Tribune de Théo Péroz, diplômé d’HEC Montréal et d’Intelligence Économique. Il a créé et développe le Pôle Market Intelligence de l’Argus de la presse.
Dans un monde rythmé par la surabondance croissante d’informations, le terrain de jeu de la compétitivité a connu de profondes mutations. Il n’est plus d’entreprise se reposant sur un avantage compétitif présumé et la capacité à vendre durablement un bien ou un service est entamée par une concurrence intensifiée et imprévisible. Les cycles sont plus courts, le monde s’accélère, chaque nouvelle proposition de valeur porte en elle son caractère subversif capable de bouleverser un marché.
L’abondance informationnelle a changé la donne en moins de 2 décennies : aujourd’hui, nous produisons autant de données en 2 jours que nous en avons produit en 2 millions d’années. Chaque seconde : 5 800 tweets, 52 200 likes, 38 600 recherches google.
La valeur de l’Intelligence Economique réside depuis et plus que jamais dans sa capacité à produire un discernement éclairé, à identifier de nouvelles émergences et à détecter des signaux d’alertes.
Cette valeur émane d’un univers informationnel inscrit dans une démarche porterienne. Concurrents, fournisseurs, clients, prospects, gouvernements, associations, syndicats, etc… chaque partie prenante exerce une influence plus ou moins tangible et diffuse, de manière formelle ou informelle, des informations qu’il convient de capter.
Paradoxalement, l’essentiel des données capables de fournir un renseignement stratégique est publié par les organisations elles-mêmes – rapport d’activité, données légales et financières, sites corporate, événements, offres d’emploi – ainsi que par leurs collaborateurs – communication sur les médias sociaux, profils professionnels, interviews. ..
Prises séparément, ces informations ont peu de valeur. Une fois analysées et recoupées, elles permettent de déterminer avec une grande précision, une orientation stratégique, un développement d’activité ou un développement technologique.
En effet, par l’exploitation judicieuse de l’écosystème informationnel, nos concurrents ont beaucoup à nous apprendre. Aux Etats-Unis, selon un rapport publié en 2015 par la société Incapsula, la veille concurrentielle représente 20% du trafic total des sites corporate. L’enjeu se joue à tout instant : chaque nouvelle donnée captée est un signal d’opportunité ou de menace potentiels.
Entre information, désinformation et communication d’influence, les médias sociaux témoignent de cette intensification des flux de données capable d’exercer des conséquences directes et imprévisibles sur la compétitivité.
Retrouvez l’article complet sur le site des Echos.fr au lien suivant : http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-157102-intelligence-economique-de-la-competitivite-des-megadonnees-1223477.php