Matière à réflexion : Bernard Petitjean et Corinne da Costa – Seprem Etudes & Conseil
« La dernière fois qu’il y a eu autant d’excitation pour une tablette, il y avait des commandements écrits dessus ». En introduisant l’un de ses shows par cette citation du « Wall Street Journal », Steve Jobs avait raison et tort à la fois : le succès du support tablette se confirme, mais les lois qui régissent son utilisation par les médias sont encore bien loin d’être gravées dans le marbre …
A fin 2012, plus de 100 millions de tablettes informatiques auront trouvé preneurs, selon le cabinet ABI Research et, selon différentes études, le moment approche où les ventes de tablettes dépasseront celles des ordinateurs portables.
Le problème est que l’information sur tablettes se vend beaucoup plus mal que prévu, comme on le constate sur le marché américain.
Il y a moins d’un an, « The Daily », journal conçu pour l’iPad par News Corp, était perçu comme le modèle gagnant pour la presse quotidienne. Rupert Murdoch attendait 500.000 abonnés à 39,99 dollars par an (ou 0,99 dollar le N°), mais n’en a convaincu que 5 fois moins.
Même déconvenue pour le magazine « Huffington », lancé uniquement pour l’iPad, également à 0,99 dollar le N°. Après 5 parutions, l’application n’avait été téléchargée que 115.000 fois et son éditeur, le « Huffington Post », vient de décider d’en faire un gratuit.
Si l’on regarde du côté des médias qui s’adressent aux technophiles, les résultats sont tout aussi décevants. « Wired », bible de la presse High-tech n’a convaincu que 33.237 abonnés pour son édition numérique, soit 4,1% seulement de sa diffusion payée qui culmine à 812.434 exemplaires par parution.
Il est cependant intéressant de noter que 8,5% des abonnés à l’édition papier de « Wired » ont activé l’abonnement gratuit à l’édition numérique qui leur était proposé dans le cadre d’offres couplées. Cette stratégie consistant à offrir les versions iPad aux abonnés payants « papier » est également celle qu’a adopté le groupe Time Inc pour ses 21 magazines.
Ce n’est sans doute pas une loi aussi durable que celle qu’a apporté Moïse aux hébreux, mais, même s’il sera peut-être obsolète un jour, ce modèle « mixte » présente plus d’avantages que d’inconvénients.
– Le premier est d’éviter de passer à la gratuité totale (qui ne permet aucun retour en arrière) en maintenant le principe du paiement, même si l’addition des prix des 2 supports équivaut à celui du seul magazine imprimé. On a vu pire avec certaines offres d’abonnement assorties de multiples cadeaux …
– Le second intérêt est d’offrir aux clients de la marque média une expérience enrichie et de nouvelles possibilités de lire en situation de nomadisme, tout en les habituant au nouveau support.
– Enfin – et c’est même le premier argument mis en avant par le groupe Time – ces offres permettent de répondre aux fortes attentes des annonceurs désireux de communiquer en bimédia.
Bernard Petitjean ([email protected])
et Corinne da Costa ([email protected])
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