Pierre-Louis Desprez, Directeur Général associé de Kaos Consulting, société de conseil en innovation explique ce qu’est une entreprise innovante et l’importante de l’innovative intelligence.
« L’Innovative Intelligence est utile lorsqu’elle introduit
des éléments hors du cadre établi.
Ce serait une erreur que l’analyse reste uniquement
concentrée sur le secteur d’activité de son entreprise. »
Comment naît une innovation ? Quels sont les leviers de l’innovation ?
Les entreprises innovantes ont d’abord une attitude. Selon, un proverbe indien, « un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ». Les entreprises innovantes se concentrent davantage sur ce qui doit pousser, plutôt qu’aux problèmes et à ce qui s’effondre. Elles sont du côté de la « forêt qui pousse », et s’adaptent constamment au contexte, desserrent les freins et laissent tomber ceux qui doutent.
En 2014, 5 000 startups dans le domaine de la santé numérique et l’e-santé sont nées. 95% vont probablement disparaître, mais les 5% qui survivront, qui seront « sorties du tube, de la vague », auront créé quelque chose de nouveau, auront créé de la valeur. C’est une attitude fondatrice, en particulier dans un environnement ou un contexte pessimiste.
On dénombre neuf leviers principaux de l’innovation : produit/service, segment clients, distribution, effet marque, production, technologie, RH, stratégie et modèle économique.
En plus de la créativité et de l’imagination, essentielles à tout processus d’innovation, en quoi la connaissance (de son marché, des produits concurrents, des innovations et technologies concurrentes…) joue-t-elle également un rôle ?
Connaître le « nouveau » est un paradoxe. Le « nouveau » n’existe pas et ne peut donc être connu. Les connaissances sur l’existant ne permettent pas, seules, de créer du nouveau. En revanche, les connaissances associées à l’imagination permettent de trouver des innovations. Par « connaissance », il faut entendre ici « capacité à créer de nouvelles connaissances ».
Prenons un exemple. Pour créer la voiture autonome, nous avons à disposition des connaissances dans différents domaines : direction assistée, pilotage automatique, aéronautique, algorithme, etc. Seule, la connaissance ne suffit pas. C’est l’imagination, couplée à la connaissance, qui créera l’innovation. Ainsi, je parie que la voiture autonome décollera si elle est électrique et partagée. Imaginer c’est combiner plusieurs innovations parallèles pour rendre un meilleur service aux utilisateurs et créer l’envie.
Quelle est, selon vous, l’utilité de l’Innovative Intelligence ?
L’Innovative Intelligence est utile lorsqu’elle introduit des éléments hors du cadre établi.
Une manière de réinventer l’automobile est de regarder les émergences en robotique, en aviation, en économie collaborative, etc. C’est l’association de ces multiples éléments qui permet de trouver l’innovation. Ce serait une erreur que l’analyse reste uniquement concentrée sur le secteur d’activité de son entreprise.
Fait-elle partie des tâches du Directeur Innovation aujourd’hui ?
Pour moi, il ne faut pas de Directeur de l’innovation.
Il faut une entreprise engagée globalement dans le processus d’innovation, 100% des collaborateurs doivent pouvoir proposer des idées. L’innovation disparaît quand on nomme un Directeur de l’innovation. C’est la responsabilité de l’ensemble du management d’impulser l’innovation, et non d’un homme en particulier.
Les PDG doivent donc s’entourer d’une équipe globalement engagée dans un désir d’innovation. Si leur Comex est un peu poussif, qu’ils créent un shadowComex, composé de jeunes de moins de 35 ans, pour leur soumettre des décisions et recueillir leurs propositions.
Impliquer l’ensemble des collaborateurs permet d’aller plus vite, de devenir plus agile, de faire moins d’études d’opportunités et de tester plus. Cet effet de volume est phénoménal, c’est un immense avantage que les entreprises installées sur leur marché ont sur les startups qui tentent d’y entrer.
« Il faut beaucoup de chaos dans la tête
pour accoucher d’une étoile qui danse. »
Friedrich Nietzsche
L’innovation permet-elle d’assurer la pérennité de l’entreprise ?
Il faut chercher des ruptures et pas seulement des innovations de progrès en ayant en tête quatre questions stratégiques :
- À quels nouveaux clients pouvons-nous vendre notre offre existante ?
- Quels nouveaux produits pouvons-nous imaginer pour nos clients actuels ?
- Quel nouveau modèle économique pouvons-nous inventer ?
- Dans quel nouveau secteur d’activité pouvons-nous nous implanter ?
L’empathie avec son client joue un rôle clé. Parmi ses clients, une marque doit se focaliser sur ceux pour qui l’offre est névralgique. C’est auprès d’eux qu’il faut chercher la pérennité de demain.
Théo Peroz, Directeur du pôle Market Intelligence de l’Argus de la presse
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