Culture RP a rencontré Cyril Bladier, Digital Strategist et auteur de l’ouvrage « La boîte à outils des Réseaux sociaux, édition 2014 » aux Editions DUNOD et est l’auteur de nombreux articles pour le Huffington Post, Presse citron et le Journal du Net.
« La boîte à outils des Réseaux sociaux » est un ouvrage destiné avant tout à aider professionnels et entreprises dans leur approche de la communication sur les réseaux sociaux. Publié en février 2012, il ressort aujourd’hui. Sur le fond, qu’est-ce qui a changé dans ce livre?
Tout. Ce livre est bien plus qu’une mise à jour. C’est une refonte complète, que ce soit dans l’approche ou dans la structure. Les réseaux sociaux sont en mouvement perpétuel. Certains disparaissent, d’autres naissent (Instagram, Pinterest…), leurs fonctionnalités évoluent, les usages changent. Une simple mise à jour n’est donc pas possible. Il faut repenser complètement l’approche en prenant en compte toutes ces nouveautés. Pour être plus précis, au-delà des outils, j’ai consacré une part plus importante aux usages et aux tendances de fond comme le Picture Marketing par exemple.
Il y a 2 ans, j’ai constaté d’une part la place croissante prise par l’image dans les principaux réseaux sociaux (Facebook, Google+, LinkedIn…) et d’autre part l’émergence de réseaux sociaux reposant sur le partage d’images (Tumblr, Pinterest, Instagram…). J’ai appelé cette tendance le Picture Marketing, expression plusieurs fois reprise par la suite. L’idée derrière cette notion est bien de faire comprendre que, quelle que soit la plateforme, l’image est essentielle. Que ce soit pour créer son profil ou sa page ou que ce soit pour animer sa communauté et chercher de l’engagement, l’image est absolument essentielle.
Profil personnel ou page d’entreprise, on ne peut plus aborder aujourd’hui les réseaux sociaux dans un contexte professionnel sans avoir de réflexion préalable sur l’image et sa place. Depuis cette tendance s’est confirmée avec le succès de Pinterest ou Instagram et l’émergence de nouvelles plateformes comme Snapchat.
Le dossier le plus important est consacré au recrutement, que ce soit côté candidats ou recruteurs. Un autre dossier important est consacré au marketing. Autre nouveauté, un chapitre est consacré au retail.
L’une des caractéristiques de la collection est la présence de cas d’illustrations. Là encore, tous les cas ont changé. Des sociétés comme Lesieur, Google, LinkedIn, Microsoft, BNP ou Publicis ont partagé un certain nombre de conseils et de leurs retours d’expériences.
Votre livre est construit autour de 7 dossiers :
Quels sont vos conseils pour lancer un livre blanc sur Twitter?
Bruno Fridlansky (@brunofridl), l’un des meilleurs connaisseurs de Twitter en France l’explique dans le livre. L’idée est de planifier un scénario avec des messages privés sur la base d’une audience créée naturellement. Le premier message est un « Call to Action », soit un lien qui renvoie vers un formulaire qu’il faudra remplir pour recevoir son exemplaire. Si on obtient un score de 3% (nombre d’inscrits / messages envoyés), c’est un bon résultat. Le second message suit quelques jours plus tard. C’est une demande de coup de pouce pour que le livre soit plus visible des réseaux de chacun. Dans ce cas, le « call to action » renvoie vers un tweet public, publié lors du lancement officiel. Ce message public est essentiel dans la mesure où un message privé ne peut être partagé. Le retweet du tweet public augmente la visibilité du livre blanc et permet de recruter de nouveaux lecteurs.
La stratégie de contenu par la mise en place d’une structuration de curation est-elle nécessaire et comment s’organise-t-elle?
La stratégie de contenu est de moins en moins facultative. Le contenu pertinent c’est-à-dire qui remplit principalement 3 critères :
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intéressant
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qui donne envie d’être partagé
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qui n’est pas trop publi-promotionnel
C’est l’une des stratégies les plus efficaces pour se faire connaître ou repérer et donc ensuite générer du business. Mais c’est une démarche particulièrement chronophage et qui n’est pas toujours facile à mettre en œuvre, faute de ressources humaines ou financières. La curation peut être un moyen de pallier à cette difficulté.
La curation est l’une des nombreuses options d’une démarche de stratégie de contenu. La curation peut se définir comme la sélection, le tri et la publication des informations essentielles dans son domaine pour les partager à d’autres. La valeur réside notamment dans la sélection drastique des sources d’information. La curation est recherchée, car les curateurs font pour les autres le travail de sélection dans la masse énorme d’informations publiées. La démarche commence avec la définition d’une ligne éditoriale pertinente et sur laquelle on a intérêt à se positionner. Plusieurs outils, notamment scoop.it, sont très utiles pour aider ceux qui veulent faire leurs premiers pas. La curation n’est pas uniquement de la reprise de contenu. Elle s’enrichit du regard de celui qui la fait.
Linkedin, quels sont les bons réflexes?
Pour LinkedIn, comme sur les autres réseaux pros d’ailleurs, il est essentiel de bien comprendre d’une part qu’un profil n’est pas un cv et d’autre part que ces plateformes sont des réseaux sociaux et non des job boards. Un CV est un document qu’un candidat envoie à un recruteur pour se présenter et décrocher un entretien. Avant de présenter quelqu’un, un profil doit être vu donc trouvé et donc visible. Le profil du meilleur candidat ne donnera rien si personne ne le voit. Il faut donc créer son profil de telle manière qu’il soit bien compris et indexé par le réseau social pour pouvoir ressortir lors des demandes qui lui correspondent. La bonne question à se poser n’est pas de se demander comment se présenter mais comment quelqu’un qui est intéressé par nos compétences pourrait les rechercher.
LinkedIn est avant tout un réseau social, c’est-à-dire qu’on y va aussi pour se rendre visible, pour développer son réseau et pour nouer de nouvelles relations. Cela ne signifie pas qu’il faille (comme beaucoup le font aujourd’hui) demander tout le monde et n’importe qui en contact, mais qu’il faut faire preuve d’une certaine ouverture. Ne se connecter qu’à ceux qu’on connait « IRL » (In real life), c’est passer à côté de la force du réseau.
Enfin, il faut arrêter de penser que LinkedIn est américain donc en anglais. Ce qui compte (pour être visible) n’est pas qui nous sommes et ce que nous voulons faire mais qui nous recherche. LinkedIn est un outil sémantique, on n’y est visible qu’à partir des termes que l’on utilise. Si on a un profil en anglais et qu’on recherche nos compétences en français, on n’existe pas.
Quel est l’impact des réseaux sociaux sur son référencement. Et comment peut-on agir sur sa e-réputation?
Difficile à dire puisque Google ne publie pas de recette ou de mode d’emploi. Matt Cutts, l’un des porte-parole de Google vient de confirmer que Google prenait en compte les données issues des réseaux sociaux mais sans les traiter de manière spécifique, c’est-à-dire différemment d’une page web classique. Google ne comptabilise pas les RT ni les Likes. Le faire rendrait Google trop dépendant de plateformes tierces. Facebook ou Twitter n’ont pas d’impact direct mais indirect sur le référencement (notoriété, liens , trafic…). En revanche, il ne mentionne pas Google+. Google+ devrait avoir de fortes répercussions sur le référencement dans les mois à venir.
Quel est l’usage business du Big Data par les PME?
Big Data est un terme utilisé pour définir l’ensemble des données qui est aujourd’hui tellement immense qu’il est très difficile à traiter. En marketing, ce sont toutes les données qui décrivent une personne, ses comportements, ses achats. Les PME peuvent utiliser des solutions pour les exploiter et mieux adapter, notamment en temps réel, leur offre à la demande. Le principal apport business de l’exploitation des « data » est essentiellement de permettre un meilleur ciblage.
Quels sont les avantages de l’inbound marketing?
L’inbound marketing peut se définir comme l’air de se faire connaître de ceux qui ne nous connaissent pas. C’est une démarche marketing davantage orientée vers le client. Plutôt que d’asséner de manière répétitive un message, il s’agit de produire du contenu et de le rendre disponible là où ceux qui nous intéressent peuvent aller le chercher. Il s’agit de gagner l’intérêt plutôt que de l’acheter. L’avantage essentiel est que le budget marketing n’est investi que pour des contacts a priori intéressés par ce qu’on propose puisqu’ils ne trouvent notre contenu qu’en allant le chercher. Autre avantage, une stratégie de contenu permet de valoriser l’offre car on cherche à éduquer le prospect pour l’accompagner et le faire devenir client.
Quels enseignements tirez-vous des meilleures pages d’entreprises sur LinkedIn?
Les pages entreprises sur LinkedIn sont intéressantes car elles sont accessibles et gratuites. LinkedIn a publié il y a quelques jours une étude sur le sujet. On peut en tirer 5 enseignements :
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Il faut intégrer le Picture Marketing à sa page : les images sont essentielles.
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Faits et chiffres mis en avant sont importants pour attirer le regard et donner envie de cliquer.
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Converser : le mode push n’est pas le plus approprié.
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Partager et enrichir : rester pertinent.
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Ne pas communiquer pour communiquer.
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Booster les meilleurs contenus : ne pas hésiter à sponsoriser ses meilleures actualités.