Les réseaux sociaux sont-ils nos amis ?

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Culture RP a rencontré Eric Delcroix, consultant, conférencier, spécialiste et expert en communication print et web, web 2.0, réseaux sociaux, social média…et co-auteur du livre les réseaux sociaux sont-ils nos amis ? Editions Le Muscadier.

 

D’où vient votre passion du web 2.0 ?

 

Je pense que cette passion du web 2.0 a plusieurs origines. La première, la moins visible peut-être, est mon côté autodidacte qui est satisfait… C’est un univers où la notion de partage est mise en exergue et donc, ma soif d’apprendre est satisfaite. Autre élément, ma curiosité naturelle. j’ai envie de découvrir des « choses ».  En annexe, je pourrais ajouter que les médias (depuis l’écriture en passant par la photo pour finir sur les moyens de communication) et l’étude de leur fonctionnement m’intéresse depuis longtemps. Pour rester dans le domaine des nouvelles technologies, par exemple, je me suis intéressé rapidement au Minitel en son temps et j’ai découvert très tôt Internet.

 

Le côté relations sociales me plait beaucoup également. Si l’on ne se fait pas des « amis » au sens propre du terme, nous côtoyons beaucoup de pairs. On se dit souvent : « je ne suis pas le seul à penser comme cela ! » et l’on croise des personnes dont nous n’aurions jamais eu connaissance dans le passé. Cette notion de liens sociaux dit « faible » est importante dans la vie et le web 2.0 est un bon moyen de s’en créer lorsque l’on est indépendant comme je le suis… travaillant principalement seul depuis chez soi ! En plus, il est désormais prouvé que le lien social virtuel se poursuit et crée du lien social dans la vie réelle…

Autre raison de cet intérêt pour les aspects du web 2.0, l’aspect collaboratif. Rien n’est plus simple avec le web 2.0 que de travailler avec plusieurs personnes, à distance ou non, sur des projets. À l’extrême, nous utilisons même ces outils au sein de la famille… y compris à la maison. Cela ne gâche pas et ne diminue en rien nos relations d’échanges autour de la table… Au contraire !

Le champ de la collaboration est vaste. Nous en sommes aux prémices car la notion est relativement nouvelle y compris pour la génération Y qui est déjà plus incline à collaborer que nous le sommes, les personnes plus âgées de la génération du print.

Reste le côté « expression ». Le web 2.0 m’a permis de réécrire. J’avais quitté le journalisme dans les années 90 et je suis revenu à l’écriture sous toutes ses formes grâce au blog. L’émergence du web 2.0 est aussi la possibilité à l’internaute de s’exprimer et d’interagir avec d’autres : entreprises, personnes…

Bref, je crois que les différents aspects de ma définition du web 2.0 : partager, collaborer et interagir me permettent de m’exprimer et d’échanger d’une façon beaucoup plus riche que s’il n’existait pas. Nous sommes à l’heure de la mondialisation… pas à celle du recroquevillement sur soi-même… et donc, avec les outils du web 2.0 nous sommes au cœur de cette mondialisation des connaissances, des relations, etc.

L’univers du 2.0 évolue tout le temps, comment arrivez vous à rester au courant de tous ces mouvements et nouveaux outils ?

C’est en effet un monde en perpétuel mouvement. L’essentiel n’est peut-être pas de rester constamment au courant de ce qui se passe, des nouveaux outils, des nouvelles tendances… Cela dans le fond est assez simple… Une bonne veille sur le sujet et le tour est joué.

Le plus difficile pour moi est certainement les choix et les décisions que nous prenons, afin de les assembler vers un avenir durable possible ! Je me rappelle à ce sujet la « guerre » qui existait entre les pro Second Life et les pro Facebook à une époque. Et de tout temps, il y a eu ce genre de querelles, y compris à tenter de définir si nous sommes devant une mode ou un phénomène de société… Il n’est pas nécessaire de prendre le train sur la gare de départ pour autant, on peut le prendre en marche à condition d’en avoir l’usage. Il faut également faire abstraction de ce que nous utilisons, des outils qui nous conviennent et qui sont à notre disposition mais qui meurent pour donner naissance à de nouvelles moutures incluant ses services, de ce qui nous « rend » célèbre ou influent…

Je voudrais relativiser toutefois mes propos… car je pense que nous assistons à une nouvelle révolution : le passage du net au nomadisme (smartphone et tablettes pour l’instant… attendons de voir ce que nous réserve la notion d’écran du futur !). Je me sens démuni vis-à-vis de ces outils qui font pourtant désormais parti de notre quotidien. Oui, démuni est le terme approprié. On croit savoir s’en servir mais en réalité c’est faux quand on observe la génération Z (0 – 18 ans) les utiliser… car j’ai beau mettre en place de la veille sur le sujet, je n’ai pas les automatismes nécessaires pour me projeter dans leurs utilisations, je ne « pense » pas application mobiles… À la différence de ce qui se passait avec le web (on pourrait simplifier en disant qu’il n’est qu’une adaptation de nos connaissances et de nos usages passés), cela en va différemment avec les outils nomades… qui s’insinuent encore beaucoup plus dans notre quotidien et qui transforment énormément nos comportements : on passe de l’écriture à la dictée pour un message ; on ne sait plus lire une carte : on a un GPS ; la notion même de photo s’est transformée, de l’image fixe on arrive aux courtes vidéos ou au vue en 360°… C’est là que l’on s’aperçoit que nous quittons la génération du papier pour celle du virtuel !

S’il ne fallait choisir qu’un réseau social ce serait lequel ? et pourquoi ?

La question est difficile… Un seul est trop restrictif ! Je crois à la complémentarité des outils et cette question dépend de quel point de vue on se place : personnel ou professionnel !  Alors, je serai tenté de répondre pour le côté pro : Linkedin, Pinterest et Twitter. Pour le côté perso : Facebook, Flickr et YouTube.

En réalité, ces choix sont peu significatifs pour la plupart des lecteurs. En effet, je pense que le choix d’un outil est issu d’une réflexion en amont sur pourquoi cet outil, pour quoi faire et pour m’adresser à qui !
Ce n’est pas pour esquiver de répondre sur le pourquoi de ces outils, mais une simple mise en garde !
Donc, pour le choix pro en quelques mots : Linkedin car c’est à mon sens le réseau social le plus abouti au niveau professionnel, sans concurrence réelle. De plus, la stratégie mise en place pour les entreprises (pages Entreprise) est très bien vue de la part de ce réseau ainsi que le côté BtoB qu’il commence à faire émerger ! Pinterest est dans ce trio car pour moi il représente une grande part de ce que sera également le web 2.0 : un monde basé sur l’image plutôt que sur le texte ! Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on parle désormais de Picture marketing ! Enfin, le dernier Twitter qui pour moi n’est pas un réseau social mais un outil de web temps réel ! On fait de tout avec Twitter : de la veille, poser des question à la volée, entretenir des liens avec des proches, échanger, informer…

Côté perso, on retrouve l’inévitable Facebook ! Juste pour mémoire rappelons nous que Mark Zuckerberg à l’ouverture grand public avait défini son réseau comme le système d’exploitation d’Internet… Ce n’est pas faux je pense surtout depuis leur passage satisfaisant sur les portables ! Et lorsque nous n’aurons plus de disques durs, une interface de type Facebook sera nécessaire pour « entrer » dans le Cloud depuis nos outils. Facebook réussit le tour de force d’être à la fois un réseau social et un agrégateur de contenu !

Flickr, je l’ai ajouté car ce système de partage de photo qui avait le quasi-monopole dans le domaine il y a quelques années semble de nouveau avoir un regain d’intérêt et Yahoo s’occupe à nouveau de lui… Le picture marketing n’est pas anodin dans cette décision. Mais, outre ces éléments, je trouve que c’est le meilleur outil de partage d’images entre différentes strates de connaissances : privé, famille, amis et public.
Enfin, YouTube car il permet de visualiser toutes sortes de vidéos permettant à la fois de replonger dans le passé (ah, les vieux concerts de ma jeunesse) mais aussi à mes filles de suivre leur artiste préféré… sans parler des débats, des émissions, des conférences TedX… ainsi disponibles.

Une campagne de buzz qui vous a séduite ces 3 derniers mois ? et pourquoi ?

La campagne de buzz que j’ai énormément appréciée même si elle a été décriée par certains est celle de Carambar. Quel joli coup de pub où tout le monde c’est fait piégé… et où beaucoup réagissent également, non pas réellement pour les conséquences éventuelles d’une telle promo – Je pense notamment au service de presse – mais parce qu’ils n’ont pas eu cette idée ou osé la mettre en place.
Pour moi, le buzz carambar est typiquement une campagne 2.0 où l’ensemble des acteurs de l’entreprise est intervenu (pour moi, le web 2.0 implique toutes les personnes de l’entreprise de façon transverse) et où les réseaux et médias sociaux ont été la caisse de résonance idéale avec la création de groupes d’opposition à la disparition des blagues par exemple.
L’idée d’annoncer la vérité le 1er avril était aussi pour moi un excellent clin d’œil, mais la vitalité et l’ampleur a fait qu’ils n’ont pas pu tenir cet engagement.
De plus, cette campagne de buzz est pleine de questionnement sur l’utilisation réelle par la marque Carambar… Et si, en réalité, ils avaient décidé de supprimer les blagues et que c’était pour eux un moyen de tester les consommateurs sur le sujet ! Pourquoi pas… Ils ont leur réponse dans ce cas… C’était aussi peut-être pour eux un moyen de modifier leur « image de marque » peut-être considérée comme vieillissante. Je n’en sais rien, je ne suis pas dans le secret des Dieux… mais en tout cas, on a parlé d’eux pendant quelques jours sur le net, dans les rues, à la télévision…

Le Pôle Aura Mundi de l’Argus de la presse a réalisé une enquête sur les usages et les pratiques de Twitter en France, et il en ressort que seulement 5% de la population française âgée de 15 ans et plus possède un compte Twitter actif, soit 2,3 millions de personnes. Que pensez vous de ce chiffre ?

Ce chiffre ne me surprend pas. Twitter n’atteindra à mon sens jamais un score d’audience à la Facebook. L’outil est trop « difficile » d’accès, même si il est simple d’emploi. Je comprends le désarroi des personnes qui s’inscrivent à Twitter… Qu’est ce que je peux faire là-dedans ? En plus, il n’est pas toujours aisé de comprendre qu’à la différence de Facebook par exemple, il n’y a pas de demande d’amis… on suit qui l’on veut, comme on veut (il est possible de suivre des flux d’information Twitter sans y être abonné !).
En réalité outre les jeunes qui s’y trouvent désormais pensant ainsi échapper à la surveillance des parents dans Facebook, les seules personnes qui sont dans Twitter sont les accrocs à l’actualité (tout savoir tout de suite), les marketeurs et les journalistes (ils ont compris que l’actualité se faisait dans ce site désormais). Notons aussi les utilisations détournées de l’outil dans le domaine de l’éducation !

Enfin une dernière question, les réseaux sociaux sont-ils nos amis ?

Je pense que votre question évoque le titre du livre dont je suis l’un des co-auteurs. Il est évident que je ne vais pas répondre non…
Les réseaux sociaux sont nos amis, à une condition, que l’on sache s’en servir… et souvent les problèmes qu’ils posent sont là : dans leur utilisation. Trop souvent encore je vois de la copie d’usage des concurrents, du web 2.0 mal digéré, l’utilisation sans réflexion en amont de la stratégie et de la mise en place de tel ou tel réseau social, etc.

Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

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