Par Olivier Cimelière Communicant / spin doctor.
Avec le scoop du magazine Closer sur une supposée liaison entre l’actrice Julie Gayet et le président de la République François Hollande, les frasques sentimentales des gouvernants français sont désormais soumises à un inhabituel regain de « transparence ». Si les prédécesseurs de l’actuel hôte de l’Élysée ont tous eu une vie intime digne du théâtre de boulevard, jamais aucun d’entre eux ne s’est retrouvé à devoir se justifier (ou pas) publiquement.
Dans la perspective de la conférence présidentielle de mardi 14 janvier, quelles options s’offrent à François Hollande pour éviter que ce sujet n’occulte des thèmes autrement plus cruciaux ?
Option n°1 : La « no comment attitude »
C’est jusqu’à présent la ligne communicante plus ou moins adoptée par l’Élysée. François Hollande s’est contenté de faire savoir qu’il réclamait le droit au respect de sa vie privée au même titre que n’importe lequel de ses concitoyens. En revanche, il n’apporté aucun commentaire sur les photos prises à la volée par l’hebdomadaire « people » Closer.
Il peut tout à fait poursuivre dans ce registre et choisir d’éluder toute question qui serait posée lors de la conférence de mardi prochain et ultérieurement. L’intérêt de cette approche permet de maintenir cette histoire dans la sphère du privé invoqué rapidement par François Hollande et de tenter d’en faire un épiphénomène. Si dans d’autres pays, notamment anglo-saxons, cette stratégie serait suicidaire, elle peut en revanche encore s’appliquer en France où la tolérance de l’opinion publique à l’égard des incartades supposées ou avérées est globalement flexible (hormis sans doute chez les extrémistes de la fidélité conjugale à tout prix !). Même si un verrou a sauté, la Une du Journal du Dimanche montre que 77% des Français sont favorables au respect de la vie privée du Président.
Option n°2 : La version « Avec Julie, c’est du sérieux ! »
Il n’y a pas si longtemps, un autre président de la République en exercice avait savamment orchestré l’officialisation de sa pimpante liaison avec une chanteuse-mannequin renommée. Lors d’une conférence de presse en janvier 2008, Nicolas Sarkozy avait déclaré tout fier que sa relation avec Carla Bruni « était du sérieux ! » après que des photos du couple aient été prises lors d’une visite au parc Disneyland de Paris.
À l’époque, le n°1 de la République avait justifié cette confirmation publique par le souhait de rompre avec l’hypocrisie qui avait notamment entouré la double vie maritale de François Mitterrand et sa fille longtemps cachée, Mazarine. La seule différence avec la situation actuelle de François Hollande, est que le président était officiellement séparé de Cécilia !
Néanmoins, et pour couper court aux rumeurs, interprétations et pressions médiatiques en tout genre, François Hollande a la possibilité de recourir à cette option en confirmant au grand jour qu’il vit effectivement une relation amoureuse avec Julie Gayet (à condition qu’il y ait véritablement histoire ! Ce que les photos de « Closer » ne prouvent pas à 100% bien que la probabilité soit forte).
Pour le locataire de l’Élysée, cela aurait le mérite de dégonfler le pataquès médiatique en vigueur depuis la parution du magazine et pouvoir passer à autre chose. Après tout, il serait loin d’être le premier dirigeant en vue à rompre et à entamer un nouveau chapitre amoureux.
Option n°3 : Le démenti des « bons amis »
À l’inverse, devant la cacophonie déclenchée par l’affaire et une image présidentielle déjà bien sérieusement malmenée dans l’opinion publique et les sondages, François Hollande peut encore privilégier un démenti en bonne et due forme au sujet d’une relation amoureuse avec Julie Gayet qui ne serait qu’une relation amicale.
Déjà accusé par d’aucuns d’être mou, pas très clair dans sa conduite des affaires de l’État et adepte des petites blagues maladroites, le président n’a probablement pas besoin de passer en plus pour un amant éperdu s’éclipsant incognito en scooter pour aller rejoindre sa belle plutôt que gérer les dossiers de l’État.
Cette option n’est toutefois pas sans risques. Elle suppose notamment qu’il n’y ait aucune zone d’ombre dans les futures relations entre l’actrice et l’homme d’État. Même si le démenti est catégorique, il est fort à parier que les médias people et le microcosme parisien demeureront à l’affût du moindre dérapage. Si jamais d’autres nouveaux éléments à charge viennent à montrer que le démenti n’était que de circonstance, alors le mensonge pourrait cette fois très mal passer auprès du corps sociétal.
L’appartement du 8eme pourrait faire des dégâts
Au-delà du jugement moral que certains se croient autorisés à émettre, l’affaire Hollande-Gayet ne se réduit pas uniquement à un adultère (bien qu’ils ne soient pas mariés !) ou une double vie amoureuse. Si l’histoire est avérée, il se posera vite la question du statut de Valérie Trierweiler et des bénéfices qui lui sont liés (hébergement à l’Élysée, mise à disposition d’un secrétariat, prise en charges de certains frais par la République, etc…). En plus des implications sentimentales à assumer, François Hollande ne doit absolument pas occulter ce pan. L’opinion publique ne tolérerait sûrement pas que Valérie Trierweiler puisse continuer de vivre ainsi aux frais de l’État s’il n’existe plus aucune raison qu’elle y exerce une présence.
Autre aspect (plus crapoteux mais potentiellement miné) : les révélations lancées dimanche 12 janvier par Mediapart. Selon le site d’information, l’appartement du 8eme arrondissement qui abriterait les amours présumées de François Hollande et Julie Gayet serait indirectement lié au … grand banditisme !
Article initialement publié sur Le Plus-Obs à retrouver ici