jours sur 7. Le lundi, ce n’est pas mon samedi ! Je travaille strictement pour Canal + le vendredi, le samedi et le dimanche, et le reste de la semaine, je développe mes projets avec eux.
« Consacrer 40 minutes à l’actualité internationale sur une telle chaîne, c’est formidable ! »
Cela vous arrive de voyager, d’aller sur le terrain?
J’étais reporter pour CAPA, je voyageais beaucoup ! Je travaillais aussi pas mal pour Planète, pour 1 euro 70 (NDLR : un magazine de reportages qui a duré 5 saisons, et qui s’est arrêté l’an dernier), une émission à laquelle je tenais beaucoup.
Cela ne vous manque pas ?
J’ai eu la chance d’aller à peu près dans toutes les régions du monde. C’est la première année où je n’ai pas à bouger. Quand les journalistes de l’Effet Papillon sont à l’étranger, je sais précisément de quoi ils parlent : je connais les difficultés du terrain.
Comment s’organise le planning des journaux du week-end ?
Je travaille beaucoup en amont avec Jean-Marie Quemener, on fait une équipe bretonne ! Je commence à travailler dès le vendredi soir en fait. J’arrive le samedi matin, 30 à 40% du canard qui est écrit, avec notamment la chronique américaine de Laurence Haïm, la rubrique LFC (Livres Films Concerts) avec des conseils de sortie pour le week-end.
Et j’essaie d’éditorialiser un peu avec mes lancements. C’est ce que demande Canal +, et cela tombe bien, c’est ce que j’aime faire. Pour les news, on peut moins mettre de soi dans le lancement, mais j’essaie à chaque fois sans être trop lourd de passer un message, et chacun déduit ce qu’il veut.
Je suis une petite main du PAF : dans la rue on ne vient pas me voir sur ma personne mais sur le contenu de l’émission.
En quoi la mondialisation de l’information a changé les habitudes des rédactions ?
Chacun s’en sert comme il veut. J’ai vu des chroniqueurs qui en direct, pendant leurs débats, regardent les réactions du public sur Twitter. Ils ont un retour immédiat et ça change la donne. Si on dit un truc, et que dans la foulée, 5 Tweets nous disent qu’on est allé trop loin dans une certaine direction, on équilibres un peu les choses, forcément.
Si vous aviez carte blanche pour la création de l’émission, ce serait quoi ?
Je ne vais pas faire l’hypocrite, c’est l’Effet Papillon (sourire). Consacrer 40 minutes à l’actualité internationale sur une telle chaîne, c’est formidable. Les téléspectateurs reviennent régulièrement. Vous savez, aujourd’hui, un téléspectateur qu’on considère comme étant fidèle à une émission la regarde une fois sur quatre !
Quels sont vos projets en dehors de Canal + ?
Avec Adrien Bosque, on a créé un magazine-feuilleton, un mook. On en est au 6ème numéro. On va aussi créer un autre mook (D Sports), qui évoquera des sujets à la périphérie du sport. En somme, du journalisme à l’ancienne : des articles avec une plume, avec du temps pour l’écriture, des sujets qui peuvent aller jusqu’à 30 pages sur un total de 300 dans le magazine. Ce sont des beaux objets. Cela prend le contre-pied de Twitter : cela prend du temps, c’est exigeant, mais c’est complémentaire. Là on prépare un pilote d’une émission de reportages.
Que peut-on vous souhaiter ?
Je suis heureux : j’ai les news, de l’actu internationale, du travail de production, des activités extérieures en accord avec Canal +. La politique du groupe, c’est « Plus tu fais de choses, mieux c’est pour toi, donc mieux c’est pour nous ».
Si je voulais pinailler, je dirais qu’il me manque une émission de débats parce que j’aime beaucoup ça.