« L’édition est un équilibre entre un temps long et un temps court »
-Maud Simonnot – attachée littéraire
et membre du comité de lecture aux Editions Gallimard.
Aujourd’hui dans Influence Insider, nous vous proposons de découvrir Maud Simonnot, lauréate du prestigieux Prix Valery-Larbaud en 2018 pour son récit sur Robert McAlmon, « La Nuit pour adresse« . Maud est aussi attachée littéraire et membre du comité de lecture aux Editions Gallimard.
Dans la thématique de l’influence développée sur Culture RP, ce qui nous intéresse aujourd’hui est sans nul doute moins consensuel ou pour le moins différent des problématiques métiers que nous avons l’habitude de mettre en lignes.
Pourtant, l’influence et les pratiques associées couvrent un horizon de plus en plus large pour qui sait défricher des territoires incertains. Ce qui est certain par contre, c’est que depuis que le digital fait partie de nos liens, de nos interactions, de nos engagements, l’influence touche l’ensemble des écosystèmes de la relation.
Le monde de la littérature n’échappe pas à ce mouvement de fond !
Maud, quel a été votre parcours et comment en êtes vous arrivée là ?
J’ai une formation universitaire assez poussée (doctorat en histoire de l’édition, master d’humanités et philosophie, master d’édition et licence d’histoire de l’art) et j’ai travaillé dans de nombreuses maisons d’édition avant d’intégrer les éditions Gallimard il y a 5 ans.
Quels sont les auteurs qui vous ont le plus influencés ?
Je ne peux pas parler d’influence dans mon écriture, mais j’ai beaucoup d’admiration comme lectrice pour de grands écrivains (dans un joyeux désordre : Camus, Woolf, Zweig, Borges, Duras, Roth, McLiam Wilson, Haenel…) et je continue de lire beaucoup, des classiques comme des auteurs contemporains, de toutes nationalités.
Le 23 août La Grande Idée d’Anton Beraber, est le premier roman que vous publiez en cette rentrée, vous pouvez nous dire pourquoi ce texte a rencontré vos faveurs et en quoi la rentrée littéraire Française a de si exceptionnelle au regard de ce qu’il se passe dans le monde ?
Plus que de la rentrée littéraire je voudrais parler de l’édition et de la librairie en France, de la qualité des différents acteurs du milieu, qui permettent que des livres aussi ambitieux que le premier roman d’Anton Beraber soit mis en avant quand dans d’autres pays on trouve une offre beaucoup plus convenue et réduite. Il était évident qu’un tel roman d’aventures, au style si éblouissant, avait toute sa place dans la production d’une maison comme Gallimard, j’espère qu’il trouvera son public.
J’aimerai que vous nous racontiez les coulisses du décor. C’est quoi au fond être attaché littéraire et membre du comité de lecture pour les Ed. Gallimard ?
Essentiellement c’est un travail de l’ombre : lire et lire encore (nous recevons 7000 manuscrits par an), puis lorsque nous avons choisi en Comité de prendre un texte, accompagner l’auteur dans le travail éventuel de réécriture, et enfin dans la promotion du livre. C’est un travail de passeur qui repose sur un enthousiasme sans cesse renouvelé.
Comment s’organise le lien à l’autre ? À votre choix d’écrire un récit de la vie de Robert McAlmon ? Aux manuscrits que vous lisez et dont au final vous portez la responsabilité de défendre cette voix singulière auprès des lecteurs, des journalistes, des critiques ?
Chaque éditeur travaille de manière différente et fait ses propres choix. McAlmon était un éditeur que j’admire car c’est une figure rêvée : un éditeur intègre, pétri de convictions, exigeant avec lui-même comme avec les autres.
Le travail d’éditeur est un travail d’équilibriste, il s’agit de donner à lire de beaux textes, mais de les vendre aussi.
Le lien aux autres est primordial, c’est vraiment le bouche à oreille qui fait qu’un livre va pouvoir faire son chemin. C’est donc à la fois un métier solitaire et un métier de communication, qui commence en interne auprès de ses collègues, puis auprès des différents acteurs de la chaîne du livre et ne s’arrête jamais.
Quand-on est un auteur, l’attaché(e) de presse à un rôle déterminant pour la diffusion de l’ouvrage, mais pas seulement, les journalistes, les critiques, les sites culturels, les libraires, les influenceurs, l’auteur lui-même ont eux aussi leur par dans le développement de l’ouvrage. Quelles sont pour vous les bonnes pratiques d’engagements, de relations qu’un auteur doit porter avec l’ensemble de ces experts métiers, pour permettre à ses écrits « d’obtenir » la meilleure visibilité ?
Chacun a sa personnalité et il n’y a nulle obligation. Je crois toujours qu’un bon livre peut faire son chemin sans qu’on ait besoin de trop en faire, même dans le monde actuel. Mais naturellement un auteur très à l’aise pour parler de son travail, ou qui a déjà un gros « réseau », peut donner de la visibilité à son travail, et c’est souvent merveilleux pour les auteurs de pouvoir rencontrer leur public, échanger.
L’important pour moi reste la sincérité de tout cela.
Qu’elles en sont les avantages et les contraintes ?
Tout va très vite, la difficulté pour la littérature est de s’inscrire dans un temps propre, un catalogue, au sein d’un monde envahi par l’image et l’urgence. Les réseaux sociaux sont une formidable caisse de résonnance pour certains livres, ils ne semblent pas le media le mieux adapté pour d’autres.
Chaque livre a son propre chemin et l’enjeu pour un éditeur est de faire au mieux pour l’accompagner.
Si vous aviez un conseil à donner à un auteur quel serait-il ?
De ne pas négliger la promotion de son livre et de profiter de ce merveilleux moment qu’est la sortie d’un roman, mais surtout de continuer de se consacrer à l’essentiel :
L’écriture et de regarder loin.
Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Eh bien c’est encore un peu secret, mais ce sera un roman cette fois-ci…
Marc Michiels, Rédacteur en Chef.
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